Usine PSA de Kenitra : 7 choses à savoir

Usine PSA de Kenitra : 7 choses à savoir

 

Deux ans presque jour pour jour après la signature du protocole d’accord entre le groupe PSA et le Maroc, pour la construction d’une usine à Kénitra, Carlos Tavares, président du directoire du groupe automobile, et Moulay Hafid Elalamy (MHE), ministre de l’Industrie, ont donné officiellement jeudi 15 juin le coup d’envoi des travaux de construction du site industriel. Les pelleteuses et les grues géantes s’activent, tandis que les premiers échafaudages sont déjà visibles sur le chantier.

En réalité, les travaux ont débuté il y a quelques mois déjà. Cette cérémonie de lancement était surtout l’occasion pour les protagonistes du projet de faire un bilan d’étape, de rassurer quant aux délais de livraison et de communiquer certains messages importants.

 

1. «On est dans les clous !»

 

Le premier est que le chantier ne souffre d’aucun retard et les délais seront tenus, assurent en chœur les responsables du projet. Les travaux sont planifiés sur une période de 30 mois, terrassement compris, et mobilisent pas moins de 1.500 personnes et une centaine d’entreprise.

La première voiture produite sortira de l’usine PSA début 2019, promet Carlos Tavares, le tout-puissant patron franco-portugais de PSA, auréolé de gloire depuis qu’il a redoré le blason de la marque au lion, au bord du dépôt de bilan en 2014.

L’usine elle-même est présentée par MHE comme une installation de toute dernière génération, avec une capacité d’évolution pour s’adapter au véhicule de demain. «L’usine PSA de Kénitra sera à la pointe de la performance industrielle, en termes de gestion de flux et de process, tout en restant flexible et évolutive», explique Rémi Cabon, Directeur Général de Peugeot Citroën Automobiles Maroc. «Nous voulons faire de cette usine une référence au sein du groupe PSA», résume Carlos Tavares.

Vue du chantier : 

 

2. Alimenter l’Afrique et le Moyen-Orient

 

La vocation première de l’usine PSA de Kénitra est de servir la région Moyen-Orient et l’Afrique. Ces deux sous-régions où les ventes d’automobiles connaissent une croissance prometteuse, sont considérées comme des piliers majeurs de la croissance du groupe. Les volumes de vente du groupe PSA y ont plus que doublé entre 2014 et 2016. PSA espère y vendre 1 million de véhicules d’ici 2025.

L’usine de Kénitra, qui prévoit de produire 90.000 véhicules (et autant de moteurs) annuellement dans une première phase, avant d’accélérer la cadence pour atteindre 200.000 voitures, jouera de ce point de vue un rôle central pour alimenter ces deux marchés. D’ailleurs, selon Carlos Tavares, 80% de la production de l’usine PSA au Maroc seront exportés, en majorité vers l’Afrique et les pays du Moyen-Orient.

 

3. Pas de low-cost

 

Nous avons demandé à Carlos Tavares quels seraient les modèles mis en production dans la future usine de Kénitra. L’ancien numéro 2 du Groupe Renault a préfèré, sur cette question, garder le silence pour ne pas donner d’indications à la concurrence. Il précise néanmoins que les modèles qui seront mis en production à Kenitra seront des modèles à jour en matière de technologies embarquées, apportant toutes les garanties de sécurité et de modernité, «par respect pour nos clients». En d’autres termes, pas de low-cost, ni de modèles au rabais. L’usine de Kénitra s’appuiera d’ailleurs sur une toute nouvelle plateforme de production, appelée plateforme CMP, moderne, modulable, et qui peut produire une gamme assez large de véhicules, des SUV au tricorps en passant par les citadines.

 

4. Sourcing local : ça démarre bien   

 

L’une des clauses du protocole d’accord signé il y a deux ans entre PSA et le Maroc devant le Roi Mohammed VI, porte sur l’achat par le groupe PSA pour 1 milliard d’euro de pièces fabriquées localement au Maroc par des équipementiers. Cet objectif est sur la bonne voie, assure MHE. Les commandes affectées jusqu’à présent sont en ligne avec les objectifs de sourcing. «Nous sommes aujourd’hui autour de 650 millions d’euros. La trajectoire est dans les clous», se félicite MHE.

