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Ecole: l’année de tous les dangers

Ecole: l’année de tous les dangers
Chronique. Par Abdelhak Najib
 
 
Après trois mois d’école, nous sommes en droit de faire un premier bilan de cette année scolaire qui ne ressemble à aucune autre. Le constat des 90 jours est pour le moins affligeant. Sans détours, cette année scolaire est fichue. Couacs et approximations. Pagaille et incertitudes. Les parents font leur constat : l’école à la maison est un ratage absolu.
 
Déjà que les enfants avaient du mal à apprendre étant présents en classe, leur dispenser des cours à distance, c’est tout bonnement semer dans le vent. On le sait, l’école, avec toute la bonne volonté du monde, avec l’abnégation du corps professoral, avec l’engagement des instituteurs souffre de maux incurables : absentéisme, médiocrité des programmes, incompétence de nombreux profils d’enseignants, violence, agressivité de part et d’autre entre professeurs et élèves et étudiants, addictions aux drogues et tant d’autres tares qui handicapent tout le système éducatif national et pénalisent l’apprentissage.
 
Sans parler des méthodes de travail où l’on demande à l’élève juste d’apprendre par cœur et de restituer ce qu’il a mémorisé, sans aucun appel à l’intelligence, à la liberté de penser, à la volonté et le désir d’acquérir le savoir et de se nourrir de belles connaissances. Apprend et récite, le reste, on s’en fiche. C’est le mot d’ordre. Ceci pour le constat à froid en ce qui se réfère à notre chère école, qui n’a plus de l’institution sacrée que le nom. Qu’en est-il des cours de loin ?
 
C’est un fiasco à tous les étages. Il ne faut pas hésiter l’ombre d’une seconde de le dire et de le souligner. Les enfants sont déconcentrés. Ils sont ailleurs et le cours dure quelques minutes qui passent en un clin d’œil. Cela s’apparente pour eux à un jeu, pas très attrayant, mais où l’on consomme du temps, pour se débarrasser de ce cours bizarre, par écrans interposés.
 
Les enfants qui ont tant de mal à suivre durant deux heures en classe, avec le meilleur des enseignants, se retrouvent livrés à eux-mêmes, dans leur salon, parfois en pyjama, à écouter un instituteur, qui, lui, non plus, n’y croit pas. N’y croit plus. Ce jeu vicié engendre un vide terrible dont on calculera les conséquences des années plus tard. Parce que la situation est claire et ne souffre aucune ombre : l’année 2019 a été catastrophique. Puis 2020 est tout simplement un vide sidéral en termes d’apprentissage.
 
Deux années d’école fichues en l’air. Dans une vie d’études, cela pèse lourd. On l’a dit, les enfants sont face à leurs écrans, pour ceux qui en ont (les autres, on n’y a pas pensé), ils essaient, puis lâchent prise et attendent la fin de la séance. Les parents, eux, ne peuvent pas aider. Avec toute la bonne volonté du monde, ils n’y parviennent pas. Il faut savoir assister un élève qui prend des cours à distance. Il faut lui donner du temps, l’accompagner, lui faire répéter, réviser avec lui, faire en sorte que l’heure passée sur écran ne se volatilise pas en notions éparses, vites oubliées.
 
Sans oublier que ces mêmes parents n’ont pas le temps. Ils voudraient bien aider leurs enfants, mais c’est tout simplement impossible. Il est vrai que c’est une excellente chose de responsabiliser les enfants, encore faut-il avoir un programme, un concept ficelé et de l’entrainement pour aller de l’avant. La réalité criarde, c’est que ce n’est pas le cas. Les enfants subissent, jouent le jeu, passent le temps qu’il faut sur ordinateur ou tablette, et puis on passe à autre chose. La majorité des enseignants ne s’en cachent pas : apprendre à distance est un ratage. Comment rectifier le tir, avec cette épée de Damoclès sur nos têtes (Covid19) ? Malin qui le dira.
 
 
 

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