Une contribution majeure, monstre et fouillée sur la pratique psychanalytique au Maroc. Le livre fut salué par le jury du Prix Grand Atlas en 1996, tandis que le psychiatre et psychanalyste a reçu en 2002, le prix Sigmund Freud de la ville de Vienne pour l'ensemble de son œuvre.
Dans cet ouvrage qui constitue la première histoire de la psychanalyse au Maghreb, l'auteur fait appel à la mémoire, celle des traces écrites et du témoignage, l'enjeu étant la transmission du projet freudien dans une partie du monde qui offre des résistances, certes, mais qui montre un intérêt croissant pour l'extension de la psychanalyse. Les traces et les archives du passé qui sous-tendent la pratique psychanalytique dans un pays constituent un héritage que l'auteur refuse de dénier, ou de refouler, mais qu'il déconstruit avant de se le réapproprier.
L’objet de ce livre est l’introduction de la psychanalyse au Maroc. Le sous-titre l’indique clairement : les débuts de la psychanalyse et de la psychiatrie au Maroc. Jalil Bennani n’a eu aucune prétention à traiter de la sainteté. Il a essayé de montrer à quel point les lieux maraboutiques étaient nombreux, à quel point les croyances étaient complexes et dominaient les pratiques thérapeutiques.
L’auteur a tenté de rendre compte de l’embarras des premiers praticiens face à ce contexte-là. Ces praticiens étaient déroutés de ne pas trouver les vestiges de le médecine arabe, comme ils l’avaient escompté. Au lieu de cela, ils n’ont trouvé que des maristanes. Certains ont fait un réel effort pour essayer de comprendre. Jalil Bennani décrit dans son ouvrage le terrain sur lequel ils sont arrivés. Ceux qui connaissent bien le sujet n’y trouveront que des généralités, ceux qui le méconnaissent y trouveront quantités d’information. D’autant plus que Jalil Bennani voulait que ce livre ne soit pas ouvert qu’au seul public marocain.
«Ce livre retrace subtilement l’introduction de la psychanalyse au Maroc, sort de l’oubli des personnages étonnants, avec au centre de cette galerie de portraits la grande figure de René Laforgue, en contact avec Freud et qui vécut au Maroc après la Deuxième Guerre mondiale. Laforgue et son ‘groupe de Casablanca’ exerceront une forte influence sur les psychiatres français exerçant au Maroc avant l’indépendance. L’auteur nous dit comment s’opéra l’introduction de cette discipline, presque à l’insu de ses promoteurs. Il montre comment le malade peut se ressourcer dans sa culture et ses croyances, et comment l’analyste peut entendre son patient. Le lecteur est ainsi amené à s’interroger sur la place de la psychanalyse dans une société où le collectif l’emporte, à construire un questionnement sur le système colonial et sa complexité, entre greffe et suture sur la culture de l’Autre», écrit Benjamin Stora dans sa préface.
* «Psychanalyse en terre d’islam : Introduction à la psychanalyse au Maghreb» (Editions Le Fennec), de Jalil Bennani, 2008 réédition, 1995 première édition.
Par R.K.H