Lancer des programmes innovants au profit du secteur est une nécessité.
Il faut aussi plus de visibilité aux opérateurs et remédier aux dysfonctionnements des chantiers en cours.
Par M. Diao
Le secteur de l’habitat et de l’urbanisme occupe une place centrale dans le paysage socioéconomique national. Fatima Zahra Mansouri, la nouvelle ministre responsable du département, devra gérer plusieurs dossiers déjà en cours, entamer de nouveaux chantiers et mener à bien différentes réformes.
La réduction des disparités territoriales est l’un des axes majeurs sur lequel le département de tutelle doit se pencher en priorité. Pour ce faire, il est primordial de consolider les orientations nationales en matière d’aménagement du territoire.
Le Maroc, à l'instar de plusieurs pays du monde, est confronté à une croissance démographique galopante qui s'est accompagnée d'une importante urbanisation. Les villes et les centres urbains constituent aujourd'hui l'espace de vie de 65% des Marocains. Cette urbanisation accélérée a engendré des transformations profondes des territoires, qui ont occasionné plusieurs dysfonctionnements qui handicapent leur compétitivité.
«Face à cet enjeu majeur, le gouvernement devrait mettre en œuvre une politique publique volontariste ayant pour objectif majeur de développer des villes inclusives, productives, solidaires et durables. La politique de la ville doit être axée sur le renforcement du développement humain et la cohésion sociale et spatiale», explique Mohamed Alaoui, expert en immobilier. La réduction du déficit en logement et la lutte contre l’habitat anarchique sont d’autres défis à relever.
D’où l’impérieuse nécessité de combler les lacunes des différents programmes mis en place. Lancé en grande pompe en 2004 sous le gouvernement Jettou, le programme Ville sans bidonvilles (VSB) devait être bouclé en 2012. Prorogé jusqu’en 2016, il n’a toujours pas atteint les objectifs tracés.
Le nombre de villes assainies ne dépasse pas 59 sur un total de 85. VSB a réussi surtout dans les petites et moyennes cités dont la population n’excède pas 200.000 habitants. Pour les grandes métropoles comme Marrakech, Tanger, Fès, Meknès, Agadir et surtout Rabat et Casablanca, la situation n’est pas reluisante. Le programme rencontre de nombreuses contraintes, dont certaines sont liées aux défaillances de la stratégie et la multiplicité des intervenants dans ce domaine.
«Il faut investir de nouvelles pistes plus innovantes. La stratégie du recasement ou du relogement a montré ses limites. La multiplication et le renforcement des centres urbains dans les périphéries des villes permettra de réduire sensiblement l’exode rural, lutter contre l’habitat anarchique et offrir des logements à des prix abordables dans les régions démunies», souligne Alaoui.
Outre la révision des stratégies mises en place, donner plus de visibilité aux opérateurs en vue d’une nouvelle impulsion au secteur devient une urgence. Les activités liées à l’habitat et à l’urbanisme sont sous le coup d’un marasme qui semble perdurer depuis des années.
«Le gouvernement est invité à mettre en œuvre une vision innovante de la politique de la ville capable de répondre aux besoins des citoyens et des acteurs économiques et sociaux. Notamment lancer des plans d’aménagement de nouvelle génération qui respectent les exigences de l’essor démographique et aussi de l’environnement», précise Alaoui. La nouvelle ministre est aussi appelée à poursuivre le chantier de la facilitation des procédures et le renforcement de la dématérialisation.