Après avoir essuyé deux défaites écrasantes au parlement, la Première ministre britannique Theresa May mène une nouvelle tentative pour convaincre les députés d'approuver son accord sur le Brexit.
Quelque 391 députés ont voté mardi dernier contre l'accord de retrait renégocié avec Bruxelles, alors que seuls 242 étaient en faveur de ce texte, malgré les multiples mises en garde de la dirigeante conservatrice contre les conséquences de ce rejet sur le processus du Brexit en général.
Mercredi, le parlement a rejeté à nouveau un Brexit sans accord avec une marge très inquiétante. En effet, 312 se sont prononcés contre «le no deal», et 308 ont voté pour un départ de l'UE, même sans accord.
L'ambiguïté du résultat du vote avec le refus catégorique de l'accord négocié par Mme May puis le rejet majoritaire d'une sortie de l'UE sans accord, ne laisse pas beaucoup de choix devant les députés britanniques.
La Première ministre a bel et bien saisi cette nouvelle chance pour soumettre à nouveau son texte au vote. Elle a donc soumis une motion proposant aux députés britanniques d'organiser un nouveau vote sur l'accord de divorce, d'ici le 20 mars, soit avant la tenue du conseil européen.
Jeudi, les députés britanniques ont voté massivement contre un second référendum sur le Brexit et ont accepté de se prononcer une troisième fois sur l'accord de Theresa May, tout en reportant la date de leur sortie de l'UE, jusqu'au 30 juin.
Retour à la case départ
Le résultat des multiples votes renvoie finalement au point de départ. Cette semaine l'accord de May devrait être présenté une nouvelle fois aux députés mardi ou mercredi, avant un conseil européen prévu jeudi. D'ici là, May tente de convaincre les fervents eurosceptiques de son parti et ses alliés du Parti unioniste démocrate nord irlandais (DUP), de changer d'avis.
Le Traité de retrait, conclu le 25 novembre dernier, a été recalé le 15 janvier, par 432 voix contre 202, puis le 12 mars, par 391 voix contre 242. S'il est adopté cette fois, May demandera aux dirigeants européens un court report du Brexit, jusqu'au 30 juin. S'il est rejeté à nouveau, alors le report devra aller au-delà du 30 juin et impliquera que le pays organise des élections européennes en mai.
La présidence française a appelé vendredi les Britanniques à soumettre une proposition «claire» sur le Brexit d'ici le sommet européen prévu le 21 et 22 mars.
«Sans clarté, il n'y a pas de solution», a averti la présidence française, selon laquelle Londres a le choix entre l'approbation du plan de Theresa May, un «plan alternatif clair et nouveau», ou une sortie sans accord de l'UE qui «s'impose s'il n'y a pas d'alternative possible».
Londres craint toutefois une nouvelle défaite spectaculaire. Le ministre des Finances Philip Hammond a indiqué dimanche qu'il n'était «pas certain» qu'un vote sera organisé en début de semaine comme prévu.
«Nous ne présenterons de nouveau l'accord que si nous sommes sûrs qu'un nombre suffisant de nos collègues et du DUP sont prêts à le soutenir afin qu'il passe au Parlement», a déclaré Hammond sur la chaîne BBC.
Théoriquement, la Première ministre a besoin d'au moins 75 voix supplémentaires pour pouvoir remporter le prochain vote au parlement. Ce weekend, elle a réussi à convaincre certains députés influents à rejoindre son camp, comme Esther McVey, qui avait démissionné de son poste de ministre du Travail à cause de son désaccord avec le texte de May, ainsi que Charlie Elphicke, membre du groupe de recherche européen et ancien whip, qui a également annoncé son soutien à l'accord.
La situation étant plus compliquée d'avant, il est difficile de prédire le résultat possible. La Première ministre avait toujours averti qu'un long report du Brexit forcerait le Royaume-Uni à organiser des élections européennes fin mai.
"L'idée que les Britanniques se rendent aux urnes pour élire des députés européens trois ans après avoir voté pour quitter l'UE est à peine supportable. Il ne saurait y avoir de symbole plus fort de l'échec politique collectif du Parlement", avait déploré la cheffe du gouvernement.