Le dernier rapport de la Société financière internationale (SFI), intitulé Creating Markets for Climate Business, confirme que le tableau des changements climatiques n’est pas si noir. Il met en évidence les énormes opportunités que cette menace, l’une des principales du 21ème siècle, représente en particulier pour les pays en voie de développement.
Energies renouvelables (ER), stockage solaire et énergétique hors réseau, agro-industrie, bâtiments écologiques, transport urbain, eau et gestion des déchets urbains, sont autant de marchés à créer et d’investissements à attirer. A ce sujet, l'Accord de Paris pourrait générer 23.000 milliards de dollars d'opportunités d'investissement en faveur de 21 pays émergents.
Le potentiel est là, encore faut-il pouvoir le saisir. Et c'est là où le bât blesse. La SFI, filiale du groupe de la Banque mondiale, met l’accent sur la nécessité d’adopter des réformes gouvernementales profondes ainsi que l’importance de mettre en place des modèles économiques innovants, pour inciter le secteur privé à investir davantage. Surtout que, comme l’a précisé Philippe Le Houérou, CEO de la SFI, ce dernier détient la clé pour lutter contre le changement climatique en apportant l'innovation, le financement et les outils nécessaires à ce combat.
Plus de mille milliards de dollars ont certes déjà été investis dans des projets liés au climat mais cela reste insuffisant par rapport au potentiel que ce défi représente.
Dans les énergies renouvelables, les investissements pourraient atteindre 11.000 milliards de dollars d'ici 2040, à condition d’adopter des mécanismes de promotion des ER, d’établir des titres fonciers et des politiques de soutien au stockage de l'énergie, lit-on dans le rapport.
Quant aux autres secteurs, les investissements sont estimés à 23 milliards de dollars par an d'ici 2050 dans le stockage solaire et énergétique hors réseau, 3.400 milliards de dollars d'ici 2025 dans les bâtiments écologiques, 2.000 milliards de dollars dans la gestion responsable des déchets urbains, 13.000 milliards de dollars d'ici 2030 dans l'approvisionnement en eau et l'assainissement ainsi que des milliards de dollars dans le transport urbain durable.
Au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, par exemple, la SFI a identifié un potentiel d’investissement de 13 milliards de dollars, notamment en Egypte, en Jordanie et au Maroc.
Les pays en voie de développement peuvent de ce fait faire d’une pierre deux coups : lutter contre les changements climatiques tout en créant de la richesse et de l’emploi.
Consciente des enjeux économiques de cette menace climatique, la SFI a investi, depuis plus de 12 ans, 18,3 milliards de dollars de ses propres fonds dans le financement à long terme de projets favorables au climat et a mobilisé 11 milliards de dollars supplémentaires auprès d'autres investisseurs, révèle le rapport. ■
Par L. Boumahrou