Le ramadan, l’Aïd Al Fitr, les vacances d’été, l’Aïd Al Adha et la rentrée scolaire sont autant de moments et d’évènements importants aux yeux des Marocains. La particularité de ces dernières années tient au fait que les vacances d’été, la célébration de l’Aïd Al Adha et la rentrée des classes se dérouleront pratiquement à quelques jours d’intervalle, notamment pour ce qui concerne le démarrage effectif des cours prévu par le ministère de tutelle le 7 septembre 2017 et l’une des plus importantes fêtes religieuses en Islam qui se tient cette année le 1er septembre 2017.
Si pour les enfants, la rentrée scolaire et la «fête du mouton» suscitent un certain engouement par l’occasion de retrouver les camarades d’école et de se livrer au jeu de la comparaison du «Hawli» le plus majestueux du quartier, tous les parents n’affichent pas la même sérénité et l’enthousiasme de leur progéniture face à ces deux événements particulièrement budgétivoires, de surcroît enclins à obérer les ressources des ménages.
"Pour les 20% des ménages les moins aisés, le total de cette double dépense (rentrée scolaire et l’Aïd al-Adha) dépasserait 78% de leur dépense moyenne totale sur un mois (HCP)"
D’ailleurs, les derniers chiffres officiels sur le sujet émanant du haut-commissariat au Plan (HCP) sont édifiants à maints égards. En effet, pour les 20% des ménages les moins aisés, le total de cette double dépense (rentrée scolaire et l’Aïd al-Adha) dépasserait 78% de leur dépense moyenne totale sur un mois. En conséquence, l’on comprend aisément que c’est non sans inquiétude que les foyers les moins privilégiés et la classe moyenne appréhendent le mois de septembre de cette année riche en faits marquants.
Face aux dépenses récurrentes qui ne cessent d’augmenter dans les grandes villes et agglomérations, auxquelles s’ajoute le double poste de dépense précité, certains ménages n’ont d’autre choix que de recourir à l’endettement par le biais de crédits à la consommation proposés par les enseignes bancaires et les sociétés de financement. L’épargne pourrait certes éviter à certains foyers de se tourner vers des proches ou des établissements de crédit pour faire face à ce genre de situations exceptionnelles.
Toutefois, à en croire le HCP, seuls moins de 6% des ménages marocains arrivent à épargner. De ce fait, les crédits à la consommation constituent un réel ballon d’oxygène pour bon nombre de familles étant dans l’incapacité de joindre les deux bouts.
La dette financière des ménages marocains auprès des banques et des sociétés de financement a atteint son plus haut niveau en 2016. L’encours de cet endettement s’élève à 309 Mds de DH
Il est judicieux de souligner que la dette financière des ménages marocains auprès des banques et des sociétés de financement a atteint son plus haut niveau en 2016. L’encours de cet endettement s’élève à 309 Mds de DH, en hausse de 4,3% comparativement à l’année 2015. Elle représente ainsi 30% du PIB. Au-delà de cette situation qui renseigne sur la propension des ménages à recourir à l’endettement, qu’en est-il des éléments à même d’influencer les prix des moutons à l’occasion de la grande fête religieuse ? ■
Prix, offre et demande et facteurs-clefs
Au registre économique, la fête de l’Aïd Al Adha constitue une aubaine pour le monde rural. En effet, grâce à la vente des ovins et des caprins, ce sont près de 10 Mds de DH qui sont transférés des villes vers le monde rural, qui enregistre un taux de pauvreté largement supérieur à celui du milieu urbain. Outre cette précision, le tout est de savoir si les prix des moutons enregistrent une hausse ou une baisse cette année. A l’évidence, les chiffres communiqués par le département de tutelle sont de nature à rassurer la population sur le risque de l’envolée des prix. En effet, l'offre en cheptel ovin et caprin, destiné à l'abattage pour la fête de l'Aïd Al Adha 2017, s’élève à près de 9 millions de têtes, pour une demande globale estimée à 5,43 millions de têtes, dont 4,9 millions d’ovins et 530.000 de caprins. Cette configuration agit favorablement à la baisse des prix au grand bénéfice du consommateur marocain ou le cas échéant au statu quo. Interrogé par nos soins, Ben M'barek Fenniri, président de l’Association nationale ovine et caprine (Anoc) tempère l’annonce faite par le département dirigé par Aziz Akhannouch.
«Je suis assez surpris des chiffres révélés par la tutelle. Je situerai l’offre en cheptel ovin et caprin pour la fête de l’Aïd Al Adha plutôt autour de 7,5 millions de têtes», confie-t-il, tout en reconnaissant l’offre abondante du pays en la matière.
A en croire les derniers chiffres officiels communiqués, le cheptel national ovin et caprin compte au total 25,47 millions de têtes, dont 19,87 millions d'ovins et 5,6 millions de caprins. Toujours d’après le président de l’Anoc qui s’emploie à défendre les intérêts des éleveurs, tout en améliorant la productivité de l’élevage ovin et caprin, les prix des aliments de bétail, facteurs-clefs pour la détermination des prix des moutons, n’ont pas sensiblement baissé comme cela devrait être au regard de la bonne campagne agricole 2016-2017.
Pour rappel, les conditions climatiques favorables de la campagne agricole précitée ont contribué à la disponibilité des ressources fourragères et céréalières qui n’ont pas substantiellement modifié la structure des prix des aliments de bétail. Notons que cette année, l’aliment composé s’échange autour de 3.000 DH la tonne et entre 2.000 et 2.500 DH la tonne d’orge.
Au regard de ce qui précède, Ben M'barek Fenniri reste formel: «Généralement, les prix ne seront ni en recule ni en hausse par rapport à ceux de l’année dernière. Ils seront similaires avec une qualité en nette progrès». A titre illustratif, le kilo de la race «Sardi» s’échange entre 42 et 50 DH. Par ailleurs, les hommes d’Aziz Akhannouch veillent à la stabilité des prix et aux conditions sanitaires des ovins et caprins destinés à l’abattage. ■
Par M. Diao