Alberto Moravia pensait que l’écrivain, quand il écrit, ne cherche pas vraiment à dire quelque chose, tout juste à éclairer, par l’écriture, le mystère qu’il est pour lui-même dans la vie.
C’est sans doute l’objet de cette monographie. L’intérêt est surtout de nous permettre d’approcher du mystère de cet «homme debout», dans une sorte de «posture figée», comme sourd, qui ne voit peut être pas monter les périls, les haines et les chimères qui font basculer tout être. Cette figure d’un corps debout «asexué ou androgyne, insaisissable, témoin d’un instant vécu par les espaces où il se meut».
«Bouchta El Hayani : L’homme debout», si généreux soit-il, a une double limite objective, que le lecteur doit connaître pour l’apprécier à sa juste mesure : Qui est d’abord cet homme qui hantent les créations de Bouchta El Hayani ?
«Cet homme, c’est moi ! Mais en disant cela, Bouchta El Hayani n’explique rien, ne clarifie rien, ne dévoile rien. Bien au contraire, il rend l’énigme plus énigmatique, le mystère plus mystérieux, le diable plus diabolique, la déroute plus déroutante», lit-on dans la préface d’Abdeljlil Lahjomri.
Quant à Naïma Lahbil Tagemouati, elle essaye dans cette publication de retracer un parcours, passionnant, «certes mais qui n’en reste pas moins, déroutant», précise Lahjomri.
«Les propos de cet ouvrage est de goûter la peinture de Bouchta El Hayani en tant qu’elle s’adresse d’abord à nos sens. Prendre le temps de regarder, le temps qu’il faut pour que "la toile s’ouvre" à vous. Ce moment d’imprégnation permet de se familiariser, voire apprivoiser le vocabulaire et les codes du peintre, car chaque tableau est comme un rébus à décoder. Chaque tableau est une pièce en soi, à apprécier à la fois comme oeuvre unique mais aussi comme une partie d’une série : celle de couleur noire au démarrage, puis les couleurs terre après la découverte de l’art africain, la calligraphie en écho à la peinture irakienne…le triangle/rond/lune, les anges et enfin "l’homme-debout", explique Naïma Lahbil Tagemouati.
Bouchta El Hayani, peintre bien connu qui s’évertue dans «son symbolisme délibéré autant que dans son caractère hybride», a vu en 2017 un livre être publié sur ses réalisations artistiques, un ouvrage de la célèbre maison d’éditions Le Fennec.
Peintures ; critiques ; approches sensibles et plurielles de son œuvre ; texte profond qui vient souligner la démarche artistique essentielle du peintre dans son travail et ses œuvres, cette monographie représente une étape importante dans la synthèse de sa recherche artistique.
(Bouchta El Hayani : L’homme debout, par Naïma Lahbil Tagemouati. Préface d’Abdeljlil Lahjomri. Editions Le Fennec, monographie, 2018 (réédition en petit format), 124 pages)
Par R.K.H