OMC : l’heure de la «démondialisation» a-t-elle sonné ?

OMC : l’heure de la «démondialisation» a-t-elle sonné ?

 

La 11ème conférence ministérielle de l’OMC (Organisation mondiale du commerce) s’est déroulée sur fonds de retour du protectionnisme dans le monde. En dépit de la reprise des économies sur le plan mondial, le commerce international n’arrive pas à trouver son rythme d’avant la crise financière de 2008.

 

 

 

Après une année 2016 atone, l’OMC a révisé à la hausse les estimations de la croissance du commerce international pour l’exercice en cours. Cette révision repose sur une embellie de la demande aux Etats-Unis et en Chine et sur une amélioration petit à petit de la conjoncture de l’ensemble des pays de la planète après la crise de 2008.

Mais cela n’empêche pas pour autant de dire que le tableau brossé par l’Organisation mondiale du commerce n’est pas tout à fait reluisant. «L’amélioration des perspectives commerciales est une bonne nouvelle mais des risques substantiels qui menacent l’économie mondiale, restent présents et pourraient facilement compromettre toute reprise du commerce», a commenté son Directeur général, le Brésilien Roberto Azevêdo, lors de la 11ème conférence de l’Organisation à Buenos Aires (Argentine) tenue du 10 au 13 du mois courant.

 

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Trump souffle le chaud et le froid

 

Depuis la crise financière de 2008, les mesures protectionnistes ont affecté 4% à 5% du commerce mondial. Les conférenciers craignent même pour l’avenir du commerce international qui risque d’être compromis avec le président américain Donald Trump. Ce dernier considère que l’OMC s'est égarée de son objectif essentiel. C’est dire la menace qui plane sur l’organisation avec un président qui souffle le chaud et le froid (voir entretien).

D’aucuns considèrent que depuis 2008-2009, la mondialisation s’essouffle. «L’heure de la démondialisation a-t-elle sonné ?», s’interrogent-ils. Le commerce mondial n’arrive pas à trouver son rythme d’avant la crise financière de 2008. «Et comme l’histoire aime la farce, Donald Trump semble prêt à lui porter le coup de grâce», tiennent-ils à préciser.

Mais bien avant l’élection du président américain, les pays en développement (PED) membres de l’OMC sont restés sur leur faim. En effet, plus de 16 ans après son lancement, le cycle des négociations commerciales multilatérales de Doha a apporté peu de résultats favorables aux pays en développement.

Ce cycle devrait servir de «base» au développement du système commercial multilatéral et à la réalisation des principes et objectifs énoncés dans l’accord de Marrakech. «L’objectif souligné dans le préambule de l’Accord sur l’OMC consistant à assurer la protection substantielle des pays en développement au commerce international continue à n’être qu’une expression ambitieuse», souligne avec amertume la ministre du Commerce de la République d’Angola.

Elle étaye ses propos par l’exemple de l’agriculture, un secteur économique phare pour un continent comme l’Afrique. Les efforts déployés par les gouvernements africains pour en faire une locomotive de développement sont un secret de polichinelle. Malheureusement, ces efforts ne peuvent être couronnés de succès tant que le marché international des produits agricoles continue d’être ponctué par une concurrence déloyale, à cause des subventions que certains pays riches accordent à leurs agriculteurs.

Cette concurrence déloyale biaise les principes mêmes de l’OMC, qui prône un système de commerce juste et équitable. A ce titre, les PED plaident pour une décision ministérielle ayant trait à une solution immédiate dans ledit secteur à des fins de sécurité alimentaire (réduire la faim et garantir l’accès à une alimentation sûre, nutritive et suffisante pour tous).

Autre point débattu lors de la conférence et qui sème le doute chez bon nombre de ses membres, en l’occurrence les PED, est la montée en puissance des accords bilatéraux qui se fait au détriment du multilatéralisme. Ils appréhendent l’accord commercial Union Européenne /Mercosur dont la signature est annoncée pour mars 2018.

On ne peut conclure cet article sans parler du Maroc, membre de l’OMC qui, en tant que pays en développement, subit le vent du protectionnisme instauré par les grandes puissances internationales (USA, Chine) qui souffle depuis plusieurs années. Rien que dans le secteur de l’acier, 36 nouvelles mesures de défense commerciale sont mises en place en 2016 uniquement pour les Etats-Unis, la Russie et l’UE. Des mesures qui en disent long sur l’avenir de l’économie de marché. ■

 


Des décisions sur les subventions à la pêche

Les membres de l’OMC ont achevé leur onzième Conférence ministérielle à Buenos Aires le 13 décembre en prenant l’engagement de parvenir à un accord sur les subventions à la pêche, qui concrétise l’objectif 14.6 de développement durable d’ici la fin de 2019.

Ils se sont aussi engagés à améliorer la communication de renseignements sur les programmes de subvention à la pêche existants. En outre, les membres ont pris un certain nombre de décisions ministérielles, dont la prorogation pour deux ans de la pratique consistant à ne pas imposer de droits de douane les transmissions électroniques.

 

 

S. Es-siari

 

 

 

 

 

 

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