Anas Doukkali, DG de l’ANAPEC : «Il y a quelques difficultés en ce qui concerne la création d’entreprise»

Anas Doukkali, DG de l’ANAPEC : «Il y a quelques difficultés en ce qui concerne la création d’entreprise»

 

 

Anas Doukkali, Directeur général de l'Anapec, revient sur les défis à relever pour résorber le chômage et créer plus de richesse. La promotion de l’auto-emploi en fait partie. Entretien.

 

Finances News Hebdo : Où en est la mise en œuvre du Plan de développement Anapec 2016/2020 sachant que le contrat Etat-Anapec n'est pas encore signé ?

 

Anas Doukkali : Le plan de développement Anapec 2016-2020 a été mis en place pour professionnaliser l’intermédiation et la gestion des prestations de l’Anapec, que ce soit sur le plan territorial ou catégoriel. Il se traduit par des objectifs chiffrés relatifs au nombre d’insertions par année, des bénéficiaires de formation à l’emploi ainsi que des personnes accompagnées dans le cadre de l’auto-emploi. Nous sommes à la deuxième année de la mise en place de ce plan qui devait en principe se faire dans le cadre d’un contrat Etat-Anapec qui n’est toujours pas signé.

Il est donc question aujourd’hui avec le nouveau Plan national de promotion de l’emploi, qui sera mis en place par l’actuel gouvernement, d’une mise à jour de la contractualisation Etat-Anapec, notamment en matière de contenu.

Cela dit, malgré ce retard, force est de constater qu’il y a eu une évolution des réalisations de l’Agence. En chiffres, nous avons réalisé en 2016 une évolution de près de 20% par rapport à 2015, notamment en ce qui concerne les prestations d’entretien de positionnement, ainsi que les ateliers de recherche d’emploi. Aussi, nous avons enregistré une évolution de 8% aussi bien sur le programme d’insertion Idmaj que sur le programme d’employabilité. Par contre, il y a quelques difficultés en ce qui concerne la création d’entreprise. Nous avons certes évolué sur la partie de l’accompagnement, mais cela ne se concrétise pas automatiquement en création du projet.

 

F.N.H. : Promouvoir l’entrepreneuriat figure parmi les priorités de l’Agence. Ce créneau séduit-il aujourd’hui les jeunes ? Que faites- vous pour que ce soit le cas ?

 

A. D. : L’objectif à atteindre d’ici 2020 est de 3.000 créations par an. Or, nous ne sommes qu’à 1.000 entreprises créées. Cette année, nous prévoyons d’accompagner 2.500 jeunes. Mais de l’accompagnement à la création, il y a un long chemin à parcourir qui ne dépend pas uniquement de nous, mais d’autres intervenants (formation, accès au foncier et au financement, etc.).

C’est pour cela que dans le Plan national de promotion de l’emploi, il y a un volet qui concerne l’auto-emploi qui vise la mise en place d’un écosystème entrepreneurial au niveau de chaque territoire.

Nous y sommes, nous essayons de fédérer les différents acteurs et mettons en place des programmes en activant les dispositifs régionaux de l’emploi et en scellant des partenariats (Entraide nationale, Agence de développement social et ONG, etc.) qui vont nous aider à atteindre ces chiffres.

Parallèlement, l’Anapec, dans le cadre de l’amélioration et du développement de l’auto-emploi, s’est lancée dans la mise en place d’incubateurs, soit d’une manière propre ou de manière partenariale.

 

F.N.H. : Etre à proximité des jeunes est une condition sine qua non pour honorer les engagements tenus par l’Agence. Comment comptez-vous étoffer votre réseau ?

 

A. D. : Effectivement, la création de nouvelles agences est en cours pour ne citer que celles de Nouacer dédiée principalement à l’aéronautique qui va ouvrir incessamment, de Ouazzane (prévue fin 2017), de Fkih Ben Salah, de Driouch…

Aussi, nous avons créé 6 centres d’orientation professionnelle au niveau des provinces dans le cadre d’un programme d’appui à l’emploi des jeunes ruraux.

Nous prévoyons également, d’ici la fin de l’année, de mettre en place des unités mobiles au niveau des petites collectivités afin d’étoffer notre réseau.

Par ailleurs, toucher toutes les catégories voudrait dire aujourd’hui que nous mettons en place des offres de services adaptées. Une pour les non-diplômés a déjà été mis en place. Nous avons démarré avec 5 agences pilotes et nous comptons en ouvrir d’autres.

Pour le placement à l’international, nous venons de lancer le premier espace d’information et d’orientation dédié au marché allemand, avec la perspective d’ouvrir 4 autres. Quant aux immigrés régularisés, ils bénéficient d’un réseau d’agences qui les accompagne.

Nous avons également inauguré 4 agences universitaires et nous visons 12 à l’horizon 2020. Avec ces réalisations, nous confirmons aujourd’hui que le plan est sur les rails et que les moyens financiers suivent pour l’instant.

Aussi, nous puisons énormément dans les opportunités qu’offrent aujourd’hui les régions. A ce jour, nous avons déjà signé des partenariats avec 7 d’entre elles. Des budgets seront consacrés pour l’adoption de nouvelles mesures. Nous avons besoin de moyens pour renforcer nos capacités en puisant également dans les programmes de coopération, notamment celui avec la Belgique pour l’entrepreneuriat féminin (renforcer les capacités des agents Anapec) ou avec l’Allemagne (formation de 400 conseillers).

Ces programmes nous permettront aussi d’améliorer les outils utilisés notamment à travers l’utilisation d’un portail pour l’auto-emploi, une plateforme d’e-learning, des capsules numériques pour pouvoir déployer nos prestations à distance…

 

F.N.H. : Talon d’Achille du marché de l’emploi, l’inadéquation entre l’offre et la demande continue de faire défaut. En tant qu’intermédiaire entre l’employeur et l’université, comment expliquez-vous cet écart ?

 

A. D. : Il faut avouer que l’offre n’est pas suffisante. Il y a de plus en plus de lauréats qui arrivent sur le marché du travail que ce dernier n’arrive pas à absorber. Et ce n’est pas forcément à cause de l’employabilité, puisque l’Etat a consenti des efforts pour adapter la formation aux besoins des entreprises à travers l’Anapec, mais aussi les dispositifs mis en place, notamment pour les secteurs émergents. Mais c’est plutôt une question d’insuffisance d’offre.

Cela dit, en tant qu’acteur d’intermédiation, nous appelons les entreprises à participer davantage dans la formation des futurs lauréats. A ce propos, l’Anapec, à travers la formation à la carte, invite l’entreprise à choisir l’opérateur de formation, à retenir et valider le programme de formation et à assister aux évaluations. Nous sommes conscients que plus l’entreprise est associée de manière précoce au processus de formation mieux sera l’employabilité.

 

F.N.H. : Malgré les efforts déployés, le marché de l’emploi n’arrive toujours pas à résorber le chômage dont le taux oscille autour de 10% ?

 

A. D. : Pour absorber le chômage, il faut créer de l’activité économique qui émane certes de l’investissement national et international, mais également de la jeune entreprise, de la start-up, de l’entreprise innovante, de la TPE et donc de l’entreprenariat. C’est la raison pour laquelle il faut encourager et miser sur cet entrepreneuriat pour créer plus de richesse et plus d’emplois. ■

 

 

Propos recueillis par L. Boumahrou

 


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