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Un jour, une œuvre : Aïssa Agostini, la volupté des formes obsessionnelles

Un jour, une œuvre : Aïssa Agostini, la volupté des formes obsessionnelles

On ne connaît pas, ou à peine, Aïssa Agostini, peintre thérapeute, guérisseur et poète errant. Ses œuvres valent le détour.

Il est des autodidactes qui pour émerger empruntent des chemins de traverse. Le sien, pour la peinture, surgit à la «demande» d’une amie persuadée que le financier devrait peindre. «Elle m’a acheté du matos pour commencer», explique Aïssa.

Alors qu’il était destiné à la finance, intrigué, il changea complètement son plan de carrière, son bureau en atelier, et commença le travail. « Elle m’a laissé trois mois pour m’entraîner, car je devais lui peindre des toiles, développe Aïssa, qui meubleront les murs de sa nouvelle villa à Marrakech». Il ne se passait pas une semaine sans que des individus ne viennent à son bureau lui acheter des tableaux. Il passait le plus clair de son temps dans la finance, mais plus maintenant.

C’est de cette fascinante «demande» que sans doute, naquit son penchant pour la peinture. Depuis lors, il se trouvait irrésistiblement happé par les formes qu’il déployait et les couleurs qu’il éclatait.

La quarantaine pimpante, les cheveux ornant les épaules, la barbe épanouie, chapelet en bois autour du cou, l’allure juvénile, le mec a la dégaine d’un artiste-soufi. Naguère tenu en laisse, il décide de tirer dessus et de n’en faire qu’à sa tête. Autant qu’il ait été en quête effrénée de pouvoir et d’argent, plaque tout et, sans repos, part à la recherche de la paix intérieure. Son voyage en Inde, sa relation avec un cheikh dans les montagnes de Souss au Maroc, lui ont ouvert une nouvelle voie et changé sa vision des choses. Avec la peinture il a découvert son chemin, dont il ne se détournera jamais.

La peinture, lui, il en fait une thérapie, une démarche spirituelle. Aïssa est un peintre au cœur vagabond. Aïssa s’avère un amoureux de Casablanca, car dans cette ville bétonnée et grise, il fleurit. Aussi bien qu’il trouve cette mégapole anarchique vivante, se nourrit de l’énergie qu’elle produit. Magique. 

Magiques sont ses œuvres dans lesquelles une orgie de couleurs et une farandole de silhouettes composent un théâtre de figures impénétrables. Ses figures charment quiconque les fixe, bien que l’étiquette qui les coiffe n’est jamais neutre. Car si « naïf » veut dire naturel, spontané, sans artifice selon le Petit Robert, l’adjectif est souvent utilisé pour désigner un art qui serait une sorte de degré zéro de la peinture, ce qui est injuste. Il n’ya qu’à voir les œuvres dites naïves pour se persuader que la vigueur de ces peintres ne tient pas à une étiquette. Aïssa expérimente les genres sans qu’il n’ait aucune connaissance. Il a vraiment de quoi ravir l’amoureux de l’art. Tout est pétillant et fantastique.

Le peintre fait éclater une véritable ivresse de la couleur pure. Aïssa, l’homme sage, discret, généreux, humble, peint avec une audace fulgurante -souvent- des toiles sur lesquelles trônent seins, croupes et rondeurs féminins.

Il scrute sa passion de ce beau corps. En son for intérieur, il y a un fort poème de rêverie et de révolte. Sa peinture traduit la passion d’un homme pour la femme et la couleur pure. Aïssa est un peintre qui veut représenter cette douce créature par le désir, l’amour et l’émotion.

Par R. K. H. 

 

 

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