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Mécénat : Si l’action de la BMCI m’était contée

Mécénat : Si l’action de la BMCI m’était contée

Soutien aux manifestations musicales, encouragement du secteur éditorial, création de bibliothèques…, autant de temps forts, autant d’actes culturels soutenus par la BMCI, qui, elle aussi, redonne vigueur à une culture qui s’essoufflait à mesure que les pouvoirs publics s’en dégageaient.

 

Cet article est le cinquième d’une série sur le mécénat culturel.

Par R. K. Houdaïfa

 

«L’ Homme qui n’a pas une musique en lui-même et qui n’est pas ému par le concert des sons harmonieux… est propre aux trahisons, aux stratagèmes et aux rapines», dit Shakespeare dans Le marchand de Venise.

Il va de soi qu’un tel spécimen est une denrée rare, tant la faculté de musique, au même titre que celle de langage, est innée. Depuis qu’il vit, il semblerait que l’homme a toujours cherché à émettre des sons et à les combiner. Avec la voix d’abord, avec des instruments très rudimentaires ensuite, ainsi que le confortent certains dessins et fresques, conservés à l’intérieur de grottes préhistoriques. Quant à l’enfant, il apprend précocement à solliciter ses cordes vocales, puis à les moduler, donnant de la sorte de la voix, qui, une fois portée au loin fait naître le chant, premier instrument musical. Il ne lui reste plus qu’à développer cette capacité nouvellement acquise. Chose qui requiert un apprentissage en bonne et due forme. Science du nombre adaptée aux sons, la musique forme un code, une manière non naturelle et strictement ordonnée de s’exprimer. Qui dit code, dit déchiffrement, et pense clés. Celles-ci sont livrées, à l’issue d’une patiente formation, par des établissements créés à cet effet.

Au Maroc, ils sont non seulement en portion congrue, mais ceux dont nous disposons, dispensent un enseignement souvent approximatif. C’est sans doute l’une des raisons qui ont incité le violoniste Farid Bensaïd à envisager la fondation d’une école de musique privée, conforme aux canons en vigueur dans les établisse-ments européens les plus prestigieux. Un rêve. Mais Farid Bensaïd savait que les rêves ne débouchent jamais sur de vaines chimères, pour peu qu’on ait la volonté de les accomplir. Il y a 26 ans, personne n’osait miser un bouton de guêtre sur la survie de l’Orchestre Philarmonique qu’il eut la témérité de créer. Mais, armé de sa seule ténacité et de sa force de persuasion, il parvint à le mettre à flot. De fait, l’Orchestre Philharmonique fut dégagé des remous, grâce à la vigilance sonnante et trébuchante de parrains attentionnés, dont la BMCI, filiale du groupe BNP Paribas (BNPP). Surtout, la BMCI (pardonnez le pléonasme). Cet organisme bancaire sera également fortement impliqué dans le projet EMC International (Ecole internationale de musique de Casablanca).

En tout cas, grâce à sa diligence, EMC International a pu ouvrir ses portes à temps, le 6 octobre 2000, pour recueillir pas moins de cent élèves. Un enseignement de qualité leur a été dispensé, auquel ont veillé des professeurs marocains dûment choisis et des encadrants étrangers.

Autres friandises ? Notons qu’à travers le programme Dream Up lancé dans 26 pays dans le monde par la Fondation BNP Paribas en 2015, les Fondations BMCI et BNPP ont également soutenu la création d’une classe de musique au sein du centre «Les Etoiles de Sidi Moumen», permettant ainsi à 132 jeunes talents de bénéficier de cours et de développer leur pratique musicale.

 

Le mécénat culturel, une priorité

Le monde de l’argent est-il fatalement incompatible avec celui de l’esprit ? Ne jurant que par les chiffres et les dividendes, les institutions bancaires, à titre d’exemple, voueraient un mépris souverain à un plaisir aussi gratuit que la culture. Cela revient à tordre le cou à la réalité, car les plus illustres banques ont, de tout temps, porté un intérêt singulier aux lettres et aux arts, n’hésitant pas à y investir leurs deniers, sans attendre de contrepartie. Il en est ainsi de la Fondation BMCI, puissante et rayonnante, qui ne dédaigne pas faire du mécénat culturel, et plutôt de belle manière.

Les festivals ont également bénéficié de son soutien. De fait, lorsque, il y a quatorze ans, Philippe Lorain, qui n’hésitait pas à puiser dans ses propres fonds, fait appel aux portemonnaies d’éventuels donateurs (d'autant plus que Tanjazz est parvenu à maturité), la BMCI, charmée par son bagout persuasif, ne se fait pas forcer la main. Elle lui procura soutien. Sollicitée, elle eut l’élégance de ne pas le marchander. L’écot qu’elle apporte ne se veut pas chiffrable, dans la mesure où il s’étend par-delà le financement. À tout seigneur, tout honneur. La Fondation BMCI a soutenu la participation de la chanteuse Elisabeth Kontomanou et les artistes Ablaye Cissoko, Anne Pacéo ainsi que Rita Payes.

