Africa security forum : A menaces globales, réponses globales

Africa security forum : A menaces globales, réponses globales

Noureddine Boutayeb, ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur.


 

La nature des nouvelles menaces globales, pour ne citer que l’immigration clandestine, la cybercriminalité  et l’extrémisme, doit inciter les Etats à redéfinir leurs axes de coopération internationale. Les sécuritaires du monde entier en ont débattu à Rabat lors de l'Africa Security Forum.

 

 

L’ampleur du phénomène migratoire, les cyber-attaques et l’extrémisme sont autant de menaces qui pèsent à la fois sur l’avenir des pays développés et ceux en passe de le devenir. Aujourd’hui, force est de constater que ces problématiques transfrontalières sont au cœur de l’agenda de la plupart des Etats.

L’accroissement des flux migratoires, la montée en puissance du fondamentalisme religieux et l’ingéniosité des réseaux de cyber-attaque nécessitent de la part de la communauté internationale une coopération plus dense et diversifiée. Ce qui implique la multiplication des espaces  d’échange d’idées et de partage d’expérience entre les pays du Sud et ceux du Nord qui, en réalité, font face aux mêmes périls. C’est tout l’intérêt du Forum Africa Security 2018 (FAS), placé sous le thème de la redéfinition des axes de la coopération internationale face aux menaces du 20ème siècle, et qui s’est déroulé récemment à Rabat en présence de plusieurs personnalités et experts issus d’une cinquantaine de pays.

Ce Forum tombe à point nommé : après l’Allemagne, le Maroc accueillera en décembre 2018, la 11ème édition du Forum mondial de la migration et du développement. Au-delà de ce rappel, le FAS 2018 a eu le mérite de mettre en lumière l’étroite relation existante entre la migration et le développement économique et social.

 

Immigration illégale : combattre les causes

L’on assiste ces dernières années à un déplacement massif des populations issues des pays pauvres ou en conflit vers l’Europe. Il existe à travers le monde près de 250 millions de migrants. Sachant que sur les 36 millions de migrants africains, 80% d’entre eux s’installent dans un pays du continent.

Autre chiffre édifiant qui conforte le fait que la migration est avant tout une question de perception : les Africains ne représentent que 0,5% de l’immigration irrégulière.

Ces chiffres ne doivent aucunement occulter une dure réalité. Celle de la mort de plusieurs jeunes africains en Méditerranée en quête d’une vie meilleure en Europe.

Face à l’ampleur du phénomène migratoire, qui constitue également un défi pour le Royaume en raison de sa situation géographique, les pays du Nord, qui misent davantage sur l’aspect sécuritaire, devraient changer leur fusil d’épaule. A ce titre, la coopération entre les pays développés et ceux du Sud doit aller davantage dans le sens du partage de savoir-faire et de transfert technologique dans une logique de développement win-win.

Faudrait-il rappeler que le désir d’Europe ou d’Amérique du Nord des jeunes africains se nourrit de l’absence de travail dans leur pays d’origine et de la précarité qui y gagne du terrain. D’où la nécessité, pour les pays développés, d’accorder dans leur stratégie de lutte contre l’immigration clandestine un intérêt particulier au développement économique et social et à l’environnement sécuritaire des pays émetteurs de migrants. Pour l’heure, l’Afrique affiche un PIB par habitant de 1.800 dollars tandis que celui des pays émergents tourne autour de 9.000 dollars par habitant. C’est dire la grande marge de progression du continent en matière de développement socioéconomique. D’où la pertinence de la posture du Maroc, porte-étendard de la coopération Sud-Sud, vecteur de développement du continent.

Par ailleurs, le Royaume porte un regard lucide sur l’immigration qui a des inconvénients mais aussi plusieurs avantages. Tout en régularisant près de 50.000 migrants, le Royaume a empêché plus de 68.000 tentatives d’immigration illégale vers l’Europe au cours de ces dernières années.

 

Une réponse globale face au terrorisme

Les risques liés au terrorisme et aux menaces sécuritaires (grand banditisme, cyber attaque, trafic de drogue, etc.) illustrés par le cas du Mali, étaient au cœur des échanges. Pour rappel, le Mali a fait les frais des actes de plusieurs organisations terroristes (Ansar Eddine, Aqmi, etc.) qui utilisent Internet pour véhiculer leurs idéologies. Ce pays d’Afrique de l’Ouest qui est secoué, actuellement, au Centre (Mopti, Ségou) par des groupements terroristes, a évité le pire en 2013 grâce à la mobilisation internationale, pour ne citer que l’opération Serval et la Mission multidimensionnelle des Nations unies pour la stabilisation du Mali (Minusma). Cela a également permis d’empêcher les islamistes de s’emparer de Bamako, la capitale.

Conscient de la menace terroriste et de sa dimension transfrontalière, le Maroc fait de la coopération internationale un axe stratégique pour juguler ce fléau qui n’épargne aucun pays. Depuis 2002, les forces de sécurité nationale ont permis de déjouer au Maroc et à l’étranger près de 185 actes terroristes, avec à la clef l’arrestation de plus de 3.000 personnes.

A l’instar de plusieurs Etats européens, le Royaume fait face aux risques de retour des combattants islamistes en Syrie. L’on dénombre près de 300 marocains susceptibles de rentrer au pays. ■

 

 

M. Diao

 

 

 

                                                                                                                            

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