Une étude sur "le profil de la pauvreté des enfants au Maroc" a appelé, lundi à Rabat, à l'institutionnalisation d'un système de suivi régulier de la pauvreté multidimensionnelle et monétaire des enfants et la mise en place de politiques et stratégies dans les domaines impactant le bien-être de l'enfant.
Élaborée conjointement par l’Observatoire national du développement humain (ONDH), le ministère de la Famille, de la Solidarité, de l’Égalité et du Développement social et l'UNICEF, l'étude a souligné la nécessité d’agir rapidement pour dresser le désavantage du milieu rural et des zones enclavées, notamment en termes d’accès aux services et à l’infrastructure de base.
De même, le document qui analyse le "chevauchement des privations multiples chez l'enfant" a recommandé d’investir dans le développement de la petite enfance, l'adolescence et le monde rural et de mettre en place des interventions de protection sociale sensibles aux enfants. Les principaux résultats de cette étude, basée sur les données de l'enquête panel des ménages de l'ONDH de 2015, ont fait ressortir qu'au niveau national quelque 39,7% des enfants âgés de 0-17 sont dans une situation de pauvreté, c'est à dire privés d'au moins deux dimensions essentielles de leur bien être avec une grande disparité entre les milieux urbain et rural.
Le même document indique que 4 enfants sur 10 au Maroc sont considérés comme pauvre multidimensionnel et 3 parmi ces 4 vivent au milieu rural, tout en soulignant que les risques d'être en situation de pauvreté multidimensionnelle sont plus élevés pour la petite enfance (0-4) et pour les adolescents de 15-17 ans.
Pour la dimension relative à l'eau, un enfant sur 4 vit dans un ménage qui a accès uniquement à des sources d'eau non améliorées, tandis qu'une disparité substantielle est observée selon le milieu de résidence (presque la moitié des enfants du rural est privée de l'accès à des sources d'eau appropriées contre 3% du milieu urbain), a relevé la même source.
Concernant la dimension relative à l'assainissement, le taux de privation pour les enfants vivant dans le milieu rural est d'environ 18% contre moins de 1% pour les enfants qui vivent dans l'urbain, a fait remarquer l'étude qui note que le taux de privation du logement est de 52,2 % pour les enfants du rural comparé à 16,8% pour les enfants résidant dans les zones urbaines.
Par ailleurs, 13,4%des enfants de 0-4 ans sont privés dans la dimension santé, apprend-on de ces résultats qui démontrent que les mères d'environ un enfant sur quatre du milieu rural n'a pas bénéficié des soins prénataux adéquats, notamment à cause des contraintes d'accès à l'infrastructure sanitaire de base.
Pour la dimension de l'assurance maladie, le taux de privation des enfants de 0-4 a atteint 66% dans le milieu rural contre 44% dans le milieu urbain, ont précisé les statistiques, déplorant le fait que 27% des enfants de 0-4 soient touchés par la malnutrition.
S’agissant de l'éducation, les résultats de l'analyse concernant la tranche d'âge 5-14 ans et 15-17 ans ont montré des niveaux de privation très importants, en particulier pour les adolescents, avec un taux de 12,9% des enfants de 5-14 ans qui ne fréquentent pas l'école.
Le taux de privation enregistré chez les adolescents est bien plus élevé. Ainsi 35, 3% de ces enfants sont privés dans la dimension éducation, car ils sont déjà hors système scolaire, ou ayant enregistré un retard dans l'achèvement du collège (12,5% ), a poursuivi la même source.