Croissance 2018 : La douche froide du HCP

Croissance 2018 : La douche froide du HCP

 

En 2018, la croissance de l’économie nationale va décélérer et se situer à 2,8%. Cela s’explique certes par un retour à la normale des activités agricoles, mais surtout par des activités non agricoles qui peinent à décoller.

 

 

Le taux de croissance de l’économie marocaine en 2018 ne fera guère mieux que 2,8% selon le haut-commissariat au Plan (HCP) qui a présenté son budget économique prévisionnel relatif à l’année 2018. Et n’allez pas dire à Ahmed Lahlimi, haut-commissaire au Plan, que ces prévisions sont un tantinet pessimistes par rapport à celles du gouvernement ou celles des autres institutions conjoncturistes.

«Notre modèle de prévision est rigoureux et a fait la preuve de sa précision», souligne-t-il d'emblée.

Il faut noter que la prévision du HCP se base sur des hypothèses plutôt optimistes, à savoir une campagne agricole moyenne malgré le retard des pluies, un baril de pétrole à 60 dollars (contre 70 dollars au moment où nous mettions sous presse). Elle table également sur une reprise de la demande mondiale adressée au Maroc. Celle-ci devrait croître de 4% en 2018 selon le HCP.

Mais, s’interroge Lahlimi, «aura-t-on la capacité de profiter de cette hausse de la demande adressée au Maroc» ?

Toujours est-il que l’économie nationale continue donc de faire le yoyo d’une année à l’autre, dans le sillage de la baisse prévue de la valeur ajoutée agricole de 2,1% en 2018, après la campagne agricole exceptionnelle de 2017. Mais l’essentiel n’est pas là. «L’économie marocaine s’est habituée à cette alternance de mauvaises et bonnes campagnes agricoles», affirme Lahlimi.

 

Le non agricole reste insuffisant

 

Pour le HCP, ce qui pénalise toujours autant la croissance, c’est la timidité avec laquelle les activités non agricoles (industrie et services) progressent. Le secteur non agricole devrait tout de même enregistrer un léger mieux en 2018 et 2019, avec une valeur ajoutée en progression respectivement de 2,7% et 3%.

Mais «ce n’est pas assez. On reste loin des 5% de croissance que connaissait en moyenne annuelle le non agricole avant 2013», déplore Lahlimi. «C’est le secteur sur lequel il faut mettre le paquet pour alimenter la croissance, augmenter les réserves internationales et contribuer à réduire le déficit de la balance commerciale».

Le HCP ne manque pas de rappeler que ce secteur reste dominé par des activités classiques du Maroc (phosphates, tourisme, etc.). Les métiers mondiaux du Maroc, comme les industries aéronautiques et automobiles, ne semblent toujours pas trouver grâce aux yeux du HCP.  «Il y a une montée en puissance de ces activités, mais cela reste marginal», explique Lahlimi.

Surtout, cette progression «timide» demeure bien insuffisante pour répondre à la demande additionnelle sur le marché du travail en augmentation continue. Le chômage devrait même s’aggraver en 2018, passant à 10,5% au lieu de 10,2% pour 2017 et 9,4% en 2016.

Pour le HCP, il est urgent de relever le contenu technologique des produits  classiques et de valoriser le potentiel latent des nouveaux produits dans les secteurs de l’industrie, de l’énergie et des services à haute valeur ajoutée. «C’est un impératif catégorique», déclare Lahlimi.

 

Forte pénétration des importations

 

L’autre point nodal soulevé par Lahlimi concerne la propension du Royaume à importer plus qu’il n’en faut. Le Maroc affiche en effet l’un des taux de pénétration des importations les plus élevés comparativement à d’autres pays émergents : ce taux est de 41% dans le Royaume, alors que pour les pays émergents, il se situe autour de 25% en moyenne.

«L’amélioration que connaissent les exportations n’a pas permis d’atténuer le déficit de la balance commerciale qui absorbe une part importante du stock en devises étrangères», précise le HCP.

Selon les derniers chiffres de l’Office des changes, la balance commerciale en 2017 s’est à nouveau détériorée de près de 5 milliards de DH (+2,6%).

De ce point de vue, la réforme du régime de change, entamée lundi 15 janvier, et qui devrait quelque peu renchérir le coût de certaines devises, apparaît comme un moyen de faire sortir certains importateurs de leurs zones de confort ? ■

 

 

A.E

 

 

 

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