◆ 60% des entreprises en faillite et 90% en cessation de paiement.
◆ Sur les 20.000 emplois que recense l’activité, 7.000 sont déjà perdus et près de 8.000 le seront d’ici la fin de l’année.
Par C. Jaidani
Les agences de location de voitures passent par des moments très difficiles. Les faillites des entreprises se multiplient et celles qui sont encore opérationnelles présentent une situation économique et comptable très fragile. Le pire est à craindre d’autant que rien ne présage une amélioration de la situation.
Un constat confirmé par les représentants du secteur. Après une période difficile lors du confinement qui a duré plus de trois mois, les loueurs ont cru voir la fin de leur calvaire. Ils ont tablé sur les vacances d’été pour pourvoir relancer leurs entreprises, mais l’interdiction des déplacements de et vers 8 villes marocaines -connues pour leur potentiel économique, démographique et touristique-, quelques jours avant Aïd Al-Adha, leur a ôté tout espoir.
«Pour nous, le déconfinement présentait une lueur d’espoir pour pouvoir sortir de la salle de réanimation, surtout qu’il coïncidait avec la haute saison. Même si les frontières sont partiellement ouvertes, nous avons misé sur le tourisme interne pour amorcer une certaine relance, qui peut nous assurer ne serait-ce que le minimum vital. L’interdiction des déplacements avant Aïd Al-Adha nous a porté un coup fatal», souligne Rachid Mahir, gérant d’une agence de location de voitures à Casablanca.
Regroupant 2.900 loueurs déclarés en plus des loueurs informels, le secteur recense une flotte de pas moins de 140.000 véhicules. «Notre activité affiche 6 milliards de DH d’encours. Il faut s’attendre à l’effondrement de l’écosystème avec les défauts de paiement. Les faillites vont s’accélérer au fur et à mesure que les banques récupèreront leur crédit. Il est à envisager une saisie en masse des véhicules et au moins 50.000 unités seraient écoulées sur le marché de l’occasion», affirme Tarik Dbilij, ex-président de la Fédération des loueurs de voitures sans chauffeurs au Maroc (Alascam), qui représente plus de 70% des professionnels.
En effet, selon des données dévoilées par cette association, plus de 60% des agences de location de voitures vont déclarer faillite et 90% sont en cessation de paiement. 6.000 dossiers sont déjà devant les tribunaux et leur nombre devrait nettement augmenter dans les mois à venir.
«L’effet est désastreux sur l’emploi. Sur les 20.000 postes que recense l’activité, 7.000 sont déjà perdus et près de 8.000 suivront d’ici la fin de l’année. Conséquence de cela, plusieurs agences ont opté pour le travail à mi-temps. Mais cette situation ne peut plus durer car les entreprises n’ont pas assez de moyens pour résister davantage, surtout qu’il n’existe aucune visibilité. Nous regrettons le manque de soutien de la part du gouvernement. Le département du Tourisme nous a exclus des négociations menées avec les professionnels du secteur, arguant que nous pouvons travailler avec le tourisme national. Alors que 78% de notre chiffre d’affaires sont réalisés avec les MRE et les touristes étrangers», précise Dbilij.