Pas de potentiel de hausse sur les actions au S2.
Une hausse des taux au second semestre prévisible.
L’aversion au risque sur le marché casablancais ne se dément pas. Ce dernier évolue dans un troisième trimestre de baisse consécutive, avec près de 10% de pertes, ne donnant aucun signal de reprise. La recherche de CDG Capital s’est attardée sur les perspectives du deuxième semestre, en dressant un tableau plutôt sombre : «La lecture des différentes perspectives économiques et fondamentales qu’offre l’année 2018, nous pousse à croire que cette année devrait clôturer sur une note négative».
D’abord, sur le plan macroéconomique, les analystes indiquent que l’environnement actuel présage d’une légère détérioration des indicateurs en 2018 : «nous tablons, sur une légère accentuation des déficits jumeaux, un retour des pressions inflationnistes et un assèchement de la liquidité bancaire» notent-ils.
En plus, ils estiment que l’avenir du marché est aussi conditionné par des éléments qui échappent à toute maîtrise prévisionnelle, le boycott en l’occurrence. «Le climat politique et sociétal pourraient créer des vents contraires sur le marché boursier de Casablanca», lit-on dans la note.
Ils prévoient ainsi un inversement de tendance de la masse bénéficiaire. Les profits des sociétés cotées devraient ressortir en baisse en 2018, après cinq ans de progression (voir graphe). En résumé, ils expliquent que «le paysage actuel brumeux, appuyé d’un ralentissement des indicateurs économiques et sectoriels, ne laissent pressentir une croissance des résultats nets des sociétés cotés. A notre sens, la baisse se poursuivra au S2 2018». Et de poursuivre: «Nous sommes sceptiques quant à l’appréciation des cours boursiers au S2 2018».
Les banques et télécoms privilégiés
Dans ce climat «anxiogène», CDG Capital a tout de même une opinion positive sur certains secteurs. Elle recommande d’abord une stratégie de placement qui privilégie les valeurs de rendement, à fort potentiel de croissance et affichant des profils cohérents avec les fondamentaux. En clair, celles qui présentent un refuge en ces temps d’incertitude. En cela, ils sont positifs sur les valeurs bancaires et télécoms.
Pour les banques, les analystes disent que la région Afrique présente un potentiel continu de croissance, vu le niveau assez bas des taux de bancarisation. Ce potentiel de croissance est également perceptible à travers la comparaison des crédits bancaires rapportés au PIB national des pays d’implémentation, qui fait ressortir des niveaux assez faibles comparés au Maroc. A cela s’ajoute de belles perspectives de croissance économique pour les pays de la région UEMOA et de l’Afrique de l’est, avec des niveaux qui dépassent les 5% en moyenne, selon les prévisions du FMI.
Or, il n’en demeure pas moins que des risques inhérents aux placements en Afrique doivent être considérés, rappellent-ils. Il s’agit, entre autres, du risque pays, du risque de change, et celui de non-paiement.
Pour les télécoms, représentés par la seule valeur du secteur Maroc Telecom, les hypothèses dressées sont une augmentation du chiffre d’affaires du groupe de 2,7% à 35,9 Mds de DH à fin 2018 et une progression de 3,7% du chiffre d’affaires à l’international. Une amélioration de la marge opérationnelle en 2018 à 30,1% contre 29,5% en 2017 est également prévue.
Resserrement des marges des industriels
Pour leur part, les industries et les sociétés de services devraient être confrontées à une hausse des coûts des matières premières cette année, à cause du renchérissement du pétrole, du fret et du charbon. Conséquence: «la pression sur les marges des entreprises cotées va se faire davantage sentir, principalement pour les entreprises dont le pouvoir de détermination des prix est faible». Cette hausse devrait mécaniquement se traduire soit par une hausse des prix de vente - à l’instar du ciment +3% en 2018 - soit par une contraction des marges des entreprises. ■
Marché monétaire : Hausse des taux prévue au S2
Au cours du premier semestre de l’année 2018, le Trésor a baissé ses levées brutes avec un montant global de 40 Mds de DH, contre 48 Mds de DH une année auparavant. En calculant les tombées d’un montant de 26,4 Mds de DH, les levées nettes du Trésor ont fortement reculé, passant de 19 Mds de DH à 5 Mds de DH. Ce rythme devrait s’intensifier au S2-2018, pensent les analystes, sous une double pression de l’accélération du rythme d’exécution budgétaire et l’importance des tombées prévues, dont le montant s’élève à environ 41,6 Mds de DH au S2-2018. De ce fait, CDG Capital indique que les taux moyen et long termes devraient légèrement augmenter, alors que ceux du court terme devraient rester stables.
Y. Seddik