Sebta et Mellilia: quelles alternatives pour mettre fin à la contrebande ?

Sebta et Mellilia: quelles alternatives pour mettre fin à la contrebande ?

Les projets que le gouvernement a lancés tardent à prendre forme.

La population veut qu’elle soit associée à l’élaboration des programmes de reconversion.

 

Par C. Jaidani

 

La décision de fermeture des frontières avec Sebta et Mellilia s’est fait lourdement sentir, surtout dans les régions limitrophes des présides occupés. Des centaines d’habitants de Fnideq et Mdiq organisent systématiquement chaque vendredi des manifestations et des sit-in pour dénoncer la dégradation de leur situation sociale et économique.

Pareil pour les habitants de Béni Nsar et Nador, qui travaillent dans le commerce et le transport de contrebande. Ce mouvement de contestation va s’inscrire dans la durée tant qu’une solution durable n’est pas trouvée. Des militants associatifs et des hommes politiques sont montés au créneau, appelant le gouvernement à assumer ses responsabilités.

«Fnideq est dans le chaos total. Outre la fermeture des frontières avec Sebta, la crise sanitaire a porté le coup de grâce, puisque les autres secteurs qui pouvaient assurer une bouffée d’oxygène à la population, comme le tourisme, sont fortement pénalisés», souligne Abdelmouhaimine Hamza, militant associatif de la région. Il ajoute que la fermeture des frontières était brusque et les autorités n’ont pas donné à la population une certaine marge pour réagir et prendre les dispositions nécessaires.

«La contrebande est la principale activité de la population locale depuis des générations. Comment voulez-vous qu’elle puisse se reconvertir à d’autres activités d’un jour à l’autre, alors que la plupart des personnes touchées n’ont ni diplôme ni un certain niveau d’instruction qui leur permette de dénicher facilement un autre travail. La situation devient insupportable et la grogne sociale devrait davantage s’accentuer», avertit Hamza.

Par la voie de son antenne à Mdiq, le Parti authenticité et modernité (PAM) fait porter l’entière responsabilité de cette situation au gouvernement, qui «n’a pas prévu des alternatives et lancé les investissements nécessaires à temps pour remédier à la marginalisation de la région». Le parti au tracteur propose d’organiser une conférence réunissant tous les intervenants concernés pour débattre et trouver des solutions urgentes et d’autres pour le long terme.

Pour rappel, le gouvernement s’est engagé à réaliser une zone franche dans la région en mobilisant un montant de 200 MDH. La première tranche ne sera opérationnelle qu’à partir du deuxième semestre de cette année. Etalée sur 10 hectares, elle comprendra 33 magasins de stockage des marchandises importées du port de Tanger Med, qui pourraient être exportées ou distribuées sur le marché intérieur.

«Ces projets sont insuffisants et inadéquats pour remplacer la contrebande. L’approche doit être progressive et bien ciblée, tout en associant la population dans les différentes projections pour assurer le succès escompté. Tous les pays qui ont lancé des programmes de ce genre ont mis des années pour mettre un terme aux activités illicites. Outre le volet sécuritaire, une campagne de sensibilisation et de mobilisation auprès de la population est nécessaire», explique Hamza.

 

Fnideq, une ville sinistrée
Chiffres à l’appui, le groupement Sawt Fnideq a souligné que 600 commerces de la ville ont fermé, dont 300 à Souk Massira Al Khadra. Près de 40% des cafés, restaurants et pâtisseries ont déclaré faillite et 3.600 personnes qui faisaient la navette entre Fnideq et Sebta, ont perdu leur emploi. Face à la baisse de revenu de la population, 900 élèves ont basculé de l’enseignement privé vers le public. Pour leur part, des écoles privées ont été contraintes de réduire leurs effectifs ainsi que le salaire des personnes retenues.

 

 

 

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