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Blockchain : le Maroc va se doter d’une plateforme nationale

Blockchain : le Maroc va se doter d’une plateforme nationale

 

- A l'initiative du Soft Centre mis en place par l’ANRT, un groupe de réflexion se penche actuellement sur la technologie blockchain.

- Un projet R&D d'une plateforme de blockchain nationale pourrait voir le jour.

 

 

En suivant l'actualité du secteur hightech, il est difficile de ne pas être déjà tombé sur un article traitant de la blockchain et de ses vertus potentielles ! Mais ce n’est qu’après l’éclatement de la bulle du bitcoin que l’on a vraiment commencé à s’intéresser aux possibilités de cette technologie.

L’an dernier au Maroc, les conversations portaient essentiellement sur les risques qu’impliquait la technologie blockchain. Cette année, il n’est plus question de traîner le pas. Banques, Banque centrale, assurances, start-up… tout le monde s’y investit.

Dernier exemple en date : une initiative portée par le Soft Centre, la cellule d'innovation et de R&D logicielle de l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT), qui a récemment créé un groupe de réflexion constitué de juristes et de technologues.

«Cette initiative a eu pour objectif d’aboutir à l’organisation d’un 1er workshop sur la thématique en question, le 1er février 2018 au ministère des Finances», nous explique Jamal Benhamou, directeur du Soft Centre. L’autre objectif cité par notre interlocuteur est de «permettre aux différentes parties prenantes d’en saisir les tenants et aboutissants dans le cadre de la mise en place d’un dispositif réglementaire adéquat. Mais aussi de valider la mise en œuvre d’un projet collaboratif public et privé sur ce sujet».

Au Maroc, d’importantes questions restent à aborder pour que la blockchain puisse être un peu plus cernée. Car, en dehors d’une population restreinte de start-up spécialisées, le sujet reste aujourd’hui mal maîtrisé, malgré sa médiatisation.

C’est dans cette optique que le Soft Centre a mis en œuvre une démarche d’échange et d’écoute avec les différentes parties prenantes, publiques et privées au Maroc, concernées par le sujet.

L’objectif est de tenir compte de leurs points de vue, inquiétudes et questionnements respectifs sur la question, tout en établissant une première cartographie des intentions d’initiation de projets relatives à cette nouvelle technologie.

«Ce sujet étant d’une importance cruciale pour l’innovation sur le segment des fintech, notre objectif consiste donc à identifier les enjeux socioéconomiques et notamment réglementaires relatifs à la technologie blockchain», assure le directeur du centre. «Nous sommes donc encore au stade d'évangélisation», ajoute-t-il.

 

Une plateforme blockchain nationale

 

Le groupe d'étude est composé du Soft Centre, Numa Casablanca (incubateur), Cabinet Sayarh et Menjra (juristes), MChain (start-up marocaine spécialisée dans la blockchain) et Adalia School of Business (Ecole de formation digitale et innovation).

Suite à ce process de réflexion collective, le Soft Centre, avec la contribution conjointe desdites parties prenantes, validera ou non l’intérêt d’initier un projet de R&D relatif à la mise en œuvre d’une «Plateforme blockchain nationale as a service».

Ainsi, nous indique Benhamou, «si tel est le cas, ce projet viserait à mettre en place, dans le cadre d’une démarche d’Open Innovation, une infrastructure de blockchain ouverte (nationale) qui faciliterait la création et le déploiement des services fintech et des Smart Contracts pour les particuliers et les start-up, sans avoir à se soucier de l'infrastructure ou des prérequis techniques nécessaires». Dans ce cas de blockchain publique (ouverte), tous les noeuds du réseau d'échange sont contrôlés par le réseau Peer to Peer (pair à pair). Il n'y a aucune barrière à l’entrée, aucune permission à demander pour effectuer une transaction et tous les acteurs sont donc en situation égalitaire dans leur participation au réseau.

«L’intérêt de cette plateforme nationale résiderait tout autant dans le fait qu’il peut être un dispositif d’appui à l’émergence d’une industrie nationale IT sur ce segment d’application, tout en palliant les faiblesses des blockchains privées et en renforçant la crédibilité des systèmes et applications fintechs (API -Application Programming Interface- d'intégration ouvertes pour les start-up et la R&D logicielle)», ajoute-t-il.

Car la blockchain privée a bien des limites. La possibilité de participer aux transactions est limitée et définie par une organisation. Elle est beaucoup plus utilisée par des acteurs comme les banques, par exemple, pour l'expérimentation interne et le développement de leur connaissance de la technologie. Comme c’est le cas pour le CMI, Wafacash, Saham Assurances... Cela les aide à mieux appréhender la technologie pour l'utiliser dans le futur dans des scénarios plus complexes.

 

Smarts Contracts : l’autre facette de la blockchain

 

Au-delà du bitcoin, les Smarts Contracts ou contrats intelligents sont une toute autre implémentation de la blockchain. La logique est la même : éliminer les tiers de confiance traditionnels, qu’ils soient physiques ou digitaux (un magasin hier, un site web aujourd'hui). Les individus pourraient donc conclure des transactions pair à pair, sans avoir à passer par des intermédiaires (banques, notaires, avocats, assurances, etc.).

De l’enregistrement à l’exécution, tout le processus contractuel est pris en charge par la blockchain. C'est pour surmonter la lenteur des transactions que ce type de contrats a été développé. Dans une transaction classique entre entreprises, on passe par de nombreuses étapes : le bon de commande, qui doit être validé et retourné, l’échange de facture, le paiement de la commande et enfin l’exécution de la prestation. Avec les contrats intelligents, tout cela peut se faire en quelques secondes. Autrement dit, là où il fallait attendre par exemple plusieurs jours entre le bon de commande, la facture et l’arrivée du chèque puis son traitement, on passe à quelques minutes, tout au plus. Dès lors, l’on peut imaginer le gain de temps et le volume supplémentaire d’échanges que cela pourrait créer, et tous les bénéfices que cela peut apporter à notre société. ■

 


Soft Centre : Un bilan garni pour 7 ans d’activité

Lancé en 2011, le Soft Centre est l'un des services méconnus de l'ANRT (Agence nationale de réglementation des télécommunications). Et pourtant, cette structure orientée R&D a à son actif 49 projets R&D en seulement 7 ans d’existence. Ce sont aussi 38 Corporates accompagnés dans le cadre de leur programme de transformation digitale et 5 projets de création de start-up. Pour y arriver, la structure apporte un panel de services d’appui à l’innovation en termes de support, d’infrastructures technologiques et de services aux acteurs (nationaux ou étrangers) du secteur IT.

Depuis sa création, le centre a mis l’accent sur des activités comme les services mobiles, la monétique, les progiciels ou encore le multimédia. En 2012, la structure a lancé le centre de services partagés, une seconde ligne d’activité baptisée «Skill Center for Mobile Applications». Un centre principalement orienté services et applications mobiles qui a accompagné 18 donneurs d’ordres publics et privés (CIH Bank, CDG, Bourse de Casablanca, Wafa Assurance, CNSS, DGI, BP ou encore le Crédit Agricole). Entre 2016 et 2017, le Soft Centre a également lancé 2 programmes d’Open Innovation sur le plan des fintechs en 2016 (CIH Bank) et de l’AssurTech en 2017 (RMA Assurance).


 

 

Y. Seddik

 

 

 

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