Modèle de croissance : Il faut secouer le cocotier

Modèle de croissance : Il faut secouer le cocotier

 

- L’économie nationale s’essouffle depuis 7 ans selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE)

- Six obstacles majeurs empêchent la fluidification du climat des affaires

 

Il faut donner un nouveau souffle à l’économie nationale. C’est, en substance, l’une des recommandations essentielles contenues dans le rapport 2017 du Conseil économique, social et environnemental (CESE), qui relève que «l’économie nationale a connu un essoufflement sur les sept dernières années, étant donné qu’elle n’a pas pu se maintenir à un niveau de croissance élevé».

Ce constat rappelle, à bien des égards, ce qu’avait dit le Roi Mohammed VI à propos du modèle de développement. «Il s’avère aujourd’hui inapte à satisfaire les demandes pressantes et les besoins croissants des citoyens, à réduire les disparités catégorielles et les écarts territoriaux et à réaliser la justice sociale», avait déclaré le Souverain, tout en appelant «le gouvernement, le parlement et les différentes institutions ou instances concernées, chacun dans son domaine de compétence, à reconsidérer notre modèle de développement pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays».

Autrement dit, le niveau de développement auquel aspire le Maroc exige de donner une nouvelle trajectoire à l’économie nationale. Afin, notamment, qu’elle puisse générer de la richesse, dans le cadre d’une croissance inclusive.

Le CESE ne dit d’ailleurs pas autre chose, décriant les limites du modèle de croissance actuel, qui continue de souffrir de nombreuses défaillances qui entravent sa capacité de créer de la richesse. «Ces déficits ont trait, notamment, au caractère dual de l’économie nationale où coexistent, d’une part, quelques branches modernes dynamiques et intégrées aux chaînes de valeurs mondiales et, d’autre part, des branches à faible valeur ajoutée, ainsi que des activités informelles», indique le Conseil. Non sans souligner la faible efficacité de l’investissement qui, malgré son niveau élevé, affiche un ICOR (nombre de points de capital nécessaires pour créer un point supplémentaire de croissance) se situant à 8,5.

Il n’est pas donc étonnant que la croissance économique soit fluctuante, avec un niveau insuffisant pour résorber le chômage endémique, dont le taux a atteint 10,2% en 2017 contre 9,9% en 2016. Elle est essentiellement drivée par l’agriculture, laquelle reste dépendante de la pluviométrie. La croissance de 4,1% réalisée en 2017 (vs 1,1% en 2016) s’explique ainsi par la bonne campagne céréalière, avec une valeur ajoutée agricole qui a progressé de 15,4% contre une baisse de 13,7% un an auparavant.

C’est dire que le PIB non agricole reste assez modeste et n’arrive pas encore à soutenir valablement la croissance nationale. «Malgré les avancées réalisées, la valeur ajoutée industrielle ne contribue toujours pas assez à la croissance du PIB et les métiers mondiaux n’arrivent pas encore à créer suffisamment d’emplois décents pour compenser les filières en déclin», précise à ce titre le CESE.

Il en sera toutefois ainsi tant qu’il ne sera pas procédé à une refonte profonde et globale du modèle de croissance actuel. Seule manière de briser… ce plafond de verre.

 

Le climat des affaires, un autre boulet

Si le Maroc a pris plusieurs dispositions pour améliorer son environnement des affaires, il n’en demeure pas moins qu’il existe encore des obstacles persistants qui ne favorisent pas la fluidification des affaires. Le CESE en cite cinq : la corruption, le manque d’efficience de l’Administration publique, l’accès au financement, la fiscalité ainsi qu’une éducation inadéquate par rapport aux besoins du marché du travail.

A cela s’ajoute la problématique des délais de paiement, dont l’allongement continu atteint des niveaux inquiétants pour les TPME et pèse lourdement sur la trésorerie des entreprises.

Les délais de paiement se sont ainsi établis à 99 jours en moyenne en 2017, alors que les textes d’application de la loi en la matière, adoptée en 2016, ne sont pas encore publiés. «Dans ce contexte, le rythme de création d’entreprises a ralenti de 8,3% à 5,2% en 2017, tandis que les difficultés de survie des jeunes entreprises persistent, vu que 37% des entreprises radiées en 2017 avaient moins de cinq ans et 69% avaient moins de 10 ans», note le CESE.

Aujourd’hui, c’est donc légitimement que plusieurs observateurs perçoivent les délais de paiement comme une véritable bombe à retardement pour l’économie nationale, avec des flux interentreprises bloqués estimés à quelque 300 Mds de DH.

 

 

Par D. W

 

 

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