Le bénéfice des populations des provinces du sud du Royaume des revenus de la pêche et de l’agriculture ont été mis en exergue au Parlement européen lors d’un échange de vues, mardi soir, avec le commissaire européen chargé des Affaires économiques et financières, fiscalité et douanes, Pierre Moscovici.
Lors de ce débat au sein de la commission du Commerce extérieur du Parlement européen (INTA) sur le renouvellement de l’accord agricole entre l'Union européenne (UE) et le Maroc, M. Moscovici a relevé que ce texte répond à trois objectifs, à savoir l’obligation de se mettre en conformité avec l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne de décembre 2016, l’ambition de soutenir le développement local en attribuant des préférences tarifaires aux produits originaires de la région et l’impératif de ne pas interférer avec le processus politique de règlement en cours aux Nations unies.
Pour le commissaire européen, cette question relève de la responsabilité exclusive de l’ONU et l’UE ne peut que soutenir ce processus en se gardant de ne pas s’y immiscer.
Il a tenu à préciser que tout au long du processus de consultation qui a été mené de manière large et inclusive avec tous les acteurs concernés pour le renouvellement de l’accord, «la Commission européenne s’est efforcée d’éviter toute interprétation qui s’apparenterait à un changement de position ou d’opinion de l’Union européenne» vis-à-vis de cette question.
«Nous avons adopté une approche neutre et dépolitisée», a souligné le commissaire européen, appelant les députés européens à faire de même.
«Il ne vous est pas demandé de vous prononcer sur le statut définitif du Sahara. Ce qui est demandé c’est la création d’une base légale pour accorder des préférences tarifaires aux produits issus du Sahara au profit des populations du Sahara», a affirmé le commissaire européen à l’adresse des eurodéputés membres de la Commission INTA du Parlement européen.
Ces préférences tarifaires, a-t-il expliqué, contribueront au développement socio-économique de la région et partant à sa stabilité, notant que l’accord devrait bénéficier de manière significative à l’économie de la région avec des retombées positives attendues dans les principaux secteurs d’activité que sont l’agriculture, la pêche et potentiellement les phosphates.
Selon le commissaire européen, 45.000 emplois locaux dépendent directement ou indirectement du secteur de la pèche et 14.000 emplois dépendent directement de la production agricole.
Pour l’économie locale, ces chiffres montrent l’impact économique positif de la coopération commerciale européenne sur la région qu’il ne faudrait pas sous-estimer, a relevé le commissaire européen.
Pour lui, refuser d’octroyer les préférences tarifaires aux produits issus de la région compromettrait de manière significative les exportations de la région et aurait un impact extrêmement négatif sur les populations.
Le commissaire européen a rappelé, dans ce contexte, que le processus d’évaluation des bénéfices pour les populations sera régulièrement suivi par un mécanisme prévu dans l’accord.
«L’Union européenne continuera de suivre l’impact et l’utilité de ces accords sur la population et le développement local», a-t-il assuré, rappelant que la mission de députés européens de la commission INTA qui se rendra début septembre au Maroc aura l’occasion de constater sur le terrain l’impact et le bénéfice des accords de l’UE sur la population et le développement local.
Prenant la parole lors de ce débat, le président du groupe d’amitié UE-Maroc, Gilles Pargneaux a fait savoir qu’en l'absence de préférences tarifaires dues à un accord commercial, les exportations de la région vers l’Europe se verront fortement impactés, ce qui pénaliserait directement l'économie et les populations locales.
Le député européen a également relevé que le commerce avec l’UE constitue l’un des leviers ayant permis «l’incroyable développement des villes comme Laâyoune, Dakhla ou Boujdour».
Pour M. Pargneaux, il suffit de se rendre sur place pour voir d’une part les nombreuses constructions et les nombreux projets en cours.
D'autres intervenants ont de leur côté souligné la nécessité d'élargir les préférences tarifaires aux produits originaires des provinces du sud du Royaume et la nécessité de renouveler dans les meilleurs délais l'accord agricole et l'accord de pêche dans l'intérêt bien compris à la fois de l'UE et du Maroc.
Rappelons que le Conseil des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Union européenne (UE) a adopté, en juillet dernier à Bruxelles, sa décision portant adaptation de l'accord d'association et de l’accord agricole avec le Royaume de nature à inclure expressément le Sahara marocain.
Il s’agit d’une mesure, conforme à la décision de la Cour de Justice de l’UE sur l'accord de libéralisation des produits agricoles et autres du 21 décembre 2016, qui vise à consacrer dans les textes l'extension des préférences tarifaires au Sahara marocain.
Avec MAP