Parité en politique : L’Exécutif déçoit

gouvernement Maroc 2017 Parité

 

Avec moins d’un quart de femmes au sein de l’Exécutif, autant dire que l’approche genre n’a pas été le premier souci d’El Othmani dans la formation de son équipe. Un coup dur pour l’esprit de la Constitution ?

 

La photo du nouveau gouvernement, dirigé par Saad Eddine El Othmani, se passe de tout commentaire ! Les femmes, le peu qu’il en est dans l’Exécutif, sont tassées en arrière-plan et sont peu, très peu visibles. D’ailleurs, il a suffi que la liste des ministres soit rendue publique pour que les commentaires fusent pour dénoncer une sous-représentativité féminine au sein de la majorité et le peu de femmes héritant de postes de seconde importance. Elles sont neuf femmes seulement dans un Exécutif de 39 hauts commis, soit un peu moins du quart !

Autant dire que nous sommes loin, bien loin de l’esprit de la Constitution qui dans son préambule souligne que «Il (le Royaume du Maroc) développe une société solidaire où tous jouissent de la sécurité, de la liberté, de l’égalité des chances, du respect de leur dignité et de la justice sociale, dans le cadre du principe de corrélation entre les droits et les devoirs de la citoyenneté».

Une faible représentativité qui ne tient aucun compte de l’article 6 du texte constitutionnel qui dispose «Les pouvoirs publics oeuvrent à la création des conditions permettant de généraliser l’effectivité de la liberté et de l’égalité des citoyennes et des citoyens, ainsi que de leur participation à la vie politique, économique, culturelle et sociale».

Pis, dans l’article 19 il est écrit noir sur blanc : «L’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental, énoncés dans le présent titre et dans les autres dispositions de la Constitution, ainsi que dans les conventions et pactes internationaux dûment ratifiés par le Royaume, et ce dans le respect des disposi­tions de la Constitution, des constantes et des lois du Royaume. L’État marocain oeuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes».

Autant dire, y a pas photo !

 

Sous-représentativité en nombre et en importance !

 

Le mercredi 5 avril, date de l’investiture du gouvernement, les militantes et militants pour une meilleure approche genre ont reçu une douche froide. Tant d’attente et tant d’espoir étaient placés dans ce scrutin du 7 octobre 2016 qui devait être le vrai test de la mise en application de l’esprit de la Constitution.

«La composition de l’Exécutif et le degré de son respect de l’approche genre est à analyser à deux niveaux : le premier est sa conformité à l’esprit de parité et d’égalité tel que contenu dans le préambule et dans l’article 19 de la Constitution. Avec 23% de femmes au sein de l’Exécutif, on est loin de la parité et de l’égalité. Au-delà du nombre de femmes au sein du gouvernement, le deuxième niveau d’analyse est l’importance des portefeuilles. Là encore, la femme est sous-représentée, demeure sous la tutelle d’un ministre et hérite d’une responsabilité très circonscrite dans un secteur donné. Des responsabilités qui ne siéent pas aux compétences des femmes marocaines», estime Khadija Rougani, avocate et membre fondatrice de la coalition du Printemps de la dignité.

 

Mohamed Bouden tempère

 

Pour l’analyste politique, la formation gouvernementale actuelle présente tout de même des indicateurs rassurants, pour preuve la présence de l’approche genre dans l’ossature de tous les pouvoirs y compris l’Exécutif. «L’actuel gouvernement compte une ministre et huit secrétaires d’Etat, ce qui constitue une avancée par rapport aux précédents gouvernements», précise Mohamed Bouden. Et d’ajouter : «Ce gouvernement essuiera de nombreuses critiques de la part du mouvement féministe, mais l’analyse objective, hormis la nature des portefeuilles, démontre une évolution numérique certaine des femmes au sein de l’Exécutif bien que cela reste en deçà du seuil de parité, tel que contenu dans la Constitution et plus précisément l’article 19».

Il prend d’ailleurs comme barème l’issue des législatives du 7 octobre 2016 avec seulement 10 parlementaires femmes issues des listes locales.

Toujours est-il que le Maroc peut et doit mieux faire au vu des potentialités et compétences de ses femmes dans différents domaines. Et surtout, quand on sait qu’au Maghreb, le Royaume est classé bon dernier avec une seule ministre alors que le gouvernement libyen en compte 3, 5 ministres femmes en Algérie, 7 femmes dans l’Exécutif tunisien et …9 ministres femmes en Mauritanie.

La parité … ce n’est certainement pas pour demain ! ■

 

I. Bouhrara

 

 

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