◆ La crise sanitaire a poussé plusieurs entreprises à adopter le télétravail. Mais certaines ne désirent pas pour autant tirer un trait sur le travail en présentiel.
◆ Les entreprises dotées d’une bonne organisation et les mieux outillées sont celles qui réussissent le mieux le travail à distance.
Par B. Chaou
La méthode du télétravail adoptée par la grande majorité des entreprises depuis le début de cette crise sanitaire a été une solution temporaire pour leur permettre d’éviter l’interruption de leurs activités. Mais face à la persistance du virus et la hausse des cas de contamination, certaines d’entre elles ont été contraintes de poursuivre le travail à distance de manière plus accrue et indéfinie. Cependant, la tendance remarquée actuellement est que de plus en plus d’entreprises font le choix de revenir au travail en présentiel, même si la nature de leurs activités leur permet de continuer de «produire» à distance.
Ces «couacs» du télétravail
D’après les observations de quelques professionnels, il y a des entreprises qui ont eu du mal à assurer leurs missions via cette méthode sur une longue durée, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, c’est une question de moyens, surtout du côté des PME. En effet, contrairement aux grandes structures, les petites entreprises font face à plusieurs limites tant financières qu’organisationnelles.
Selon Youssef El Hammal, directeur de YM Africa, cabinet spécialisé dans l’accompagnement et l’intégration au marché du travail, «la majorité des entreprises marocaines connait un grand déficit en termes d’outils technologiques et informatiques, et cela représente un frein face au télétravail. Il faut aussi savoir que les collaborateurs ne sont pas tous outillés chez eux, ce qui complique davantage la tâche, surtout pour les TPE et PME».
«Ainsi, plusieurs managers ont du mal à assurer le suivi des tâches avec leurs collaborateurs, et le retour au présentiel est la solution la plus facile qui se présente à eux», ajoute-t-il.Il est évident que le télétravail se base sur la nécessité d’être bien outillé, mais pas que …Il semble également qu’une bonne organisation est l’autre pilier sur lequel il repose.
«Pour qu’une entreprise réussisse à travailler à distance, il faut qu’elle soit apte à bien s’organiser, et adopter un système de management concis et efficace, et qui se fonde surtout sur la confiance», estime El Hammal. Et d’ajouter : «Là encore, sur la base des différentes entreprises que nous accompagnons, ce sont les petites structures qui ont du mal à concevoir une organisation apte à leur assurer la continuité de leurs activités à distance. C’est aussi une question de mentalité, les patrons des TPE et PME ne faisant pas nécessairement assez confiance à leurs collaborateurs et étant souvent dans le doute. Ils préfèrent savoir que les salariés sont au bureau afin qu’ils soient sûrs qu’ils sont productifs, ce qui est carrément une mauvaise réflexion. Il y a aujourd’hui des outils de suivi des tâches à distance que les entreprises peuvent se procurer facilement».
Toutefois, nous ne pouvons nier que le choix de «revenir» au bureau se fait parfois à l’initiative des travailleurs. Un choix qui, selon notre expert, s’explique par la pression psychologique que peut produire le télétravail chez certaines personnes, ou par le fait que certains patrons ne dissocient pas la vie professionnelle de celle personnelle des collaborateurs.
Enfin, sur la base des déclarations des professionnels, il ressort que le travail à distance repose sur des outils plus modernisés, et surtout sur un modèle de gouvernance agile et basé sur la confiance des managers. «Le télétravail peut facilement se faire si le corps managérial d’une entreprise est prêt et dispose des moyens techniques nécessaires», conclut Youssef El Hammal.