Moncef Belkhayat : «Nous voulons une véritable vision pour le commerce»

Moncef Belkhayat : «Nous voulons une véritable vision pour le commerce»

 

Un rééquilibrage entre le circuit de distribution moderne et traditionnel est nécessaire.

Il faut trouver des solutions pérennes à l’informel et la contrebande, des activités qui pénalisent fortement le circuit organisé.

Le point avec Moncef Belkhayat, président de la Fédération des métiers de la distribution des produits de grande consommation (Tijara 2020).

 

Propos recueillis par C. Jaidani

 

Finances News Hebdo : Quels sont les objectifs des prochaines Assises du commerce ?

Moncef Belkhayat : L’objectif principal est de prendre en considération les problématiques du secteur, notamment les difficultés rencontrées avec l’administration comme la douane, la DGI ou l’ONSSA.

Il est question aussi de mettre en œuvre un certain rééquilibrage entre la distribution moderne et la distribution traditionnelle.

Au programme, figure également le déploiement d’un dispositif de formation au profit des cadres et des jeunes talents pour développer le secteur. Nous voulons une véritable vision pour le commerce, capable de mettre à niveau l’activité et lui donner une nouvelle impulsion pour les années à venir.

 

F.N.H. : Le commerce est un secteur stratégique qui a cumulé plusieurs dysfonctionnements. Pensez-vous que deux jours sont suffisants pour cerner toutes les préoccupations des professionnels et proposer des recommandations ou des solutions ?

M. B. : Les Assises du commerce sont précédées par des rencontres au niveau régional. Le ministre de tutelle mène depuis un certain temps une tournée nationale dans les 12 régions du pays pour rencontrer les commerçants et leurs représentants. Des réunions sont organisées avec les chambres de commerce et les associations pour recueillir tous les avis et les différentes doléances en vue de préparer une plateforme de base pour les discussions lors des assises.

Je tiens à souligner que Moulay Hafid Elalamy est connu pour sa réactivité, sa rigueur et son esprit fédérateur, permettant de converger les points de vue, même ceux les plus opposés. Une qualité qu’il a montrée à plusieurs niveaux. Dès sa nomination, il s’est engagé à consacrer, en priorité, la moitié de la durée de son mandat pour l’industrie et lors de la deuxième moitié, il se focalisera sur le commerce.

Personnellement, je suis optimiste que les deux jours des Assises seront assez suffisants pour trouver des solutions et dresser une feuille de route pour le secteur.

Les participants trouveront une base qui résume toutes les doléances et les propositions pour entrer dans le vif du sujet et se pencher avec célérité sur les différents problèmes. L’événement permettra de dresser les recommandations concernant le volet fiscal, un sujet qui préoccupe tous les professionnels de l’activité.

 

F.N.H. : Le commerce regroupe plusieurs secteurs (grande distribution, détaillants, marchands ambulants, etc.). Les préoccupations et les aspirations des uns et des autres ne sont pas les mêmes. Pour leur part, les textes de loi sont parfois dépassés. Pensez-vous qu’il soit possible de faire converger tous les points de vue lors de cet événement ?

M. B. : Il faut reconnaître qu’il faut une mise à niveau du volet légal et juridique. Au-delà des textes de loi, des inquiétudes subsistent quant à leur non-application. L’informel et la contrebande sont toujours omniprésents dans le commerce national et ils impactent sérieusement le circuit organisé. Des points de rentrée de marchandises de contrebande comme Sebta, Mellilia et Guergarate demeurent très actifs, et ce en contradiction avec les lois et les réglementations en vigueur.

Le gouvernement avance des considérations sociales pour justifier ce constat. Mais tôt ou tard, il faudra trouver une solution. Un commerçant ne peut investir de l’argent et supporter plusieurs contraintes (payer des taxes et impôts, répondre aux normes, etc.) et se retrouver, en fin de compte, face à une concurrence déloyale par un commerçant de contrebande qui ne paye rien à l’Etat et dont les produits ne respectent pas les normes en vigueur.

 

F.N.H. : Justement concernant l’informel. En tant que professionnel, avez-vous des recommandations dans ce sens ?

M. B. : L’informel est un sujet très complexe. Il faut distinguer les personnes qui sont dans le besoin et qui cherchent un moyen de subsistance et les autres constituées en véritables mafias qui importent illégalement des produits sans payer de droits de douane, ni de taxes et sans aucun respect des autres obligations juridiques, tout en générant de gros profits.

Pouvez-vous imaginer que 40% des importations de thé au Maroc se font à partir du port d’Agadir et transitent par le Sahara. Alors qu’il y a quelques années, elles étaient à 11% seulement. Ils profitent du régime fiscal différent dans cette région pour écouler cette denrée dans le reste du territoire national. Il faut que de telles pratiques cessent. ◆

 

 

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