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Peine de mort : Le débat refait surface avec l'assassinat de Adnane Bouchouf

Peine de mort : Le débat refait surface avec l'assassinat de Adnane Bouchouf

Le PJD estime que la peine capitale est la seule sanction pour lutter contre les crimes ignobles.

La quasi-totalité des partis et la société civile sont contre, évoquant les valeurs universelles des droits de l’Homme pour lesquelles le Maroc s’est engagé.

 

Par C. Jaidani

 

Séquestration, viol avec violence et enfin assassinat du petit Adnane Bouchouf, un crime abominable qui a secoué profondément les Marocains et soulevé une vague d’indignations. La grogne a enflammé les réseaux sociaux et plusieurs internautes ont exigé la condamnation de l’inculpé à la peine capitale et son exécution. Le débat sur la peine de mort revient sur la scène médiatique avec la montée au créneau de militants associatifs et autres intervenants très actifs dans le domaine des droits de l’Homme.

Ahmed Assid, professeur de philosophie, et plus connu comme étant un progressiste convaincu et militant amazigh, a qualifié sur Facebook les adeptes de la peine de mort «de barbares qui ont les mêmes gènes que celles existants chez le tueur de Adnane». Cette réaction n’a pas tardé à faire réagir la toile. La plupart ont désapprouvé vivement les propos d’Assid, mais certains ont soutenu sa position, estimant que tout débat sur le sujet doit se faire dans le calme et en toute responsabilité.

Avançant plusieurs arguments, les anti-peines de mort insistent sur le côté cruel et inhumain de ce châtiment qui relève de la vengeance et non de la justice. Omar Balafrej, député de la Fédération de la gauche démocratique (FGD), estime que «la peine de mort est un châtiment injuste, contraire aux valeurs universelles des droits de l’Homme pour lesquelles le Maroc s’est engagé». Il a par ailleurs insisté sur la prévention et la sensibilisation pour lutter contre ces crimes.

«Il faut développer l’éducation sexuelle chez les enfants pour qu’ils soient mieux armés contre les pédophiles et les kidnappeurs. A cet égard, notre parti milite toujours pour la réforme du Code pénal et pour alourdir les sanctions pour ce genre de crime», insiste-t-il. Il est à rappeler que le Conseil national des droits de l’Homme a plaidé, dans un mémorandum envoyé au Parlement, pour l’abolition de la peine de mort dans le Code pénal. La quasi-totalité des partis, et plus précisément les progressistes comme l’USFP, le PPS et la FGD sont favorables à cette initiative.

Ce qui n’est pas le cas pour le PJD qui soutient ouvertement le maintien de cette sanction, s’appuyant en cela sur son référentiel idéologique inspiré de la charia islamique. Au-delà de l’aspect politique, Najat Razi, ex-présidente de l’Association pour la défense des droits de la femme (AMDF), explique que «la peine de mort n’a aucun effet dissuasif et tous les pays qui la pratiquent encore, comme les Etats-Unis, l’Iran, la Russie, n’ont pas pu réduire le taux de criminalité. Il faut investir d’autres aspects outre que répressifs pour lutter contre la criminalité».

L’avis des psychiatres et psychologues est très important sur ce sujet. Il est question d’analyser la personnalité de ce type de criminels pour les maîtriser avant qu’ils ne passent à l’acte. «Généralement, les criminels qui commettent ce genre de crimes sont eux aussi victimes de plusieurs maux comme la pauvreté, la violence, la pédophilie ou d’autres injustices. Ils sont le plus souvent dans leur vie quotidienne agressifs et marginalisés.

Ce qui n’est pas le cas du tueur de Adnane. D’après les éléments dont nous disposons, il n’a aucun antécédent judiciaire et il est issu d’un milieu qui n’est pas défavorisé. Il a un niveau d’instruction supérieur et dispose d’un revenu grâce à un emploi décroché dans la zone industrielle de Tanger», souligne Hassan Mouâtassim, sociologue. «Condamner le coupable à mort et l’exécuter va soulager la famille de Adnane pour un certain moment. Mais leurs souffrances ne vont jamais disparaître. Il est donc essentiel de travailler sur tous les aspects pour lutter contre la criminalité», explique Mouâtassim.

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