L’évolution du cadre réglementaire a eu des impacts négatifs sur les indicateurs.
Le Groupe a décidé de faire une pause dans la croissance des actifs bancaires.
Une augmentation de capital attendue en 2019.
Brahim Benjelloun-Touimi, administrateur-Directeur général exécutif du Groupe BMCE Bank of Africa, avait déjà annoncé la couleur il y a quelques mois de cela : le Groupe va revoir ses priorités et mieux piloter son bilan. Et ce, à la lumière notamment de l’évolution de l’environnement réglementaire au sein duquel opère le groupe bancaire, que ce soit au Maroc ou encore dans le reste de l’Afrique.
Le discours tenu lundi dernier par le top management de la banque, à l’occasion de la présentation des résultats semestriels 2018, est allé dans le même sens. Après de fortes années de croissance, particulièrement sur la période 2012-2017, il s’agit désormais de faire une «pause dans la croissance des actifs bancaires, à la recherche d’une optimisation bilancielle en adéquation avec le contexte réglementaire». Autrement dit, initier une gestion plus active du bilan, voire même céder certains actifs les moins stratégiques.
Le métier de la banque, d’une manière générale, va-t-il donc changer ? Certainement. Et le top management de BMCE BoA ne dit pas autre chose. «La façon de distribuer l’épargne que nous collectons va changer», confirme-t-il, ce qui, forcément, peut avoir un impact sur le financement de l’économie nationale.
C’est l’une des conséquences de la norme IFRS 9 : elle exerce une pression sur les fonds propres, mais aussi sur le coût du risque. D’ailleurs, BMCE BoA a vu son total bilan consolidé passer de 319,7 à 296,5 Mds de DH de juin 2017 à juin 2018, soit une régression de 7,2%, tandis que les crédits consolidés distribués se sont contractés de 2% à 178 Mds de DH entre décembre 2017 et juin 2018.
«Nous avons redimensionné notre activité commerciale au cours du premier semestre pour mieux piloter les fonds propres, en adéquation avec les exigences réglementaires», souligne à ce titre Benjelloun-Touimi, précisant que «nous devons avoir la dimension adéquate par rapport aux moyens mis à notre disposition par les actionnaires».
Cela n’a pas pour autant empêché la banque d’ouvrir 7 nouvelles agences au Maroc au cours du premier semestre, portant la taille du réseau à 735 unités à fin juin 2018, pour 124.936 nouveaux comptes ouverts. De même, Bank of Africa a continué à étendre sa présence territoriale, avec l’ouverture de 18 nouvelles agences sur l’année glissante, portant la taille du réseau à 576 unités.
Indicateurs financiers en baisse
La stratégie d’optimisation du bilan a conduit à une dépréciation des indicateurs financiers au premier semestre 2018. Le produit net bancaire consolidé affiche ainsi un repli de 2,8% à 6,5 Mds de DH, avec des charges générales d’exploitation dont la hausse est contenue à 0,7% et qui baissent de 0,7% en social.
Pour sa part, le coût du risque consolidé s’apprécie d’un semestre à l’autre de 2,4% à 649 MDH, et de 11,5% en social.
De son côté, le résultat net part du groupe s’établit à 1,125 Md de DH, soit une régression de 12,7%. Le Maroc représente 57% du RNPG contre 43% pour l’international dominé par l’Afrique, qui contribue à hauteur de 39% au RNPG.
Parallèlement, le Groupe a renforcé sa politique de couverture des risques à travers notamment une hausse de 40% du stock de provisions qui s’élève à 13,1 Mds de DH à fin juin 2018, suite à l’application de la norme IFRS 9. Ainsi, le taux de couverture des créances en souffrance passe de 63,6 à 85,2%, intégrant les provisions sur les créances saines.
En social, le résultat net de BMCE Bank ressort en retrait de 9,5% à 1 Md de DH, tandis que le produit net bancaire enregistre une diminution de 3,7% à 3,3 Mds de DH.
Le top management indique, à ce titre, que «le second semestre 2018 devrait s’inscrire dans la même tendance qu’au 1er semestre 2018».
Inquiétant ? «Nous sommes optimistes par rapport à la suite des évènements et nous allons gagner de l’argent dans l’avenir», rassure-t-il. D’où l’importance du plan stratégique arrêté sur la période 2019-2021 (dont les détails n’ont pas encore été dévoilés) et qui devrait permettre de renouer avec un nouveau cycle croissance. ■
Augmentation de capital en 2019
BMCE BoA devrait procéder à une augmentation de capital en 2019 pour renforcer l’assise financière du Groupe et faire face aux pressions sur les fonds. Des investisseurs nationaux et internationaux ont d’ores déjà manifesté leur intérêt pour cette opération, fait savoir Benjelloun-Touimi. Il est prévu qu’elle soit «la plus ouverte possible et pourrait concerner l’ensemble des salariés du Groupe», ajoute-t-il.
Par D. William