Maroc-Afrique du Sud : Ingratitude

Chronique Spéciale Marocaine - Maroc-Afrique du Sud : Ingratitude

Par David William, Directeur des rédactions


 

C’est une interview très lucide que le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Nasser Bourita, a donnée, dimanche, à l’hebdomadaire sud-africain The Sunday Times. Diplomate, mais guère langue de bois, il a asséné ses vérités aux politiques sud-africains. Tout en reconnaissant que compte tenu de la dimension économique des deux pays, ils se doivent de «travailler ensemble pour développer un modèle de coopération interafricaine et de coopération sud-sud».

Parmi les principaux domaines qui s’offrent à cette coopération entre les deux pays, le ministre a cité le développement de la zone de libre-échange africaine et le transport aérien.

Sauf qu’en l’état actuel des choses, difficile d’envisager une évolution des relations économiques entre les deux pays, parce qu’un vent particulièrement frais circule entre Rabat et Pretoria. Et ce, compte tenu de l’initiative de Pretoria de «prendre position sur une question qui concerne une région située à des centaines de kilomètres, une position qui va à l’encontre de celles de l’ONU et de l’Union africaine (UA)», rappelle Bourita. Faisant ainsi référence, entre autres, à la décision pour le moins ridicule et incongrue de l’Afrique du Sud d’abriter, les 25 et 26 mars dernier au siège de son ministère des Relations internationales, une conférence de soutien aux séparatistes du polisario.

Une conférence à l’antipode du processus onusien visant à trouver une solution au différend régional artificiel au sujet du Sahara marocain.

«Normalement, si vous êtes un pays qui œuvre dans le cadre de la communauté internationale, vous devez aider sans préjugé et sans se ranger du côté d’une partie», martèle Bourita.

«L’Afrique du Sud a choisi une autre voie», déplore-t-il.

Une voie d’autant plus regrettable que les dirigeants sud-africains actuels semblent insulter l’histoire, voire sont frappés de myopie intellectuelle, feignant notamment d’oublier le soutien apporté par le Maroc à la lutte du peuple sud-africain contre le régime de l’apartheid.

Mieux encore, comme le rappelle Bourita, le leader historique sud-africain Nelson Mandela avait été accueilli dans le Royaume au début des années 1960. A défaut d’être neutres, ils devaient, au moins,
ne pas faire preuve d’ingratitude. ◆

 

 

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