Transformer l’Afrique par le financement du commerce intra-africain, telle est l’ambition d’Afreximbank.
La banque multilatérale africaine a accordé plus de 60 Mds de dollars de crédits entre 1994 et 2017.
L’un des plus grands challenges de l’Afrique est le développement du commerce intra-africain qui tourne autour de 15% contre 59% pour l’Europe et 51% pour l’Asie.
Les causes de cette situation pour le moins pénalisante pour l’émergence du continent, qui compte plus d’un milliard d’habitants, ont trait entre autres, à la pléthore de barrières tarifaires et non tarifaires, la sous-industrialisation ainsi qu’au manque de financement et d’informations commerciales sur les différents pays. Ce contexte a rendu autrement plus important le séminaire portant sur le financement structuré du commerce organisé récemment par la Banque africaine d’import-export (Afreximbank).
«Le choix du Maroc pour abriter une telle rencontre n’est pas fortuit. Les Accords de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) ont été signés en 1994 dans la ville de Marrakech», rappelle Geralfd Nsomba, de l’institution multilatérale panafricaine financière dédiée au financement et à la promotion du commerce intra-africain. Ce dernier n’a pas manqué de vanter les actions du Royaume en faveur du développement du commerce à l’intérieur du continent. «Les importations des pays africains en provenance du Maroc ont fortement progressé. Sachant que 50% des IDE du Royaume sont destinés à l’Afrique», souligne-t-il.
L’événement qui a suscité l’intérêt de plusieurs professionnels nationaux et internationaux (banquiers, investisseurs, entrepreneurs, etc.), était l’occasion pour le top management de la banque panafricaine, créée en 1993, de mieux faire connaître leur institution. Afreximbank dotée d’un capital de 5 Mds de dollars et dont l’actionnariat est caractérisé par la diversité (pays africains, institutions financières, investisseurs internationaux, etc.), opère dans une cinquante de pays du continent.
Transformer l’Afrique
Contribuer à la transformation du continent, telle est la vocation de l’institution multilatérale qui s’évertue à combler le vide laissé par les banques internationales. Plusieurs d’entre elles ont décidé de tourner le dos à l’Afrique jugée, à tort, trop risquée pour les investissements. La banque dirigée par le Nigérian Benedict Okey Oramah a accordé près de 60 milliards de dollars de crédits entre 1994 et 2017 et ce, pour la promotion et la facilitation du commerce à l’intérieur du continent.
D’après Gwen Mwaba, haut cadre
d’Afreximbank, le dessein de l’entité financière est de mettre fin aux incongruités commerciales du continent, en finançant, entre autres l’industrie. «Le développement du commerce intra-africain passe aussi par l’industrialisation», note-t-elle. Tout en étant pourvoyeuse de services en conseil et informations (accès aux marchés), la banque panafricaine a mis en place des programmes de garantie des prêts. «Il faut savoir qu’il est plus facile et moins cher pour un pays comme le Nigéria d’importer du riz d’Asie que d’un pays africain», déplore Gwen Mwaba.
Par ailleurs, la manifestation de Casablanca a également servi de tribune au top management de l’institution basée au Caire pour mettre en avant, à la fois la stratégie de la banque à l’horizon 2021 (en adéquation avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine) et la Foire du commerce intra-africain qui se déroulera du 11 au 17 décembre au Caire.
«L’intérêt de participer à la Foire du Caire tient au fait que celle-ci enregistra la participation de 1.000 entreprises exposantes, 70.000 visiteurs (acheteurs, investisseurs, etc.) avec à la clef 25 Mds de dollars de transactions commerciales attendus», précise Geralfd Nsomba. ■
Un mode d’intervention particulier
Afreximbank n’est présente physiquement que dans 4 pays du continent. En conséquence, l’entité multilatérale financière opère dans les autres Etats africains grâce aux intermédiaires (banques privées, Banques centrales, agences d’export, sociétés, etc.) sélectionnés selon des critères bien définis. Ce choix est légitimé par le fait que les intermédiaires chargés d’effectuer les opérations courantes et la gestion de l’octroi des crédits destinés aux entreprises, sont dans une position aisée pour être au fait des risques locaux, la législation et les opportunités du pays couverts par les opérations d’ Afreximbank. «La banque attend des intermédiaires la sécurisation des remboursements des crédits, un niveau élevé de conformité, ainsi que la diffusion de la bonne information indispensable pour la maîtrise des risques», précise Enga Kameni, du Département des services juridiques d’Afreximbank.
Par M. Diao