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Droit des artistes : «Le statut a été conçu pour satisfaire tous les artistes, mais…»

Droit des artistes : «Le statut a été conçu pour satisfaire tous les artistes, mais…»
■ L’artiste marocain attend du nouveau gouvernement qu'il mette en place des actions concrètes pour revaloriser la profession.
■ Explications de Messoud Bouhcine, président du Syndicat national des professionnels de théâtre sur l’état actuel des artistes.

✔ Finances News Hebdo : Tout d’abord, en quoi consiste le statut de l’artiste au Maroc ?
✔ Messoud Bouhcine : Au niveau législatif il s'agit de la loi N0 71.99 du 19 juin 2003 à la période de l'ancien ministre de la Culture, Mohamed Ash'ari. Il a été le résultat de longues négociations entre le ministère de la Culture et les organisations syndicales représentant les artistes. Au total, la plupart des chapitres de cette loi touchent à la définition de l'artiste, l’art, le revenu artistique, la relation entre l'artiste et l'employeur…
Toutefois, ce statut reste une loi - cadre car d’autres volets sont suspendus en attendant les textes d'application : l’entreprise artistique, l’agence de services artistiques, les avantages de la Carte de l’artiste… 
Par ailleurs, ce statut rassemble tous les arts à la fois, sans prendre en compte les spécificités de certains arts qui ont besoin d’une réglementation spéciale comme les arts interprétatifs ( théâtre, cinéma , musique et dance).
Ainsi, lorsque vous le lisez, il est clair qu’il a été conçu pour satisfaire tous les artistes mais à la fin il ne sert personne.
Par conséquent, le marché du travail artistique au Maroc est encore pulvérisé dans le chaos ainsi que les droits sociaux de l’artiste, à l'exception de quelques réalisations comme la Mutuelle générale des artistes. 

✔ F.N.H. : Comment pouvez-vous définir la situation actuelle des artistes marocains ?
✔ M.B. : L’artiste marocain, aujourd'hui, en particulier les acteurs, sont les victimes d’un vide juridique effroyable dans le domaine du travail. Beaucoup d'entre eux sont abusivement exploités et mal payés par de nombreux producteurs exécutifs qui sont à la recherche d'un profit rapide au détriment des artistes et de la qualité de l'œuvre. Bien qu'ils ne dépensent pas un dirham de leur propre poche. Beaucoup de ces sociétés ont recours aux acteurs amateurs pour réduire le coût de la production…et la justification est connue d'avance: la découverte de talents !
En tant que syndicat marocain des professionnels du théâtre, nous considérons cette situation inacceptable. 
D'autre part, la situation sociale varie d'un artiste à l'autre. Cependant, en raison de l'irrégularité de son travail, il est toujours face à un risque de vulnérabilité sociale.

✔ F.N.H. : Quelles devraient être les priorités du nouveau gouvernement et qu’en attendent les artistes ?
✔ M.B. : La nouvelle Constitution donne une place importante aux arts. Et je pense que le gouvernement actuel doit la mettre soigneusement en œuvre par :
• la révision du statut de l’artiste, particulièrement en ce qui concerne la classification des arts en prenant en compte les spécificités de l’exigence professionnelle de chaque famille d’art ; 
• l’application des lois concernant l’entreprise artistique, l’Agence de services artistiques, les avantages de la Carte de l’artiste qui doit avoir deux utilités : être un outil d'organisation du travail en permettant à son détenteur de bénéficier de services sociaux de base ;
• application des normes internationales en matière de droits d'auteur et droits voisins ;
• la création d’une fondation des services sociaux pour les artistes. 
• la création d’un système de retraite pour les artistes ;
et augmentation des fonds de soutien et développement des infrastructures artistiques. ■

Propos recueillis par L. Boumahrou

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