Présentation des résultats 2018 de Saham Assurance. S.Z / Boursenews.
Première sortie médiatique du management depuis l'arrivée de Sanlam dans le tour de table.
Restreindre l'assistance gratuite, limiter l'indemnisation rapide ou encore l'utilisation de la data... Les pistes du secteur pour limiter la fraude automobile.
A.H
Premier exercice de communication financière pour le nouveau top management de Saham Assurance. Il fallait montrer, et surtout prouver, qu'il n'y a pas de déperdition dans la stratégie depuis le passage dans le giron du Groupe Sanlam, que ce rapprochement n'est pas une simple opportunité financière à court terme pour les actionnaires sortants et que Saham Assurance continuera à faire ce qu'elle sait faire de mieux : être leader dans la non-Vie.
Christophe Buso, Directeur général de la compagnie depuis le dernier trimestre de 2018, s'est prêté à l'exercice. Un story-telling maîtrisé, quelques messages précis et une présentation limpide ont permis aux analystes et à la presse une prise de contact en douceur avec le personnage. Rentabilité, synergies avec Sanlam et priorités commerciales étaient au centre de son propos.
La compagnie sort en effet d'un exercice bon sur le plan commercial, mais peine à dégager de la rentabilité. Les primes ont dépassé les 5 Mds de dirhams en 2018 (+7,8%). C'est mieux que les prévisions données lors du projet d'OPA obligatoire lancé par les nouveaux actionnaires. Mais c'est surtout un témoin de la capacité de la compagnie à croître plus vite que la moyenne du marché et donc de grignoter des parts de marché. L'activité non-Vie reste le cheval de bataille de Saham. Elle poursuit sa croissance avec un chiffre d'affaires en hausse de 9,3% en 2018, s'établissant à 4,17 Mds de dirhams.
L'automobile représente plus de la moitié des revenus de la branche avec 2,2 Mds de dirhams, suivie par l'accident corporel avec 967 MDH. Saham a emmagasiné une expérience telle, dans la non-Vie, que les équipes de Saham Finances dirigent aujourd'hui le branche pour le groupe Sanlam hors Afrique du Sud.
Dans la branche Vie, la croissance est plus modeste, ne dépassant pas 2,1% à 1,04 Md de dirhams. Sur cette branche où Saham Assurance vend ses produits à travers son partenariat avec Crédit du Maroc, la compagnie veut capitaliser sur l'expérience de son propriétaire Sanlam, leader continental en la matière, pour améliorer «l'offre et la distribution». Les encours en bancassurance sont de l'ordre de 2,5 Mds de dirhams depuis que Saham s'est lancée dans cette branche, assure le management.
Sinistralité automobile : «La fraude a pris de l'ampleur»
L'effort commercial de Saham Assurance est complètement absorbé par la sinistralité de la branche automobile. Un problème de place qui touche particulièrement l'assureur bien présent sur ce segment. Cela se reflète par son résultat technique en recul de 3,7% à 576,7 MDH. «La sinistralité automobile est une grande menace pour la rentabilité du secteur qui se trouve actuellement en bas du cycle», commente Christophe Buso pour qui la fraude est l'une des principales causes. «La fraude à l'assurance est un phénomène qu'on retrouve dans beaucoup de pays. Au Maroc, elle a pris de l'ampleur dans les sinistres automobiles. Il faut s'en occuper rapidement».
L'urgence est réelle quand on voit que le ratio combiné non-Vie de Saham Assurance est à 99,67%, en croissance rapide par rapport à 2017 où il était de 95,57%. Le ratio S/P brut (sinistres rapportés aux primes), indicateur «cru» du poids des sinistres, est lui passé de 65,36% à 68,92% entre 2017 et 2018. Si les pistes sont nombreuses pour sortir de cette situation, le management écarte celle de la hausse des prix, du moins la hausse généralisée et systématique.
Pour Buso, la solution viendrait beaucoup plus de la mise en place d'un dispositif antifraude efficace. Cela va des mesures «pragmatiques» comme «éviter de l'espace pour les fraudeurs», à l'utilisation de l'intelligence artificielle et le traitement de données. «Assurer un véhicule sans le voir est un risque. Faire des photos avant de l'assurer me paraît être un bon départ», lance Buso. «On peut aussi détecter les cas de fraude en surveillant les processus grâce aux recoupements de données, ce qui nécessite des formations pour les collaborateurs. L'utilisation des données peut aussi faire ressortir des cas potentiels de fraude. Il y a des logiciels qui travaillent avec des outils apprenants».
Pour Buso, l'indemnisation sans réparation génère aussi des risques, de récidive notamment. «C'est pour cela qu'il faut l'encadrer», insiste le DG de Saham Assurance, et d'annoncer que l'ensemble du marché a pris la décision de limiter l'indemnisation rapide sans réparation à un cas par an et par contrat avec un plafond de 10.000 DH. Les compagnies veulent aussi restreindre les prestations d'assistance gratuite. Les véhicules de remplacement gratuits en cas de panne ou d'accidents seront supprimés par exemple.
Signalons enfin que le résultat financier réalise un bond en avant de 17,1% en 2018 à 615 MDH, dans un contexte de marché pourtant difficile. Les placements financiers ont augmenté de 5,1% sur la période à 13,42 Mds de dirhams. Saham Assurance affiche un ratio de solvabilité proche de 200% avec plus-values.