La BMCI a été littéralement fascinée par le jazz et impressionnée par sa splendeur, son foisonnement, sa multiplicité et son originalité. Elle se mit en tête de le faire rayonner. Décidant de renforcer son soutien à la musique jazz, elle devient sponsor officiel, depuis 2014, du Jazzablanca. Et, à son initiative, la manifestation offre gratuitement des concerts au public casablancais sur la «Scène BMCI», située Place des Nations Unies, mettant en lumière tous les courants de jazz et en faisant éclore les jeunes talents marocains.

Pour clore ce chapitre, rappelons que la Fondation BMCI a soutenu le Concours international de musique du Maroc pendant 10 ans; la 1ère édition du salon Visa For Music, plateforme interprofessionnelle de la filière musicale au Maroc, et a également accompagné pendant plusieurs années le Printemps Musical Des Alizés, festival dédié à la musique de chambre et à la musique classique à Essaouira. Qui plus est, elle a prêté la main à l’artiste marocaine Firdaous pour l’enregistrement de son clip «Rouh li halak», ainsi qu’à l’artiste luthiste marocain Karim Kadiri pour le lancement de son second album «You are here» du groupe M’oud Swing. Alors, en avant la musique.

 

La BMCI soutient le spectacle vivant

Soit. Sans l’appui financier des entreprises les plus florissantes, plusieurs festivals musicaux n'auraient pu prendre véritablement leur essor, même si ce soutien participe plus du parrainage que du mécénat proprement dit. Le spectacle vivant n’est pas en reste. Dès son lancement en 2008, la Fondation BMCI a soutenu le Groupe Acrobatique de Tanger (GAT) avec la 1ère représentation de leur spectacle à succès mondial «Taoub». Depuis leur découverte, les Fondations BMCI et BNPP ont contribué ensemble à faire briller ces artistes marocains partout dans le monde. Avec plus de 1.000 représentations dans 20 pays et 10 ans de tournée mondiale dans les plus belles métropoles du monde (Londres, Barcelone, Paris, New York…), le GAT est devenu l’un des plus beaux ambassadeurs de l’art contemporain marocain et du Maroc à l’international. Le NY Times en a parlé comme l’une des plus innovantes nouveautés artistiques à s’être produite à Broadway, mêlant émotions et dépassement de soi.

 

Le livre porté à bout de bras

Par ailleurs, le plus heureux dans cette histoire est assurément le livre. Une certaine frilosité à son égard rehausse le mérite de la BMCI qui, depuis 2000 et le nostalgique Casablanca, portrait d’une ville, écrit par Jean-Michel Zurflüh, a pris l’habitude de soutenir partiellement la fabrication de beaux-livres. Coup sur coup, plusieurs ont pu voir le jour par les soins substantiellement pécuniaires de la Fondation BMCI : l’historique Casablanca et la France de Jean-Luc Pierre; l’éblouissant Art et Architectures berbères du Maroc de Salima Naji; l’érudit Voyage du Sultan Moulay Hassan au Tafilalet. Sans oublier les passionnants Fez dans la cosmographie, Maroc, un certain regard, Sur la voie d’Ibn Arabi, Fès et Florence, en quête d’absolu, Le Maroc somptueux des femmes, Bab Mansour, Tanger, Architecture marocaine du XXe siècle et Leur Maroc - Regards d'écrivains, artistes, voyageurs, venus d’ailleurs, ou encore Casablanca, nid d'artistes. Mécène de longue date de l’édition de livres d’art allant dans le sens de la sauvegarde du patrimoine culturel marocain, la Fondation BMCI a innové ces dernières années en soutenant des projets mettant en lumière des patrimoines dits «populaires», notamment avec la publication de l’ouvrage Nass El Ghiwane, Lahcen Zinoun ou le corps libéré de Mostafa Chebbak, ou encore Jil Lklam – Poètes Urbains, de Dominique Caubet et Amine Hamma. Plus récemment, la Fondation a apporté son soutien au livre écrit par JeanMichel Bouqueton et Brigitte Barberi Daum, Histoires sans fin, en hommage à l’artiste peintre marocain Abbès Saladi.

Sensibiliser les jeunes à la lecture exige de rendre visible le livre. C'est pourquoi, en avril 2009, a eu lieu l’inauguration de la première bibliothèque de classes parrainée dans le cadre du partenariat que la Fondation a formé avec l'association Al Jisr. Depuis, ce programme innovant à destination des écoles publiques primaires situées dans des quartiers défavorisés a vu la création de 1.150 bibliothèques de classes dans 136 écoles du Royaume, et 77.000 livres ont pu être distribués à destination de plus de 88.000 enfants.

Favoriser l’accès à la lecture pour tous à l’école, mettre en lumière le patrimoine culturel marocain, célébrer la création artistique marocaine, faire rayonner la musique jazz…, la BMCI s’engage à répondre présente chaque fois qu’il sera fait appel à elle. Alors, le mécénat d’entreprise n’est-il pas un pain béni pour notre culture ? 

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