Recherche et innovation : BAM réaffirme le rôle crucial des Banques centrales

Recherche et innovation : BAM réaffirme le rôle crucial des Banques centrales

◆ L’Afrique ne produit que 2,6% des publications scientifiques.

 

◆ Les Banques centrales du continent peuvent jouer un rôle considérable dans le développement de la recherche et exercer un effet d’entraînement sur leur écosystème.

 


Par : Momar Diao


 

A l’échelle mondiale, les pays les plus développés sont ceux qui investissent le plus dans la recherche et l’innovation. Aujourd’hui, ces deux paramètres s’affirment comme des facteurs de progrès incontournables. Or, les chiffres disponibles montrent que l’Afrique a encore du chemin à faire en la matière. Pour preuve, le continent qui ne produit que 5% de la richesse, mesurée en parité de pouvoir d’achat et qui abrite près de 17% de la population mondiale et plus du quart en 2050, n’est à l’origine que de 2,6% des publications scientifiques.

Ces données traduisent l’impératif pour la coopération internationale et les Etats africains de multiplier les efforts pour valoriser le capital humain du continent, sans lequel nulle avancée notable ne peut être enregistrée au cours des prochaines années. «Développer le capital humain et la recherche n’est pas un objectif facile, nous en sommes bien conscients au Maroc. Malgré toute la volonté et un effort budgétaire de près de 6% du PIB, nous avons des difficultés à mettre notre système éducatif sur la voie qui permettrait de disposer des compétences que requièrent le marché du travail et encore plus le développement de la recherche et l’innovation», constate Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib (BAM), lors de l’édition 2019 du Congrès africain de l’Econometric Society, qui s’est déroulée récemment à Rabat.

Il est utile de rappeler que l’Econometric Society, créée en 1930, promeut l’adoption des méthodes statistiques en économie. Cette rencontre qui a regroupé d’éminents chercheurs africains et étrangers, a été rehaussée par la participation du lauréat du prix Nobel d’Economie en 2011, le professeur Christopher Sims. Ce dernier a édifié l’auditoire sur la relation entre la croissance des crédits bancaires et celle du PIB, tout en faisant un focus sur la crise financière de 2008 dont l’épicentre a été les USA.

Le plaidoyer de Jouahri

L’autre temps fort de la rencontre a été le panel qui a permis aux experts de l’économie marocaine de livrer des pistes devant servir de contours au nouveau modèle de développement du Royaume, en lien avec l’intégration économique dans l’espace africain (Voir entretien). Ceci dit, dans des domaines comme l’économie et la finance, il existe un besoin urgent d’une recherche de pointe tenant compte des spécificités africaines. Dans le même ordre d’idées, le gouverneur de la Banque centrale est formel : «L’Afrique se doit de renforcer ses propres compétences et de développer ses capacités nationales». Et d’ajouter : «Les Banques centrales sont particulièrement conscientes de ce défi.

La prise de décision en matière de politique monétaire requiert une connaissance approfondie de l’économie et des déterminants de sa performance». D’où l’urgence de bâtir des modèles, qui s’appuient sur les nouveaux paradigmes de la science économique, tout en ne perdant pas de vue les réalités africaines. Du côté de BAM, l’on reste persuadé que de par l’autonomie dont elles jouissent, les Banques centrales du continent peuvent jouer un rôle important dans le développement de la recherche et exercer ainsi un effet d’entraînement sur leur écosystème. Par ailleurs, la manifestation a permis de mieux mesurer la présence de la diaspora africaine au sein des universités étrangères les plus prestigieuses.

Des avis abondent dans le sens qu’il incombe aux autorités nationales de concevoir des mécanismes suffisamment attractifs afin d’attirer cette diaspora dans l’optique de tirer profit de son expertise. Ce qui, d’après Jouahri, devient d’autant plus déterminant que l’Afrique amorce aujourd’hui un grand chantier d’intégration économique avec le lancement de la zone de libre-échange continentale. Laquelle n’a de chance d’aboutir que si d’autres domaines connexes, notamment la recherche et l’enseignement, sont pris en consideration.


Un département dédié à la recherche


Outre les différentes entités opérationnelles, BAM a mis en place, il y a plus d’une décennie, un département dédié à la recherche et à la réflexion sur les questions stratégiques et les problématiques en lien avec ses principales missions. Des programmes de coopération avec le monde académique aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale ont également été développés avec le concours de différentes Banques centrales étrangères. Cette initiative est en réalité à l’origine du programme «chercheur visiteur». Lequel a donné l’opportunité aux cadres de BAM de collaborer avec des experts venant de Banques centrales issues des pays développés (Etats-Unis, Canada, Pologne, etc.). Notons tout de même que ce programme pourrait être élargi aux chercheurs africains. 

 


 

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