Couverture, vieillissement de la population, transition technologique, mobilisation de l’épargne, et insoutenabilité des régimes de sécurité sociale sont autant de défis à relever.

Les premières rencontres de la CMR, tenues récemment à Rabat, étaient l'occasion d'expliciter les contraintes qui pèsent sur le secteur de la sécurité sociale. Selon les équipes de la CMR, 55% de la population au Maroc ont accès à une couverture maladie, un chiffre bien inférieur aux 61% que l'on constate dans la moyenne mondiale. 41% de la population ont accès à une retraite contre une moyenne de 67% au niveau mondial. Le manque à gagner serait de 40 Mds de dirhams, dont 34 Mds au niveau des recettes d'impôts et 6 Mds en termes de cotisations sociales, selon une étude de la CGEM datant de 2013. Pour les professionnels, augmenter le taux de couverture passera par des solutions innovantes plus ciblées et le développement de politiques incitatives pour réduire l'informel. 

Le défi démographique est sans doute le plus difficile à relever. Il représente une tendance lourde contre laquelle il sera difficile de ramer. Le Maroc connait une inversion progressive et rapide de la pyramide des âges où, en 2050, un quart de la population sera âgé de plus de 60 ans contre 8% en 2005. Cette situation va faire apparaître de nouveaux risques, tels que la dépendance, et demander une hiérarchisation immédiate des besoins de couverture de ces catégories. Il faudra dès maintenant adapter les modes de fonctionnement et le financement des régimes de système de sécurité sociale.

Retraites : l’inévitable mur !

Le mur, nous savons qu'il est droit devant et nous ne manquerons pas de le percuter. Les réserves du RCAR et de la CNSS passeront dans le rouge en 2039 et 2042. Celui de la CMR en 2027. Des situations connues, des trous qui se creusent depuis des décennies et des solutions qui seront sans doute douloureuses, tant les taux de cotisations d’équilibres deviennent de plus en plus élevés.

Et pour ne pas arranger les choses, la mobilisation insuffisante de l’épargne institutionnelle et la baisse régulière de son rendement pèsent sur la situation financière des régimes. Les taux bas poussent les gestionnaires à prendre plus de risques sur les marchés, ce qui peut poser des questions d'exposition et de risques systémiques. A cela s'ajoute la tendance baissière des réserves des systèmes obligatoires.

A ces défis, s'ajoute le dernier-né, que certains voient comme une opportunité pour réduire les frais de gestion : la transition technologique. Le changement de comportement des usagers poussera les Caisses à aller vers plus d'innovation pour rester au contact. Les organismes gestionnaires devront investir d'abord dans la technologique et la sécurité, d'autant plus qu'ils seront de plus en plus comparés aux établissements bancaires et financiers par les usages. ■

A.H