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Un jour, une œuvre : Alaa El Aswany, l’homme insurgé

Un jour, une œuvre : Alaa El Aswany, l’homme insurgé

Mélancolique, teigneux, imprévisible, abrupte, ironique, parfois comique. C’est en quelque sorte la recette de «Chicago», un roman de l’égyptien Alaa El Aswany publié en 2007 relatant la vie d’une communité d’émigrés dans la ville «éponyme».

 

«C’est dans la mythique et sulfureuse ville de Chicago, dans le microcosme d’un départementd’université, qu’Alaa El Aswany recrée une little Egypte en exil. Avec son art de camper de multiples personnages et de bâtir des intrigues palpitantes, il compose un magnifique roman polyphonique, entrecroisant des vies qui se cherche et se perdent dans les méandres du monde contemporain, des existences meurtries d’avoir été transplantée dans un univers à la fois étrange et étranger», lit-on.

En suivant quelques protagonistes d’une communauté d’universitaire, exilés, égyptiens, plus ou moins volontaires à Chicago, l’auteur dépeint un pays, l’Egypte, où la corruption ordinaire et la violence politique sont loin d’être levées.

L’écrivain manigance avec désinvolture les intrigues sur lesquelles il ne s’attarde pas, pour s’accorder des virées avec ses personnages, alambiqués, tout à fait différents les uns des autres.

On côtoie des personnages ballottés par les contradictions de leur sentiment d’appartenance dans un pays qui les exalte autant qu’il les déçoit. Des égyptiens, immigrés, se retrouvant sous d’autres cieux, toutes et tous animés avec un même parfum de nostalgie de leurs pays.

Un déchirement entre cet occident quitté et cette terre d’exil ou d’études. Mais comment adapter son mode de vie, sa culture dans une société presque totalement opposée ? Là, est toute la question que se posent les protagonistes de ce livre. Un roman choral, propre à exprimer le monde dans la douceur de ses rêves comme dans la violence de ses contradictions.

Né en 1957, Alaa El Aswany, hormis qu’il soit un chroniqueur de son pays, est, tout uniment, dentiste et romancier. Il a publié chez Actes Sud, en 2006, «l’Immeuble Yacoubian», un roman porté à l’écran par Marwan Hamed. «Ce n'était pas mon premier roman. J'ai été refusé d'être publié trois fois par le ministère de la Culture en Égypte et en 1998, je me suis dit c'est fini pour la littérature, je ne serai que dentiste et je vais émigrer. J'ai écrit un roman, en pensant que ce serait mon dernier. C'était "L'Immeuble Yakoubian", et ce fut un immense phénomène. Ce fut un poids aussi, parce qu'il faut se débarrasser de l'influence du succès, alors j'ai arrêté d'écrire pendant un an. Après, je me suis dit, je dois écrire ce que je sens, je ne dois pas penser au marché. J'ai donc écrit "Chicago", et le succès a continué», écrit Alaa El Aswany à France Culture. Il publie également «j’aurais voulu être égyptien» en 2009.

En exil depuis qu’il est poursuivi par la justice de son pays, ce virtuose du récit, illustre écrivain égyptien qui s’est longtemps battu contre la censure égyptienne, Alaa El Aswany, vient de publier «le syndrome de la dictature», un essai dans lequel il analyse le mécanisme des tyrannies.

*Lire un extrait : https://www.actes-sud.fr/sites/default/files/extraits/9782330137014_extrait.pdf

Par R.K.H

 

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