1,7 Md de DH de revenus sont à attendre d'ici 2024 contre 933 MDH actuellement.
Une troisième phase d'investissement démarrera d'ici mi-2020.
Par Youssef Seddik
Après plusieurs années passées dans la «discrétion», Snep entame une nouvelle phase. Elle a depuis peu amélioré ses structures de gouvernance tout en alimentant le marché en informations de manière plus régulière. Un exercice relativement nouveau pour Snep, et le marché semble bien l'apprécier.
Pour optimiser sa communication institutionnelle, le management a récemment réalisé une étude de perception, dont la principale conclusion est «la méconnaissance de l’activité de Snep», selon son directeur. Le management a, dans ce sens, réuni presse et analystes pour présenter ses activités, ses chiffres et ses perspectives.
Pour son Directeur général, Rachid Mohammadi, Snep est d’abord «un acteur stratégique de l’industrie nationale qui, en plus d’avoir un portefeuille diversifié, opère dans des secteurs peu cycliques et à fort potentiel de croissance, lui conférant une stabilité de régime», et ce, tout en donnant l’exemple de l’irrigation et l’agro-industrie à travers le Plan Maroc Vert.
Snep évolue dans un marché solide, avec une croissance soutenue. De 2004 à aujourd’hui, le marché national du PVC & Compound affiche un TCAM de 5,5%. Celui de la soude connaît une croissance moyenne annuelle de 4,3%. Dans ce secteur, la part de marché (PDM) de Snep est de 65% dans les produits d’électrolyse et 50% dans les produits vinyliques.
«Un marché qui demande preneur»
Mais ce qui intéressait le plus les opérateurs de marché présents lors de cette conférence, sont les perspectives de la boîte. Le management les a donc détaillées en 5 orientations stratégiques.
L’augmentation de la capacité de production des trois principaux domaines d’activité : Résine PVC, Soude caustique & Compound PVC, et ce pour améliorer la part de marché et développer l’export.
La mise à niveau des équipements en vue de l’amélioration de la productivité (10% du budget de la 2ème étape d’investissement sont prévus dans ce sens), couplée à une maîtrise de l’efficacité énergétique en vue de l’optimisation des coûts.
Parallèlement, pour renforcer sa rentabilité future, la société compte développer des compounds PVC à plus haute valeur ajoutée.
Enfin, le management dit vouloir associer croissance économique, progrès social et développement durable.
Le top management a également fait le point sur son programme d’investissement.
50% du matériel de la 2ème phase sont en cours d’installation, alors que l’autre moitié du matériel est déjà commandée. Mohammadi précise que cette étape a été financée par un montage de dette bancaire (2 tiers) et de fonds propres (1 tiers).
Ainsi, après l’entrée en production de la 2ème étape, attendue pour S2-2020, et qui permettra une augmentation des capacités de production annuelle à 90 KT de PVC et 75KT de soude, la société s’attaquera à une troisième étape dont le budget prévu est de 230-250 MDH.
Les deux tiers seront financés par dette privée et le reste par fonds propres.
A terme (S2-2022), les capacités de production annuelle de la SNEP augmenteront à 120 KT de PVC et 115 KT de soude. A noter que depuis sa privatisation, pas moins de 1,4 Md de DH ont été investis pour son développement.
Tout ceci permettra à la filiale de Ynna Holding d’atteindre un CA de 1,7 Md en 2024.
Snep compte exporter 20% de sa production de PVC en Europe méditerranéenne (Espagne, Portugal), en Turquie et vers les pays de la CEDEAO. Idem pour sa production de soude. «C’est un marché qui demande preneur, nous n’allons pas créer la demande. Nous ne sommes pas en train de pousser pour convaincre», soutient le DG de SNEP.
Point sur les résultats 2018
En 2018, Snep a pu stabiliser sa marge d’exploitation malgré une hausse des prix des intrants. Son REX (+0,2%) ressort à 93,8 MDH, avec une marge d’exploitation de 10%.
La génération de free cash-flow positif a permis la poursuite du désendettement pour atteindre 298 MDH en 2018 contre 406 MDH deux ans plus tôt. Il en ressort un Gearing de 48%, offrant une marge de manœuvre financière intéressante à la société. On note par ailleurs une légère progression de la capacité bénéficiaire (+2,4% à 56,8 MDH), un maintien d’un bon niveau de rentabilité (ROE de 9%) et une progression du dividende (+42%).
Sur les mesures antidumping, Mohammadi souligne que le Maroc n’est pas un cas isolé. Plusieurs pays ont déjà subi des cas de dumping de leur production de PVC : Turquie, Brésil…
Rappelons que 2018 a été marquée par la décision de recevabilité par le ministère de tutelle de la requête de réexamen des droits antidumping en vigueur sur les importations de PVC en provenance des États-Unis, avec consignation des droits antidumping en vigueur durant la période de l’enquête. Sur ce point, le DG ajoute que «ce que nous demandons n’est absolument pas un privilège, mais une équité dans le traitement». ◆