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Abdourrahmane Mounif : Et l’errance des États arabes

Abdourrahmane Mounif : Et l’errance des États arabes

L’année 2024 marque le vingtième anniversaire du décès du plus grand écrivain arabe, d’origine jordanienne, Abdurrahmane Mounif. Cet auteur iconoclaste a laissé derrière lui une œuvre magistrale. Villes de sel est à coup sûr son chef-d’œuvre dont on lit aujourd’hui en français, l’Errance, un texte solide où défile un monde arabe aux abois. Nous sommes devant l’une des œuvres les plus solides dans la littérature universelle. Abdurrahmane Mounif compte parmi les plus grands auteurs au monde au même titre qu’un Robert Musil, Franz Kafka, Marcel Proust ou encore James Joyce. C’est aussi le plus méconnu des auteurs arabes. Sa vision du monde arabe et des gouvernements qui le dirige lui a valu de nombreux problèmes. Entre interdictions et marginalisations, son travail sur cette partie du monde dont il a fait éclater les frontières lui a valu une place de choix dans l’histoire de la littérature mondiale.

Pour Villes de sel dont on présente ici un tome intitulé «L’errance», est un ouvrage lourd de sens. Ce travail gigantesque conçu comme une trilogie, mais qui a pris des proportions immenses pour devenir une réelle saga regroupant cinq tomes de près de quatre cents à six cents pages chacun, retrace l’histoire non seulement d’une famille, d’un peuple, mais d’une région du monde et au-delà, pour devenir une histoire de l’humanité dans ce qu’elle de plus complexe et insaisissable. On y lit les profondes mutations qu’a connues la péninsule arabique sous l’effet de la découverte du pétrole, cet or noir, qui s’est avéré avec le temps, une réelle manne économique, mais aussi une malédiction politique et sociale. Dans ce premier tome,  nous sommes face à un récit qui se déroule dans une oasis située à l’est de l’Arabie. C’est là que l’on découvre une communauté bédouine qui vit loin de tout, dans l’austérité. Quand apparaît un petit groupe d’Américains, munis de leur recommandation de la part de l’émir de la région au cheikh de la tribu, c’est le début d’une nouvelle vie. Les forages de prospection pétrolière sont entrepris dans l’oasis. Plus rien ne peut rester comme avant. Mais un homme, connu pour son courage et sa bravoure, se soulève et mène la résistance contre les Américains. Mais face à la technologie de l’Occident, Mutib est bien obligé de disparaître avec son chameau dans le désert pour se transformer en figure mythique. C’est là où la ville de Harran change de visage et se dote d’un port et d’un pipeline. L’oasis n’existe plus. 

Né en 1933 à Amman, en Jordanie, d’un père saoudien et d’une mère irakienne, Abdul Rahman Mounif est l’auteur d’une dizaine de romans qui lui ont valu en 1998 le premier Grand Prix du roman arabe. Il est mort à Beyrouth en 2004. En France ont paru À l’est de la Méditerranée (Sindbad, 1985), Une ville dans la mémoire : Amman (Sindbad / Actes Sud, 1996) et Villes de sel. L'errance (Sindbad / Actes Sud, 2013). Un ou plusieurs tomes de Villes de sel ont déjà été traduits en anglais, en allemand, en espagnol et en italien.

 

Abdelhak Najib 
Écrivain-journaliste 

 

 

 

 

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