Agrumiculture : Faut-il craindre une crise de surproduction ?

Agrumiculture : Faut-il craindre une crise de surproduction ?

Les prévisions tablent sur une hausse de la récolte de 29% au titre de l’actuelle saison.

A l’export, les produits marocains font face à une concurrence exacerbée des produits étrangers.

 

Par C. Jaidani

 

En dépit de la sécheresse, le ministère de l’Agriculture table sur une récolte des agrumes en forte hausse au titre de la saison 2020-2021. Les prévisions font état d’une production qui devrait tourner autour de 2,45 millions de tonnes contre 1,9 million de tonnes une année auparavant, avec une hausse de 29%.

Les raisons de cette performance, comme l’explique le département de tutelle, sont le fruit des efforts déployés dans le contrat-programme signé entre l’Etat et les professionnels dans le cadre du Plan Maroc Vert.

Les nouvelles dispositions ont permis de renouveler les plantations à travers des variétés plus productives, d’utiliser des intrants de qualité, d’encourager l’irrigation localisée et de faire un accompagnement technique adéquat des cultures.

Mais la filière est devenue ces dernières années victime de son succès à cause d’une crise de surproduction. Les marchés local et international ont montré leurs limites pour absorber tous les produits. Les exploitants craignent que le scénario de la saison 2018-2019 se répète, période lors de laquelle le secteur avait enregistré une production record de plus de 2,62 millions de tonnes.

Les exploitants avaient alors accusé une perte sèche de 2 milliards de DH. «Lors de ladite saison, nous avions enregistré une belle récolte engendrant une hausse de l’offre et, par conséquent, une baisse des prix. Face à cette situation, certains exploitants ont été contraints de laisser les fruits périr dans les arbres au lieu de les récolter. Le coût de revient des produits était devenu plus élevé que le prix du marché», témoigne Hamid Berrahou, un agriculteur de la région du Gharb. A l’instar d’autres filières agricoles, l’agrumiculture nationale est marquée par une fluctuation de la production selon les saisons sous l’effet de plusieurs paramètres, dont notamment les aléas climatiques (sécheresse, grêle, chergui…).

Au niveau de l’export, les exploitants sont confrontés à la concurrence des autres pays, surtout méditerranéens, comme la Turquie, l’Egypte ou l’Espagne. «La qualité et le prix sont importants pour se positionner sur le marché international, mais il y a d’autres facteurs qui entrent en jeu comme la date de la cueillette. Si elle est précoce, elle donne un certain avantage aux produits marocains. Il faut souligner également que malgré la proximité du Maroc avec l’Europe, le dispositif logistique national ne permet pas d’accéder rapidement aux marchés. La valeur du Dirham a également un effet contraignant du fait qu’elle est nettement supérieure à d’autres monnaies, notamment égyptienne ou turque», explique-t-on auprès de la Fédération interprofessionnelle des agrumes (Maroc Citrus).

Mais, selon une note de la FAO, le marché est très porteur cette année dans la plupart des pays importateurs d’agrumes, sous l’effet de la hausse de la demande due au coronavirus (les consommateurs recherchant des produits à base de vitamine C). L’offre des pays concurrents du Maroc sera en deçà de celle de la saison 2018-2019 où elle avait enregistré un record.

 

3 milliards de DH à l’export
D’une superficie de près de 130.000 ha, la production moyenne annuelle d’agrumes s’élève à 2,4 millions de tonnes. La gamme des produits est diversifiée, mais trois principaux groupes se distinguent, à savoir le groupe les Clémentines avec une part de 24%, Maroc Late 20%, et Navels 19%. La filière regroupe 13.000 exploitants assurant la création de près de 32 millions de journées de travail (22 millions au niveau des vergers, 7 millions au plan de la valorisation (conditionnement et transformation) et 3 millions au niveau des autres activités indirectes. Pour leur part, les exportations oscillent autour de 650.000 tonnes par an, générant un montant de 3 milliards de DH.

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