Jusqu’au 30 octobre, le restaurant fusion NKOA, à Casablanca, sera hanté par une multitude de présences troublantes capturées par le photographe et architecte espagnol Pedro Orihuela.
Par R. K. Houdaïfa
Des hommes, des femmes, des vieillards et des enfants au regard grave, au visage marqué et aux membres éprouvés. Certains toisent l’objectif, d’autres semblent l’avoir apprivoisé, quelques-uns n’ont pas l’air d’être surpris.
Les visiteurs qui ont afflué en nombre, le soir du vernissage, le sont agréablement par tant de maîtrise esthétique, tant d’expressivité et tant d’humanité. En effectuant ce travail, apparemment simple et documentaire, il construit une œuvre exemplaire.
Pedro Orihuela a la bougeotte chevillée au corps, si l’on ose dire. «Partir» est le verbe de mouvement de loin le plus familier de cet arrangeur des portraits et de capteur de vie. Il avait troqué la (quiétude) de son pays natal contre la trépidation marocaine. A bon escient. Car, là, il découvre une contrée palpitante. Coup de cœur. Aspiré constamment par un insituable quelque part, il sillonne monts et vaux en quête de sujets mitraillables.
L’artiste scrute les coins et recoins gorgés de soleil des terres ingrates, insaisissables et désolées du sud, par exemple. Mais les paysages, qu’on dit féeriques, trouvent peu de grâce à ses yeux. Ils ont été tellement galvaudés qu’ils en ont perdu leur suc; c’est avant tout le caractère des gens qui l’a maqué le plus durant ses pérégrinations. Ceci explique le manque de paysage dans ses clichés. Aussi est-il allé à la rencontre des habitants des confins sans fin pour partager leur âpre quotidien, percer leur intimité, s’immiscer dans leur vie - avec leur consentement- avant de les «mettre en boîte».
Ses photos sont, selon lui, le résultat de l’impact provoqué par la réalité qui l’entoure. «Son amour pour le pays et les relations humaines qu’il y tisse, le poussent à capturer des visages, des expressions, des mouvements.
Des moments pris sur le vide, d’autres où la photographie est le fruit de longues discussions… Fès, Tétouan, Essaouira, Marrakech, le Haut Atlas, l’exposition ‘Un regard sur la ville’ (organisée par ART First Galerie –ndlr) revisite tous ces joyaux du Maroc en soulignant la beauté de leurs médinas et des lumières qui y règnent», lit-on dans la fiche de présentation du solo-show.