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Mécénat: Attijariwafa bank ou l’enfance de l’art (troisième partie)

Mécénat: Attijariwafa bank ou l’enfance de l’art (troisième partie)

Jusqu’au 30 janvier 2022, le siège d’Attijariwafa bank abritera une exposition originale sobrement intitulée «L’art source de perpétuelle réinvention». Il s’agit d’œuvres réalisées par de jeunes élèves dans le cadre du programme «Académie des arts», mis sur orbite par la Fondation de la banque.

 

Par R. K. Houdaïfa

Plus s’intensifient les avancées technico-médiatiques, plus les valeurs esthétiques doivent être réévaluées. Car seules la nuance et la grâce sont susceptibles de contrebalancer la laideur inhérente à l’uniformisation, seule la nécessaire gratuité fait pièce à l’utilitarisme, seule la création peut sauver du machinisme. Atteindre et exprimer la beauté, telle est la raison de l’être. Dans de multiples domaines, nos créations répondent avec bonheur à cet impératif. En ce qui concerne le genre strictement pictural, nous sommes naturellement nantis de ce qui en est la substance, à savoir la lumière. L’écrivain français Pierre Loti l’a décrite en termes de «finesse d’Eden».

Le peintre Matisse a été enchanté par sa «délicieuse délicatesse». Le même Matisse confiait à un ami : «Les voyages au Maroc m’aidèrent à accomplir la transition nécessaire et me permirent de retrouver un contact plus étroit avec la nature que n’avait pu le faire l’application d’une théorie vivante, mais quelque peu limitée comme le fauvisme».

Des artistes en herbe pétris de verve talentueuse

Si le Maroc est, ainsi que le caractérise Delacroix, un «lieu tout pour les peintres», il ne fait pas pour autant montre de la vitalité qui devrait être sienne. Ce paradoxe est lié à un ensemble de facteurs surdéterminants, dont le principal demeure le caractère piteux de l’éducation artistique dispensée dans les écoles. Jusqu’ici, elle est assurée par les instituteurs. Or, nombre d’entre eux, conscients de leurs lacunes dans ce domaine, préfèrent lui substituer d’autres activités. Rares sont les établissements scolaires qui confient l’éveil des élèves à l’art à un personnel qualifié. Encore plus rares sont ceux qui élargissent l’apprentissage artistique à l’accompagnement à des expositions, des manifestations esthétiques, des stages, des visites aux ateliers des peintres.

C’est pour cela qu’il convient de saluer l’effort de sensibilisation des enfants à l’art accompli, avec générosité et conviction, par la Fondation Attijariwafa bank. En effet, depuis 2009, cette banque s’est mise en rapport avec un grand nombre d’écoles publiques de Casablanca, avec la contribution effective de l’Académie régionale d’éducation et de formation de la région Casablanca-Settat (AREF), afin qu’elles envoient leurs élèves bénéficier du programme pédagogique : Académie des arts.

Une centaine d’élèves – entre 12 et 17 ans – par promotion tous les deux ans sont hébergé(e) s par la Fondation, encadré(e)s et initié(e)s par des artistes de haut vol (Abderrahmane Banana, Chafik Aaziz et Abdelmajid Seddati) pour leur permettre d’accéder à la pratique (3 disciplines y sont enseignées : expression plastique, écriture et multimédia) et à la réflexion sur l’art. Plus de 1.000 élèves qui ont déferlé sur l’espace d’art d’Attijariwafa bank, Actua, formant une ruée bruyante, curieuse et passionnée, avaient attrapé le sain virus de l’art, puis se sont orienté(e) s vers des branches artistiques et écoles des beaux-arts. L’exposition «L’art, source de perpétuelle réinvention» est le produit artistique de la 5ème promotion (2019/2021). Elle traite de la question de l’art comme

médium pour confronter des situations inhabituelles comme la COVID-19, le vivre ensemble, l’expérimentation, la positivité et l’aspiration à un avenir meilleur. Cette promotion s’est aussi démarquée par sa capacité à relever le challenge artistique «Ibda3mendarek (Crée de chez toi)», une première dans l’histoire de l’Académie des Arts. 12 parmi les 200 productions artistiques (entre peinture, écriture et multimédia) reçues, ont été accrochées dans l’exposition. Courez-y, vous serez ébahis par la verve, la fraîcheur et l’imagination des artistes en herbe.

 

* La 6ème promotion exploitera le thème du patrimoine artistique au Maroc.

 

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