Après un brillant parcours, l’artiste marocain Hassan Mégri passe le flambeau à son fils Nasr.
L’auteur, compositeur, interprète, artiste peintre et chercheur revient sur les raisons l’ayant poussé à se retirer de la scène pour se lancer dans de nouveaux défis artistiques.
Récement, la scène de Salé a commémoré les adieux d’une icône de la scène artistique marocaine.
- Finances News Hebdo : Votre participation au Festival Mawazine a été votre dernier concert. Que représente pour vous cette dernière prestation ?
- Hassan Mégri : Le Festival Mawazine rythmes du monde est un évènement de haute gamme qui accueille les plus grandes stars de la planète. Par conséquent, il est suivi médiatiquement à une échelle internationale très vaste, que ce soit dans le Maghreb, le Monde arabe ou en Occident. Ce qui me permettra d’atteindre un large public pour transmettre des messages écologiques, d’amour, de paix, et d’espoir que je souhaite lancer à l’humanité à travers cet ultime concert. Je pense que le vécu de ma grande expérience acquise durant toute une longue carrière artistique a forgé en moi une certaine philosophie de vie qui ne m’a jamais quitté et qui se décline à travers les poèmes que j’ai écrits et composés puis chantés avec foi, courage et une passion réelle. C’est donc cette pensée vive telle une flamme sacrée et combien révélatrice qui m’a accompagnée le temps d’un concert historique à ma juste dimension.
- F. N. H : Pourquoi avez-vous décidé de vous retirer de la scène artistique ? Et quel regard portez-vous sur cette inédite carrière que vous avez eue ?
Or, si j’ai décidé de quitter la scène artistique, et là je précise qu’il s’agit uniquement des concerts en life, je pense que je suis comblé et blasé à la fois par cette euphorie et cette magie sublime du spectacle qui nous envoûte à chaque prestation dès que nous sommes sur scène en face des fans toujours assoiffés et jamais rassasiés. Le courant est si fort que l’on finit par accepter le jeu et ceci jusqu’à l’épuisement total. Cependant, celui qui veut aller loin doit ménager sa monture, car j’ai encore des objectifs à atteindre et le temps est précieux à mon sens. Mais, tout compte fait, si je devais faire le bilan de ma carrière professionnelle artistique, je pense que j’ai réussi à instaurer le mouvement musical Mégri, en créant une véritable révolution artistique dans le Maghreb et le Monde arabe, tout en attirant l’attention de l’Occident sur ce mouvement que j’ai fondé durant les années 60. L’âge d’or de la chanson mondiale dans lequel nous fûmes consacrés «Beatles» du Monde arabe. J’ai obtenu le soutien moral et matériel de feu Hassan II qui m’a permis d’évoluer en toute liberté pour accomplir ma mission dans le domaine des arts et de la culture. L’Académie des arts, des sciences et des lettres de Paris m’a décerné la médaille d’or pour avoir créé la World Music Arabe et rénové la calligraphie iconographique persane. Mes titres honorifiques sont nombreux sur le plan national et international comme je suis le président fondateur du Comité National de la Musique (membre du Conseil international de la musique auprès de l’UNESCO). D’un autre côté, je dois m’occuper du Festival international «ETE des Oudayas» des Arts et de la Culture dont je suis le président fondateur, mais que j’ai cédé à la tutelle du ministère de la Culture.
Je crois qu’il y a mille et une raisons qui me poussent à quitter la scène sans aucun regret ni amertume d’autant plus que j’ai foi et un immense espoir quant au nouveau Challenger du Mouvement Musical Mégri, et j’ai nommé Nasr Mégri qui est en quelque sorte le cinquième élément du groupe légendaire des Mégri (Hassan, Mahmoud, Younes et Jalila).
- F. N. H : Mais pourquoi maintenant précisément ?
- H. M. : Je vous répondrais en toute quiétude et toute franchise qu’il est temps pour le phénix de renaître de ses cendres et pour que le mouvement musical Mégri puisse vivre un nouveau printemps plein de jeunesse, de vitalité, et de créativités universelles à la fois nostalgiques et futuristes, s’adressant aux nouvelles générations. C’est au tour de Nasr d’apporter de l’eau au moulin sans oublier ses racines et ses sources originelles.
- F. N. H : Avec ce retrait de la scène, vous passez donc le flambeau à votre fils Nasr Mégri ; qu’attendez-vous de lui ?
- H. M. : J’attends qu’il murisse dans le temps et l’espace dans le but de conquérir le monde à l’instar d’Elvis Presley, des Beattles ou des Pink Floyd. Car à ma connaissance Nasr Mégri incarne en lui-même ces trois forces musicales qui ont changé le monde sans oublier pour autant qu’il est aussi un Mégri entre les mains de son destin.
- F. N. H : Nous savons que vous vivez de la musique et de l’art en général. Qu’allez-vous regretter le plus ?
- H. M. :Ne pensez pas que c’est le repos du guerrier et n’allez pas imaginer que j’abandonne l’art et la musique.
Comme je l’ai souligné auparavant, j’ai énormément de projets qui sont liés étroitement à l’art et à la musique. De ce fait, je n’éprouve aucun regret.
Propos recueillis par l. Boumahrou