"Nous prévoyons un ralentissement du PIB réel autour de 3,2% en 2019 avant d'accélérer autour de 4,1% sur la période 2020-2021", annonce l'agence S&P sur le Maroc dans une note publiée le 17 janvier sur la région Mena+Turquie.
Pour l'agence, sur le plan macro, "l'expansion des secteurs de l'automobile et du tourisme, conjuguée à une demande accrue de phosphates et de dérivés, stimulera la performance à long terme et réduira quelque peu la dépendance vis-à-vis des secteurs cycliques, notamment l'agriculture. Cependant, nous estimons que les taux de chômage élevés, les faibles revenus et les disparités de revenus élevés dans l'ensemble du pays continueront d'alimenter les tensions sociales. En tant que tels, nous considérons positivement la volonté du gouvernement de rendre le développement de l'économie plus inclusif", lit-on dans cette note qui au final n'apporte rien de nouveau par rapport aux deux précédentes.
Le secteur bancaire exposé aux risques de l'immobilier...
"Le secteur bancaire marocain reste contraint par sa forte exposition aux risques liés à l'immobilier commercial", dit l'agence, pour qui cette situation est reflétée par les promoteurs surendettés qui font face à une diminution des transactions immobilières.
"Nous prévoyons que le total des prêts improductifs (les créances en souffrance ndlr) restera élevé au cours des deux prochaines années (environ 7%), l’acier, le tourisme, l’immobilier commercial et la construction enregistrant les impayés les plus importants".
"En outre, nous n'excluons pas que les efforts en cours de la Banque centrale du Maroc (BAM) pour harmoniser la classification des prêts et l'augmentation des provisions générales puissent entraîner une baisse des indicateurs de qualité des actifs des banques marocaines", référence sans doute à la révision de la circulaire 19/G.
...Mais sa rentabilité est solide
La rentabilité des banques devrait rester élevée au cours des deux prochaines années, malgré le provisionnement croissant requis par la norme IFRS 9 (adoptée en 2018), en raison du faible coût de la main-d'œuvre et d'une part importante des dépôts à vue (67% de la base de dépôts).
"Nous prévoyons que la croissance du crédit sera stable à 4% en 2019-2020, sur la base de la reprise de la croissance des entreprises et des prêts aux ménages toujours dynamiques. Bien que les marges souffriront des taux d'intérêt bas et de la concurrence féroce dans le secteur bancaire marocain, nous prévoyons que les filiales africaines continueront de contribuer de manière positive à la performance financière des grandes banques marocaines".
S&P s'attend par ailleurs à ce que les entrées de fonds de la clientèle, en particulier des expatriés marocains, continueront à financer intégralement la croissance du crédit, compte tenu du faible accès des banques au financement extérieur. "Nous nous attendons à ce que ces derniers restent marginaux, notamment en raison des coûts élevés de la collecte de fonds pour le Maroc sur les marchés internationaux des capitaux. Nous pensons que les banques continueront à utiliser les marchés des capitaux nationaux pour répondre aux besoins croissants en financement et renforcer leurs fonds propres".
Au début de 2018, BAM a élargi les marges de fluctuation entre le dirham et le panier de devises à +/- 2,5% (contre +/- 0,3%). "Nous prévoyons que la transition sera longue et progressive (15 ans) et n'aura qu'un impact limité sur les banques car la plupart des institutions financières ont une exposition marginale aux actifs libellés en devises", conclut la note sur la partie réservée au Royaume.