Pour 2020, le programme de la Société financière internationale pour le Maroc porte sur trois priorités : soutenir un secteur privé innovant et créateurs d’emplois, renforcer le capital humain et, enfin, accompagner le développement dans les régions.
Xavier Reille, directeur de l’IFC pour la région Maghreb, décline pour Finances News Hebdo les réformes à mettre en place pour libérer le potentiel du secteur privé au Maroc.
Propos recueillis par : Momar Diao
Finances News Hebdo : Au terme de l'année 2019, quels sont les principaux projets sur lesquels la SFI est engagée au Maroc ?
Xavier Reille : Au cours de l'exercice 2019, IFC a engagé 90 millions de dollars pour financer divers projets de développement structurants, dont un projet de renforcement des énergies renouvelables en Afrique avec un sponsor marocain (Gaia), un projet de facilitation de l’accès à l’éducation à travers le financement d’UPM (première école de médecine privée au Maroc) et à la santé à travers le financement d’un hôpital privé dans la ville de Zenata, ainsi que divers projets de promotion de l’industrie, dont un projet agro-industriel avec Dislog (Edita) et un projet dans le secteur automobile avec Martur.
IFC fournit également des services de conseil pour soutenir l’environnement des affaires, en partenariat avec le Comité national de l’environnement des affaires (CNEA) pour améliorer le score Doing Business du Maroc, renforcer l’inclusion financière en partenariat avec Bank Al-Maghrib et enfin pour développer les marchés des capitaux avec la Banque mondiale dans le cadre de l’initiative J-CAP (Joint Capital Market Program).
F.N.H. : Selon vous, quelles sont les réformes urgentes à engager afin que le Maroc récolte les fruits escomptés, et ce dans un contexte où la réflexion pour la mise en place d'un nouveau modèle de développement est engagée ?
X. R. : IFC a réalisé avec la Banque mondiale un diagnostic du secteur privé au Maroc pendant l’été 2019. Ce rapport examine ce qui peut être fait pour libérer le potentiel du secteur privé au Maroc afin de créer davantage d'emplois. Le Maroc peut créer un environnement plus favorable aux entreprises afin qu’elles puissent s’implanter sur de nouveaux marchés et exporter. Cela nécessitera des conditions propices à une concurrence équitable, du capital humain et des compétences de meilleure qualité pour répondre aux besoins d’une économie moderne, ainsi qu’un meilleur accès au financement des petites entreprises et des start-up pendant tout leur cycle de vie.
Le renforcement de la compétitivité et de la concurrence sur le marché devrait contribuer à créer les conditions de l'émergence d'un secteur privé dynamique et diversifié. Enfin, il est important de soutenir l’activité entrepreneuriale et les PME innovantes. Les entreprises marocaines ont la possibilité de devenir plus innovantes, d’investir plus en recherche développement et de tirer profit de leurs viviers de talents, y compris au sein de la diaspora.
Pour parvenir à une croissance économique plus forte, la participation du secteur privé dans le financement et la gestion des infrastructures peut améliorer l'efficacité des investissements publics et la qualité des services ainsi que réduire la charge fiscale sur le budget national.
F.N.H. : Pour 2020, quels sont les principaux chantiers de la SFI au Maroc ?
X. R. : Le programme de la SFI s’inscrit dans le nouveau cadre de partenariat entre le Maroc et le groupe Banque mondiale. Il comprend trois priorités : soutenir un secteur privé innovant et créateurs d’emplois, renforcer le capital humain et enfin soutenir le développement dans les régions.
Nous développons de nouvelles initiatives pour 2020 afin d’améliorer l’environnement des affaires, soutenir le développement industriel du Maroc et appuyer les PME marocaines dans leur développement international, y compris en Afrique. Nous soutenons aussi les initiatives pour lancer un programme de PPP à fort impact en 2020; et enfin nous appuyons le processeur de régionalisation avancé, en particulier dans les régions qui ont le plus de besoin.
F.N.H. : Enfin, quelle place accordez-vous au soutien de l'entrepreneuriat au Maroc ?
X. R. : Nous soutenons les nouvelles initiatives du gouvernement marocain et du secteur privé pour développer l’entrepreneuriat. Au Maroc, 37% des entreprises enregistrées ont moins de cinq ans. Cependant, peu d'informations sont disponibles sur leur taux de survie ou leur impact sur la création d'emplois.
Ce que l'on sait, en revanche, c'est que pour pénétrer les marchés, prospérer et créer des emplois, les PME marocaines doivent avoir accès à des financements et du capital-risque aux stades critiques de leur développement, au foncier à un coût raisonnable, aux infrastructures et aux services TIC indispensables pour une économie moderne.
Il est particulièrement important de faire respecter les contrats, d'assurer que les paiements entre entreprises se fassent en temps voulu, d'appliquer des procédures de mise en faillite dans un délai raisonnable. Les nouvelles initiatives du gouvernement et du secteur privé vont dans ce sens. 2020 devrait être une bonne année pour l’entrepreneuriat au Maroc.