Retour du prince du rai après une longue absence, suite à sa détention.
Cheb Mami compte refaire sa vie et reconquérir son public.
L’expérience a donné au chanteur le temps de prendre du recul et lui a permis d’être plus mature.
Le prince du raï nous révèle ses premières impressions de son retour sur la scène artistique. -Finances News Hebdo : Tout d’abord, on aimerait savoir pourquoi vous avez choisi le Maroc pour votre retour artistique ?
-Cheb Mami : C’est vrai, au début je voulais faire mon retour artistique en Algérie pour mon premier concert, chose qui n’a pas été possible vu que le concert a été reporté au 4 juillet pour le Festival de Timgad. Entre-temps, j’ai reçu l’invitation du Mazagan Beach Ressort pour animer la 5ème édition de Mazagan Nights et j’ai répondu présent pour le grand plaisir de rencontrer mon public marocain.
-F.N.H. : Quelle est la priorité aujourd’hui de Cheb Mami ?
-C.M. : Ce qui est important pour moi aujourd’hui, c’est de pouvoir rencontrer mon public, que ce soit au Maroc, en Algérie, en Tunisie ou même à l’étranger.
-F.N.H. : C’est votre 1ère conférence de presse après votre sortie de prison, quel était votre état d’esprit avant votre entrée sur scène ?
-C.M. : Comme toujours, rien n’a changé en moi, j’ai toujours le trac soit lors des conférences, soit lors des concerts. Je suis de nature un peu réservée.
-F.N.H. : Vous êtes passé par une rude épreuve dans votre vie, votre passage en prison vous a permis de méditer sur votre parcours ; qu’est-ce qui va changer dans votre vie après cette expérience ?
-C.M. : Artistiquement parlant, rien ne va changer, je suis toujours le même animé par la même volonté et la même passion de composer et de faire ce que j’ai toujours aimé faire, chanter.
Pour le côté personnel, je dirais que cette expérience m’a rendu mature, m’a donné beaucoup d’inspiration et m’a rendu plus fort.
-F.N.H. : Vous êtes resté longtemps loin de la scène artistique ; comment voyez-vous votre retour ?
-C.M. : Je suis très serein et confiant. Je veux tourner la page du passé et me concentrer sur l’avenir.
-F.N.H. : Comment comptez-vous reconquérir le cœur de vos fans ?
-C.M. : Je ne pense pas avoir perdu l’amour de mes fans. La preuve, le nombre de courriers que je recevais chaque jour en prison. Je m’estime heureux d’avoir un public fidèle qui m’a soutenu et m’a encouragé à aller de l’avant.
-F.N.H. : Vous avez fait des duos avec des artistes renommés au cours de votre carrière artistique ; si vous avez à choisir un artiste marocain avec qui souhaiteriez-vous faire un duo ?
-C.M. : Les duos se ne sont pas une réalisation programmée mais plutôt des rencontres qui se transforment en duo. Si je suis amené à faire un duo avec un artiste marocain, je choisirais Abdelhadi Belkhayat. J’adore sa chanson Kitar Al Hayat et j’aimerais la reproduire en duo avec lui.
-F.N.H. : Comment la genre raï a évolué durant votre absence?
-C.M. : Je pense qu’avec mon éloignement il y a eu un vide dans la chanson raï. Lorsque j’étais sur scène, on sentait une rivalité mais une rivalité au profit de la qualité.
-F.N.H. : Comment envisagez-vous la renaissance de la chanson raï ?
-C.M. : Je pense qu’il faut beaucoup travailler, notamment les jeunes chanteurs, pour pouvoir redonner à la chanson raï sa position.
-F.N.H. : Quels sont vos projets ?
-C.M. : Je suis en phase de préparer un album qui verra le jour en 2012 et qui est composé de 8 chansons que j’ai écrites lors de ma détention. Il faut dire aussi que j’avais assez de temps pour les écrire.
Pour moi, ce qui est important n’est pas quand l’album va sortir, mais comment il va sortir. Je dois être convaincu de mon travail avant de le présenter au public.
Il y a une chanson pour laquelle je me suis inspiré de la musique andalouse propre à la ville de Fès et intitulée «Nta lahbib lawal».
-F.N.H. : Est-ce que dans votre prochain album il y a des chansons qui raconteront votre expérience, vu que vous avez écrit en prison ?
-C.M. : Aucune chanson de l’album ne parlera du passé. Pour moi, le passé c’est du passé et ce qui m’intéresse aujourd’hui c’est l’avenir. Les chansons de l’album vont traiter de la vie quotidienne et de l’amour en général, comme j’ai l’habitude d’écrire.
-F.N.H. : Vous arrive-t-il de prendre des risques avec l’introduction de nouveautés dans votre style musical ?
-C.M. : J’estime qu’un artiste, à chaque fois qu’il enregistre un album, prend un risque. Ce sont les aléas du métier, si l’artiste ne prend pas de risque, il va de stagner et ne pas évoluer.
-F.N.H. : Avez-vous prévu des concerts?
-C.M. : J’ai encore 2 concerts au Maroc : à Al Hoceima et au Festival du rai à Oujda. En Algérie, je vais participer au Festival de Timgad, en juillet.
À l’échelle internationale, on a programmé 3 dates dans les pays scandinaves, 2 au Canada et j’ai un gala le 5 novembre à Paris, au Zénith.
Propos recueillis par L.Boumahrou