Les recettes fiscales ne font plus "recettes"…

Les recettes fiscales ne font plus "recettes"…

 

- Le défi des finances publiques relève davantage de l’accélération des recettes que de la maîtrise des dépenses, selon Attijari Global Research.

- Une politique plus expansionniste est préconisée pour relancer la croissance économique.

 

«Depuis 2012, les recettes fiscales du Maroc évoluent à un rythme moyen inférieur à la croissance économique» : c’est le constat fait par les équipes d’Attijari Global Research (AGR), dans une note intitulée «Quelle physionomie d’équilibre budgétaire au Maroc». Les recettes fiscales ont ainsi enregistré durant la période 2012-2017 une progression moyenne de 2,6% comparée à 3,4% pour le PIB.

Selon AGR, la progression des revenus IS est plutôt irrégulière et manque de dynamisme, tandis que les recettes TVA sont impactées par les remboursements au titre du butoir (l’Etat a réalisé un déboursement TVA de 10,7 MMDH au titre du butoir, notamment en 2016 et 2017).

Cette déconnexion entre les recettes fiscales et la croissance économique peut s’expliquer par plusieurs paramètres selon AGR :

  • La faible contribution de l’agriculture à l’impôt,
  • La persistance de l’informel,
  • les difficultés de certaines industries (ex. BTP et manufactures),
  • L’arrivée à maturité de secteurs grands contributeurs à l’IS (ex. finance et télécoms).

Cet essoufflement des recettes fiscales se confirment en 2018. Les recettes de l’impôt sur les sociétés (IS) ont baissé de 11,6% à 25,5 milliards de DH au S1, et les revenus des monopoles reculent de 29,9% à 3,2 milliards de DH durant cette même période.

Cette tendance à la baisse des revenus fiscaux devrait se poursuivre au deuxième trimestre 2018, à cause d’un environnement économique «peu enclin à renverser la tendance des revenus fiscaux durant le S2-18, principale rubrique des recettes ordinaires du Trésor avec une contribution moyenne de 85,6%», souligne AGR. 

Dans le même temps, sur le volet dépense, la discipline budgétaire a porté ses fruits, affirme AGR. «L’Exécutif a adopté une orthodoxie budgétaire qui a permis un recul de moyen de 1,% des dépenses ordinaires durant la période 2012-2017. Une stratégie payante mais qui reste à maintenir à l’avenir».

Un effort a été fait sur le contrôle de l’évolution de la masse salariale et sur les autres dépenses de fonctionnement. Par ailleurs, des économies importantes ont été réalisé grâce à la réforme de la caisse de compensation. Aussi, la charge de compensation est-elle passée de 6,5% du PIB en 2012 à 1,4% en 2017.

Cette analyse fait dire à AGR que «le défi des finances publiques relève davantage de l’accélération des recettes que de la maîtrise des dépenses». 

Et de conclure : «nous pensons qu’une politique plus expansionniste propice à une croissance plus forte constitue une piste sérieuse de réflexion». En d’autres termes, après plusieurs années d’orthodoxie budgétaire, qui a permis de ramener le déficit budgétaire de 6,8% en 2012 à 3,5% en 2017, les équipes de la recherche d’Attijari semblent plaider pour une politique de relance sur un mode Keynésien. 

 

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