◆ Tout plaquer pour ouvrir une galerie d'art.
◆ L’inauguration d’Al Fahd Gallery est prévue pour le 17 juillet.
◆ Pour la circonstance, le lieu abritera une exposition originale qui étale une partie des richesses que l’art irakien renferme. Nous y étions.
Par R.K.H
Les galeries créent des repères dans le foisonnement pictural, montrent des œuvres significatives et accompagnent les artistes dans leurs démarches. C’est pour cela qu’il convient de saluer ce nouvel espace espérant tout aussi donner une âme à ce paysage, - contriste pour certains.
Au cœur du quartier Maarif, se niche une coquette galerie, sur le fronton de laquelle est inscrite l’enseigne «Al Fahd Gallery». Comme son nom le suggère, le lieu fait office du nom de famille du propriétaire.
Alors que l’on franchit le seuil - même le quidam qui n’exhibe pas des signes extérieurs de richesse ne se verra pas scruté du chapeau aux souliers-, c’est l’exposition «La paix dans le monde arabe» qui accueille le visiteur.
Des toiles pleines de vie, résolument abstraites ou figuratives, et surtout très engagées. Un ADN qui correspond bien à Al Fahd Gallery, ce lieu artistique pas comme les autres. Ce samedi-là, nous nous installons dans un coin. Le maître de céans que nous sommes venus voir, n’est pas disponible pour l’instant.
Elle a l’air affairée… Pour distraire notre impatience, nous scrutons le lieu. Il est charmant. Le sérieux de la galerie se remarque dans la sélection riche et variée d’artistes, dont les thèmes engagés sont abordés par les œuvres. Les toiles de Hanan Zdeg en rehaussent la lumière, ceux de Driss Hilmi lui confèrent une sensualité certaine. Soukaina Al Fahd, c’est le nom de la… maîtresse de maison, nous rejoint enfin. Une présence solaire aux premiers abords. On s’aperçoit vite que cette jeune-là n’est pas une béotienne. Elle cause de l’art en connaissance.
Exubérante, elle l’est, mais elle a l’air de se méfier de ses mots. Aussi, évite-t-elle les confidences. Sollicitée pour retracer son parcours, elle emprunte les voies rapides. On apprendra que l’art l’attirait. Elle s’y initia, consacra autant de temps à affiner sa vocation et paracheva le tout par un master.
Avenir précautionneux
«Cela a commencé à Com Sup’ où j’ai fait mes études en communication et publicité. Sitôt, je me suis sentie de ce monde-là. Voulant l’appréhender, j’ai choisi de faire un master en médiation ingénierie culturelle. J’ai passé mon stage de fin d’études - qui portait sur le marché de l’art au Maroc - à la CMOOA. Après ce petit parcours, j’ai voulu travailler dans des galeries d’art (sourire). Pour ce faire, j’ai délibérément opté pour la galerie 38», raconte Soukaina.
Al Fahd Gallery nait dans l’esprit de Soukaina après une première vie professionnelle, nous confie-t-elle. Mais sa passion pour l’art prend vite le dessus. Elle décida donc de faire de son rêve une réalité. A force, cette «givrée» d’art décide de voler de ses propres ailes. Elle ne s’en tint pas là. Pour davantage assouvir sa faim, elle songea à créer un espace où elle pourrait montrer l’art.
«J’ai commencé en ligne parce que, déjà, je n’étais pas encore prête. J’avais encore besoin de découvrir. Et pourquoi en ligne ?! Parce que ma famille vivant au Koweit a toujours voulu découvrir l’art au Maroc, alors qu’elle est loin sans pour autant être là sur place», explique Soukaina.
Si ce projet de mettre sur pied une galerie d’art a longtemps été caressé par Soukaina Al Fahd, il est néanmoins arrivé dans un moment inattendu. «La galerie a ouvert ses portes en décembre 2019 tout en proposant des ateliers. Ne voulant pas mélanger les choses, j’ai mis d’abord en avant ceux pour enfants», indique Soukaina Al Fahd, soulignant que «deux mois après -en mars 2020-, au moment où je voulais inaugurer l’espace, le confinement a été annoncé».
Et de rajouter : «nous avons une exposition sur ‘La paix dans le monde arabe’, plus précisément en Irak -, étant donné que la galerie porte le nom d’Irakien (sourire). Nous avons un mélange d’artistes : marocains et irakiens. Nous avons eu pour cela un prêt de l’ambassade d’Irak. Des pièces qui appartiennent au musée parce que ce sont des artistes qui ont fait l’histoire de l’art irakien…» Ambiance cosy se dégageant des murs blancs et éclairage mesuré, les artistes ont un bel espace pour exposer.
La jeune Soukaina Al Fahd réalise son rêve d’enfant en dédiant un espace à l’art. L’idée d’ouvrir une galerie lui trottait dans la tête depuis belle lurette.