Bachir Baddou, Directeur général de la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurance et de Réassurance (FMSAR)
L’Autorité de contrôle de l’assurance et de la prévoyance sociale (ACAPS) impose aux assureurs un rythme accéléré pour répondre aux défis liés aux nouvelles obligations d’assurance (TRC, RCD, Takaful, catastrophes naturelles) et à la digitalisation. L’élargissement de la masse assurable va certainement booster le chiffre d’affaires du secteur. Le point avec Bachir Baddou, Directeur général de la Fédération Marocaine des Sociétés d’Assurance et de Réassurance (FMSAR)
Finances News Hebdo : Le secteur des assurances est confronté à un défi de taille, celui de l’assurtech. Où en sont les compagnies d’assurances aujourd’hui ?
Bachir Baddou : Aujourd’hui, toutes les entreprises d’assurances ont des projets en interne dans le domaine du digital. D’ailleurs, dans toutes les entreprises d’assurances, on retrouve Monsieur ou Madame «digital» qui travaille sur comment transformer un certain nombre de process pour se rapprocher de la clientèle et lui offrir des services additionnels à forte valeur ajoutée. Actuellement, il y a des compagnies qui donnent à leurs assurés la possibilité de suivre l’évolution du règlement de leurs dossiers en ligne, connaître l’expert le plus proche, on encore d’analyser leur comportement de conduite et leur restituer de l’information via des boîtiers télématiques embarqués sur les véhicules assurés. Tout cela est aujourd’hui une réalité. Il y a également des sujets qui nous permettent de nous rapprocher de nos collaborateurs sur le terrain et dans l’animation. On essaie de mettre à leur disposition des applications digitales afin qu’ils puissent suivre la production, les indicateurs des agents dont ils assurent l’animation sur le terrain. Tout s’accélère. De sorte qu’on risque d’être dépassé par un acteur qui vient avec une nouvelle offre décentralisée et facile à utiliser.
C’est pour cela qu’il faut être très au fait de ce qui se passe et rester très ouvert à l’innovation. Il est important de souligner que, très souvent, les plus belles innovations en matière de digital ne viennent pas toujours des pays développés et matures. Des expériences très intéressantes existent au Kenya, au Nigéria et dans certains pays africains où la distribution n’est pas très développée, les routes ne sont pas faciles d’accès…
Ces pays, avant de passer par les canaux classiques, réfléchissent directement à des solutions digitales.
F.N.H. : Pour se préparer à la disruption de l’assurance, un travail se fait-il en amont entre les compagnies d’assurances et l’ACAPS ?
B. B. : Dans le livre IV du code des assurances qui tarde à sortir, il y a la reconnaissance de la vente en ligne qui n’existe pas aujourd’hui. Nous avons toujours quelques limitations pour faire un acte de vente à 100% en ligne. C’est le seul préalable au niveau de la supervision.
Après, l’ACAPS va exiger d’autres conditions pour la protection des assurés qui vont souscrire des contrats d’assurance sur le Net.
F.N.H. : Il s’agit, entre autres, de l’une des missions de cette direction créée récemment au sein de l’ACAPS ?
B. B. : Effectivement, cette direction concerne la protection des assurés au sens large du terme. Hassan Boubrik, le président de l’ACAPS, donne une très grande importance à cette direction. Le travail qui nous attend est énorme.
F.N.H. : L’obligation des couvertures relatives à la TRC, à la RCD, au Takaful et aux Catastrophes Naturelles se traduirait par un élargissement de la masse assurable. Sous quelles conditions, ces chantiers, une fois en application, boosteraient- ils le chiffre d’affaires généré par le secteur et amélioreraient-ils le taux de pénétration ?
B. B. : En ce qui concerne les catastrophes naturelles, c’est plus facile à savoir parce que nous connaissons déjà les contrats qui vont être concernés et il s’agit d’une couverture additive. Les textes d’application vont bientôt sortir et nous parlons d’une enveloppe de primes qui devrait avoisiner les 600 MDH.
Par contre, pour la TRC et la RCD, c’est plus difficile à chiffrer parce qu’il y a déjà un nombre important de structures organisées qui s’assurent. Il reste donc les opérateurs les moins structurés et certains promoteurs individuels qui, en souscrivant, vont certainement améliorer le chiffre d’affaires. Pour le Takaful, personne ne peut dire aujourd’hui quel sera l’impact de cette nouvelle branche d’assurance sur le chiffre d’affaires du secteur.
F.N.H. : Si l’on revient à la RCD, est-ce que l’écosystème est prêt, allusion faite aux bureaux d’études, aux architectes…?
B. B. : L’écosystème est complet. On le fait tourner depuis plusieurs années. La RCD et la TRC sont des produits que nous connaissons et que nous pratiquons. ■