La crise sanitaire, catalyseur de la transformation digitale

La crise sanitaire, catalyseur de la transformation digitale

 

L’innovation et l’entrepreneuriat s'accélèrent particulièrement en cette période de confinement.

 Les secteurs publics et privés ont prévu des plans de continuité reposant sur le digital.

 

Par Y.S

 

S'il y a bien une chose qui permet aujourd’hui, un tant soit peu, d’atténuer et de gérer la crise du Covid-19 (en attendant un vaccin), c’est bien la technologie. Au cœur de la riposte contre la pandémie, les solutions technologiques se présentent comme les uniques alternatives aux nombreuses restrictions désormais imposées.

Que ce soit pour s’informer, apprendre, se soigner, faire ses courses ou simplement se divertir, les millions de personnes confinées au Maroc n'ont aujourd'hui qu'Internet comme issue.

Dans sa dernière sortie médiatique, Mohamed Horani, PDG de HPS, avait expliqué que «la crise du Covid-19 a révélé trois choses : un système sanitaire mondial vulnérable, une globalisation nécessitant une nouvelle gouvernance et une digitalisation qui s'est révélée incontournable pour gérer la crise».

L'importance du digital ne s’est jamais fait autant sentir qu’en cette période de confinement. Une grande partie des Marocains, mais aussi de nos gouvernants, réalise, peut-être pour la première fois, la force du digital.

Face un risque de contagion élevé, beaucoup ont en effet opté pour l'usage des solutions numériques. On parle de paiement de factures, de banque au quotidien, de livraison à domicile, d’enseignement à distance, un large éventail de services est accessible par un simple clic. Quasiment personne ne semble ignorer ces solutions qui facilitent le quotidien, alors que les restrictions aux déplacements se sont durcies.

Si beaucoup de Marocains peuvent bénéficier d'autant de prestations numériques, c'est parce que le Maroc a (heureusement) réalisé assez tôt l'importance de renforcer l'écosystème digital national ou encore digitaliser son administration et son économie.

Autre point positif : un taux de pénétration du mobile supérieur à 130%, ce qui a facilité l’essor de ses solutions.

 

Services publics et privés : On bascule au tout-digital

Dans ce contexte inédit, les différentes structures, dont le fonctionnement est vital pour les citoyens, ont prévu des plans de continuité de service qui reposent principalement sur le digital et l'utilisation des canaux numériques.

La Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) a par exemple mis en place un site électronique «covid19.cnss.ma» destiné au dépôt des demandes pour bénéficier d'une indemnité forfaitaire mensuelle pour les personnes en arrêt temporaire de travail.

L'Office des changes a lancé le Système de management des autorisations, reportings et traitements «Smart», une plateforme qui permet d'introduire en ligne les demandes d'autorisation et la télédéclaration des opérations de change.

Le ministère de la Justice a, quant à lui, assuré que tous les documents demandés peuvent être obtenus par voie électronique et que les dossiers judiciaires peuvent être consultés en ligne. Plusieurs autres services e-gov ont été activés durant cette période de confinement.

Même son de cloche chez les établissements bancaires, qui continuent à servir les clients à travers les réseaux physiques en réaménageant les horaires. Ces derniers ont invité leur clientèle à opter pour les services de banque en ligne.

 S'ajoutent à cela, la distribution des aides financières prévues par le ministère des Finances, le suivi des cours à distance dans les écoles et dans les universités, le télétravail qui prend de l’ampleur, la télémédecine (à travers notamment la plateforme DabaDoc)... et d’autres. Bref, une marche forcée vers la digitalisation, qui en accélère, de fait, la transition vers le Maroc 4.0.

 

L’ADD prend le lead

L'Agence de développement du digital (ADD) a lancé pour sa part plusieurs initiatives digitales afin de favoriser et faciliter le travail à distance au sein des administrations marocaines. Cela concerne notamment le guichet électronique des courriers qui permet l'automatisation du processus de traitement des courriers au sein d'une administration donnée.

En effet, cette solution intègre des fonctionnalités permettant aux agents de l'administration de traiter et suivre les courriers entrants et sortants via des workflows d'affectation et de validation.

 Il s'agit également d'un parapheur électronique permettant une dématérialisation complète des flux documentaires nécessitant une valeur probatoire. Celui-ci intègre de nouvelles fonctionnalités notamment la gestion des workflows métiers (gestion des ressources humaines, achat et logistique, communication interne…) ainsi que la signature électronique des documents administratifs. A ce jour, 6 ministères, 5 collectivités territoriales et 5 établissements et entreprises publics ont adhéré au parapheur électronique.

L'ensemble de ces mesures, qui s'inscrivent dans le cadre des mesures préventives préconisées par le gouvernement pour enrayer la propagation de Covid19, vont pouvoir assurer la continuité du travail administratif tout en réduisant les échanges de correspondances et la paperasse.

 

Quand la crise sanitaire accélère l’innovation...

Loin de freiner la capacité d'innovation des entrepreneurs marocains durant cette période exceptionnelle, cette crise a au contraire stimulé le travail de nombreux talents. À titre d’exemple, l’APEBI (Fédération marocaine des technologies de l'information, des télécommunications et de l'offshoring) s’est récemment mobilisée dans le combat national contre le coronavirus en mettant à profit les technologies digitales.

L’association a ainsi lancé dès le 21 mars dernier l’appel à projets innovants HackCovid : Moroccan Tech Against Covid-19, qui a rencontré un franc succès.

Pour preuve, le premier batch a enregistré plus de 100 candidatures spontanées, issues de start-up, de TPE, PME, de groupes d’étudiants, d’écoles, d’universités, d’acteurs associatifs, d’experts locaux...

Cette forte mobilisation conforte quelque part la prise de conscience des jeunes et moins jeunes passionnés de technologie et leur état d’esprit orienté solutions.

Pour sa part, l'École marocaine des sciences de l'ingénieur (EMSI) a annoncé que ses étudiants ont proposé trois inventions scientifiques médicales pour lutter contre la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19). Ces projets, intitulés «African Saviour», «Digital System Medical Respiratory» et «Moroccan electronic Perspection (MeP)» ont été choisis parmi les dix meilleures innovations au premier Hackathon virtuel Marocovid19, organisé par H&P et Lafactory en collaboration avec des universités maro-caines et l'EMSI.

«Les idées de nos étudiants, bientôt des projets incubés par la société Lafactory, sont à la disposition de la patrie pour contribuer aux efforts du Maroc pour enrayer la propagation de cette pandémie», a confié Kamal Daissaoui, Directeur général de l'EMSI.

 

…Et l’entrepreneuriat

La même dynamique au niveau de l’entrepreneuriat est observée. L'appel à projet lancé par le ministère de l’Industrie, le 29 mars, a reçu un écho favorable auprès des entrepreneurs marocains. 72H après, 42 premiers projets d’investissement ont d'ores et déjà été reçus et présélectionnés par Maroc PME, représentant un montant d’investissement global prévisionnel de 137 MDH, a indiqué le ministère de l’industrie, du Commerce et de l’Economie verte et numérique.

À noter que ce programme «Imtiaz Technologies» soutient financièrement les TPME bénéficiaires à hauteur de 30% du montant global de l'investissement, plafonné à 10 MDH pour les PME et 1,5 MDH pour les TPE. ◆

 

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