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De nouvelles priorités pour les banques panafricaines

De nouvelles priorités pour les banques panafricaines

 

Le cadre réglementaire devient beaucoup plus contraignant en Afrique subsaharienne.

Les Groupes BCP, BMCE BOA et Attijariwafa bank obligés de repenser leur stratégie de gestion actif-passif.

 

Par David William

 

Au total, pour toute la Zone franc, les 179 banques doivent mobiliser, sur la période 2017–2022, un supplément de capital de plus de FCFA 1.000 milliards pour respecter Bâle III». C’est l’une des conclusions de l’étude publiée dernièrement par le cabinet Finactu, qui estime que «la nouvelle réglementation bancaire aura des effets complexes, sans doute globalement très positifs à
long terme, mais avec de possibles dommages collatéraux importants à court terme, notamment pour les banques les plus faibles».

La multiplication des normes prudentielles en Afrique subsaharienne change donc forcément la donne, notamment pour les banques marocaines présentes dans cette région, à l’instar des Groupes Banque Centrale Populaire, BMCE Bank of Africa et Attijariwafa bank. Entre la pression exercée au Maroc par la norme IFRS 9 sur les fonds propres, l’implémentation de Bâle II - Bâle III et la réforme du nouveau plan comptable bancaire en Afrique de l’Ouest, le pilotage du bilan est logiquement érigé en priorité par les banques panafricaines.

Et ce, d’autant que la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a ajouté un nouveau tour de vis réglementaire, en instaurant deux mesures choc : la limitation du refinancement adossé à des titres publics ou privés à deux fois les fonds propres et la hausse des taux de refinancement qui sont passés de 3,5 à 4,5%.

 

Réactions différenciées

Les banques panafricaines ont réagi de façon différenciée au durcissement du cadre réglementaire. Au sein de BMCE BOA, il a été décidé de calmer le jeu et de prendre un peu de recul. Le Groupe a ainsi signifié, lors de la présentation des résultats semestriels 2018, sa décision de faire une «pause dans la croissance des actifs bancaires, à la recherche d’une optimisation bilancielle en adéquation avec le contexte réglementaire». Il faut dire que les directives de la BCEAO n’ont pas été sans effet pour le Groupe présidé par Othman Benjelloun : il a été contraint de réduire de 12% son portefeuille obligataire et bons du Trésor (UEMOA) entre juin 2017 et juin 2018.

Au niveau du Groupe BCP, cette «inflation» de normes réglementaires est appréciée autrement. Si elles ont été favorablement accueillies en ce qu’elles permettent d’augmenter la résilience du secteur bancaire, elles ont surtout poussé le groupe à repenser son modèle organisationnel et de gouvernance, au bénéfice de ses filiales bancaires. Ce qui ne l’a pas empêché de constater les impacts de Bâle II et Bâle III. Comme nous l’explique Kamal Mokdad, Directeur général du groupe BCP, en charge de l’International, «les augmentations de fonds propres que nous avons effectuées se situent à un peu plus de 60 milliards de FCFA (environ 100 millions d’euros), dont 2/3 au niveau de Atlantic Business International (ABI) et le reste pour les filiales bancaires ».

Par ailleurs, ajoute-t-il, les directives de la BCEAO «ont, mécaniquement, eu une conséquence sur le niveau de liquidité disponible sur le marché. Ce qui a eu un impact sur la cadence d’augmentation des crédits à l’économie et, en conséquence, sur la marge d’intérêts des banques qui a diminué».

Mais, contrairement au Groupe BMCE BOA qui a choisi de «faire une pause dans la croissance des actifs bancaires», le Groupe BCP nourrit toujours des ambitions de développement soutenues en Afrique, malgré le durcissement de l’environnement réglementaire. On en a pour preuve le deal en cours avec le Groupe BPCE, qui lui permettra d’étendre sa présence géographique en Tunisie, au Congo, au Cameroun et à Madagascar.

Pour autant, le contexte réglementaire actuel contraint globalement les banques marocaines implantées en Afrique à repenser leur manière d’y faire du business : il s’agira pour elle de redéfinir profondément leur stratégie de gestion actif-passif, trouver d’autres alternatives de financement, voire de prendre davantage de risque afin de générer de la marge d’intérêt. ◆

 

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