Les fournisseurs et équipementiers de la future usine commencent à affluer pour constituer l’écosystème industriel PSA. Près de 37 hectares sur les 100 que compte l’usine leur sont réservés au sein d’un parc fournisseurs. «Le taux d’occupation est déjà de 70%», nous informe Rémi Cabon.«Nous avons des difficultés à répondre à toutes les demandes des équipementiers», avoue même le ministre de l’Industrie. Une deuxième zone d’extension du parc fournisseurs, pour y accueillir davantage d’équipementiers est même envisagée. Parmi les fournisseurs déjà installés au sein du parc, figure le futur site de production de vitrage, né de la Joint Venture entre le marocain Induver et le japonais Asahi, qui alimentera l'usine PSA en pare-brises, vitres latérales et autre lunettes arrières.

 

5. Intégration locale et compétitivité : le nerf de la guerre

 

Tout ceci laisse présager que le taux d’intégration locale des véhicules produits à Kénitra sera conforme au contrat signé entre PSA et le Maroc, soit un taux d’intégration de 60% dans un premier temps. «Le taux d’intégration sera même supérieur à 60% au démarrage», croit savoir R. Cabon. A terme, le taux d’intégration en pièces localement produite devrait atteindre 80%, notamment avec la production de moteurs.  

«D’un point de vue purement économique, il est dans l’intérêt du groupe PSA d’avoir le taux d’intégration locale le plus haut possible, pour que la structure des coûts (achats de pièces) et des recettes soit libellé dans la même monnaie. Cela permet de contrer les fluctuations des taux de changes», explique Tavares. Mais le patron de PSA prévient aussitôt : «l’augmentation du sourcing local doit se faire dans le respect strict des standards PSA par nos fournisseurs. Nous serons sans concessions sur ce point là». Et d’ajouter : «nous pensons que la compétitivité du Maroc est bonne. Sinon, nous ne serions pas là».

Pour le ministère, le taux d’intégration local des projets industriels est devenu une véritable question existentielle. En encourageant le sourcing local, la tutelle veut faire en sorte qu’un maximum de valeur ajoutée produite reste dans le pays. Ce qui n’est pas le cas avec le projet Renault, dont le taux d’intégration locale est situé au pire à 28% et au mieux à 40%, selon les chiffres des uns et des autres.

 

6. Le port de Kénitra ne sera pas prêt en 2019

 

Le Port de Kénitra Atlantique, qui sera le principal lieu d’expédition des véhicules produits par PSA, ne sera prêt qu’en 2021. Dès lors, la question du coût logistique se pose avec acuité. Comment gérer ces 2 années sans le port sans faire flamber la facture logistique, composante essentielle de la compétitivité des futurs véhicules ?

«On ne claque pas des doigts pour avoir aussitôt un port. Mais nous avons fait preuve d’imagination», affirme MHE. La solution trouvée ? Une ligne ferroviaire qui reliera directement l’usine PSA au port de Tanger Med, d’où seront expédiés les véhicules produits en attendant la création et la mise en service du port de Kénitra. Le doublement de la voie est en cours de réalisation nous confirme le ministre.

 

7. MHE voit encore plus loin

 

Avec le projet PSA, la capacité de production du Maroc passerait à plus de 620.000 véhicules par an, ce qui placerait le Royaume dans le top 20 mondiale en matière d’industrie automobile. MHE vise la barre du million de véhicule produit. Rêve, délire ? Du tout selon le ministre, qui sait que le Maroc figure désormais dans les radars et les benchmarks des constructeurs et des grands donneurs d’ordre.

«On ne tire pas au fusil des chiffres. Nous voulons entrer dans le cercle fermé des millionnaires en capacité de production, c’est un objectif. Cela fera entrer le Maroc dans une autre dimension de l’industrie automobile» se défend le ministre. «Nous avons aujourd’hui un potentiel important pour attirer d’autres constructeurs et équipementiers. Nous avons des prospects», assure-t-il, sourire en coin.

 

A.E

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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