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Crédits bancaires : coup de mou en fin d’année

Crédits bancaires : coup de mou en fin d’année

 

- A fin 2017, le taux de croissance du crédit bancaire est tombé à 2,9%

- Les crédits à l’équipement augmentent de 11,4% par rapport à 2016

 

 

L’embellie du crédit bancaire constatée en milieu d’année (+6,2% au premier semestre) n’a pas fait long feu. Le taux de progression des crédits bancaires est en effet retombé à 2,9% au terme de l’année 2017, loin des +4,2% observés en 2016 ou des 4,5% anticipés par la Banque centrale.

Autant dire que le crédit bancaire a fini l’année sur un coup de mou. «La reprise des crédits n’est pas aussi vigoureuse qu’on l’aurait souhaitée, c’est-à-dire à même de garantir un taux de croissance supérieur à 5% ou 6% de manière durable», regrette un banquier de la place. Le secteur public, qui tirait la croissance des prêts pendant les onze premiers mois de 2017, affichant des taux de progression à deux chiffres, a fini par faire machine arrière.

Les données livrées par la Banque centrale font état d’un repli de l’ordre de 5,3% de ce segment au mois décembre, après une hausse de 10,7% un mois auparavant.

 

170 Mds de DH de crédits à l’équipement

 

Même les crédits à l'équipement ont montré quelques signes d’essoufflement, en perdant 0,3% d’un mois à l’autre. Toutefois, sur un an, les banques ont distribué plus de 170 milliards de DH sur ce segment, soit une hausse de 11,4% par rapport à 2016.

Derrière cette décrue, une forte baisse des crédits destinés aux entités publiques (ONCF, OCP, Masen…). La production de ce type de prêts a reculé de 6,1%, soit 2,7 milliards de DH de moins qu’en novembre.

Néanmoins, cette baisse est à nuancer, puisque sur l’année ce segment affiche l’un des meilleurs taux de progression : +28,6%, soit 41 milliards de DH de prêts accordés. Ces établissements publics, qui consentent un certain nombre d’investissements particulièrement budgétivores, n'ont pas beaucoup de difficultés à lever des fonds auprès des banques, la garantie de l'Etat étant un atout supplémentaire.

Par ailleurs, ces entités devraient continuer à soutenir la croissance du crédit bancaire en 2018. Le volume d’investissements prévisionnel des EEP au titre de l’exercice 2018 s’élève à 107,57 milliards de DH, marquant une hausse de 1% par rapport aux prévisions actualisées de l’année 2017 (106,35 Mds de DH).

Les autres segments du marché ont également enrayé la progression des prêts. Les crédits à la consommation ont reculé de 0,2% sur un rythme mensuel, ramenant l’évolution annuelle à 4,3%, avec un encours de 50,85 milliards de DH.

Les crédits immobiliers ont baissé de 0,1%, pour se retrouver avec une croissance annuelle de 4,2% à 257,21 milliards de DH. Ce ralentissement est attribué notamment aux crédits à l'habitat qui n’ont progressé que de 3,6% en 2017, au moment où les crédits aux promoteurs immobiliers ont crû de 8,7% à 60,35 milliards de DH.

À noter également un ralentissement des comptes débiteurs et crédits de trésorerie qui ont fini l’année en retrait de 3,2% à 167,19 milliards de DH.

 

Crédit bancaire vs croissance économique

 

Il est tentant de rapprocher l’évolution de la demande de crédit de celle du produit intérieur brut. A priori, ces deux flux devraient être étroitement corrélés : la croissance économique augmente les besoins à financer (investissement, consommation), améliore la solvabilité des agents économiques et, en conséquence, devrait accroître la demande de crédit. Or, l’année 2016, soldée par un taux de croissance de 1,2%, le plus faible de ces dix dernières années, a connu un taux de croissance des prêts bancaires de 4,5%.

Paradoxalement, l’exercice 2017, bouclé sur une croissance du PIB de 4%, n’a vu les crédits bancaires progresser que de 2,9%.

En cela, la reprise de la demande de crédit ne dépend pas seulement de l’amélioration de l’activité économique. L’on peut donc dire qu’il y a une certaine déconnexion entre ces deux paramètres, du moins pour ces deux dernières années. ■

 

 


Créances en souffrance : 2 milliards de DH de plus qu'en 2016

Les créances en souffrance poursuivent leur trend haussier. Sur un rythme annuel, elles évoluent plus rapidement que le crédit bancaire en marquant une progression de 3,7%. Mais cette évolution demeure moins importante que celle observée en 2016 (+7,1%). En valeur, le portefeuille global des créances à risque a totalisé 63,59 milliards de DH en 2017, soit 2,24 milliards de DH de plus qu’en 2016. Le taux de sinistralité, lui, ressort à 7,55%.

Toutefois, il y a lieu de souligner que les impayés des ménages continuent de s’inscrire en hausse, au moment où une accalmie est enregistrée au niveau des entreprises. D’après les derniers chiffres, l’encours des créances en souffrance sur les ménages enregistre une hausse de 10% en 2017, alors que celui sur les sociétés non financières est en baisse de 0,2%. ■


 

 

Y. Seddik

 

 

 

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