Par Fatima Ouriaghli, Directrice de la publication
«La violence verbale est la première étape de la violence générale contre les femmes», dixit Isabelle Alonso, écrivain et féministe française. Longtemps tue, la violence faites aux femmes est devenue actuellement un sujet de préoccupation mondiale majeure. Et si le 25 novembre est une journée consacrée à la lutte contre ce phénomène au niveau mondial, c’est pour faire bouger les lignes, et surtout mettre fin à une impunité latente qui autorise la gente masculine à toutes les dérives.
Aujourd’hui, les langues se délient de plus en plus, brisant les chaînes du silence et faisant sauter les verrous du tabou et les considérations purement sociétales. Le Maroc, où le ministère de la Solidarité, du Développement social, de l’Égalité et de la Famille a lancé une campagne nationale de sensibilisation jusqu'au 20 décembre, cette problématique est bien ancrée.
Et les chiffres sont loin d’être rassurants. Car, du récent rapport sur la violence sexiste, élaboré par «Injad» et «Femmes solidaires», il ressort 12.233 cas de violences faites aux femmes enregistrés en 2018 au niveau des centres d'écoute de ces deux réseaux, contre 10.959 cas en 2017. Sur ce nombre, 48,95% de violences dénoncées étaient d'ordre psychologique, 24,4% d’ordre socioéconomique, alors que les violences physiques et sexuelles représentaient respectivement 15,7% et 4,7%.
S’il y a bien des améliorations dans la prise en charge des victimes, il existe néanmoins plusieurs insuffisances, notamment en termes d’infrastructures et de services de santé, ou encore de soutien psychologique.
Une journée suffira-t-elle cependant à mettre fin au calvaire que subissent certaines femmes ? A l’évidence non. Bien plus que des actions ponctuelles, il faudra une stratégie nationale bien ficelée, étalée dans le temps, pour mettre un point final, sinon réduire drastiquement ce fléau.
Mais, surtout, la peur des sanctions doit définitivement s’installer dans le camp des bourreaux, tout comme il s’agira de combattre la stigmatisation et le sentiment de honte chez les femmes, victimes d’une autre violence qu’est le regard réprobateur de la société.