Campagne agricole 2018/2019 : la pluie se fait désirer

Campagne agricole 2018/2019 : la pluie se fait désirer

 

Le déficit pluviométrique, qui sévit depuis le 24 novembre, commence à inquiéter les agriculteurs.

S'il venait à se poursuivre, il risquerait d’impacter les récoltes.

 

Par C. Jaidani

 

«Allah y rhamna !»: littéralement que «Dieu ait pitié de nous». C’est l’expression véhiculée par de nombreux fellahs en référence à l’absence de pluies. A sebt Tit Mellil, Had Soualem en passant par Khmiss Médiouna, les agriculteurs rencontrés dans les souks hebdomadaires de la périphérie de Casablanca, sont unanimes quant à la tournure inquiétante que prend la campagne agricole 2018/2019.

Et pour cause, après un automne prometteur en termes de précipitations, la pluie se fait désirer depuis le 24 novembre 2018, et les prévisions météorologiques n’annoncent aucune perturbation dans les jours à venir. Ce constat est partagé par de nombreux exploitants du Royaume, puisque l’absence de pluie est quasi généralisée sur tout le territoire.

«Deux mois sans pluies, cela risque d’impacter sérieusement les plantes (la céréaliculture ou les légumineuses) surtout qu’elles sont en phase d’épiaison ou du tallage, une période importante pour leur croissance», résume Mohamed Taki, président d’une coopérative agricole dans la région de Benslimane.

L’inquiétude commence à s’installer dans le monde rural même si les agriculteurs gardent espoir, surtout que la campagne a bénéficié d’un excellent démarrage, aidé en cela par une bonne répartition des pluies dans l’espace et dans le temps. A mi-novembre 2018, le cumul pluviométrique dépassait de 30% la moyenne des 5 dernières années et tout laissait présager, à cette date, une saison exceptionnelle.

«Chaque campagne a ses propres spécificités et ses surprises. L’année dernière, tout le monde avait perdu espoir quand la pluie avait pris un sérieux retard. Elle n’a commencé qu’à partir de la deuxième quinzaine du mois de décembre mais la saison s’est soldée en fin de compte par des récoltes record. Cette année, on a eu droit à un bon début de saison mais la situation risque de basculer si la sécheresse perdure. Nous sommes également inquiets de la vague de froid et de grêle qui va pénaliser l’état végétatif des plantes», souligne Taki.

Les zones bours sont le plus affectées par cette absence de pluie, contrairement aux zones irriguées qui bénéficient d’un niveau de remplissage des barrages importants (voir encadré). De l’avis de plusieurs spécialistes, la campagne agricole n’a pas encore atteint le seuil critique, car tout peut rentrer dans l’ordre si l’on enregistre des intempéries dans les 15 jours à venir. Passé ce délai, des dégâts collatéraux seront envisageables.

«Les semis précoces (15 octobre et 15 novembre) ont bénéficié d’un apport en eau important. Ils peuvent résister à cette vague de sécheresse et de grêle. Par contre, les semi-tardifs sont vulnérables à ces conditions climatiques», explique Hicham Tamri, ingénieur agronome. ◆

 


Barrage : Taux de remplissage de 62%

En dépit de cette période de sécheresse, le volume de stockage en eau des barrages a atteint, au 4 janvier 2019, 9,42 milliards de m3, soit un taux de remplissage de 62,2% contre 5,43 milliards de m3 à la même période de l’année dernière, équivalent à un taux de remplissage de 35,9%. Il ressort de ces données que la situation des réserves des barrages est confortable, assurant une bonne visibilité pour les périmètres irrigués pendant cette année et l’année prochaine. Mais si la situation perdure, les ressources hydriques seront mises à rude épreuve.

 

 

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